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Enjeux politiques contemporains : politique de l'alimentation

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Par   •  24 Février 2024  •  Commentaire d'oeuvre  •  4 528 Mots (19 Pages)  •  53 Vues

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L'alimentation -> Enjeux politiques contemporains : politique de l'alimentation

Olivier Assouly, L'organisation criminelle de la faim, Agora-Pocket.
- Olivier Assouly, Les nourritures nostalgiques : essai sur le mythe du terroir, Actes Sud.

L’alimentation, au cœur des préoccupations politiques actuelles, se présente comme un sujet complexe, éclairé par les travaux d’Olivier Assouly. Ses analyses nous invitent à explorer les liens entre les décisions gouvernementales et le fonctionnement de notre système alimentaire quotidien. Assouly, avec son regard aiguisé, met en lumière la façon dont les choix politiques influent sur la sécurité alimentaire. Ces décisions ne se limitent pas à répondre à nos besoins nutritionnels ; elles touchent également l’accès, la disponibilité et la qualité des aliments, plaçant la sécurité alimentaire au cœur des politiques alimentaires. Au-delà des considérations de santé, les écrits d’Asouly nous plongent dans un domaine où les politiques alimentaires s’entremêlent aux réalités économiques et sociales. Des idées telles que la préservation des petites exploitations, l’équité dans l’accès aux ressources et la protection des travailleurs agricoles deviennent des aspects importants, soulignant l’influence de ces politiques sur la structure sociale. Poursuivant cette exploration intellectuelle, Assouly nous offre des perspectives cruciales sur la dimension environnementale des politiques alimentaires. Des pratiques agricoles durables à la gestion des ressources naturelles, ses écrits révèlent l’importance de ces politiques pour établir un système alimentaire respectueux de l’environnement. Ainsi, cette plongée dans l’univers alimentaire, inspirée par les travaux d’Olivier Assouly, esquisse les contours d’un domaine où la politique de l’alimentation se dévoile comme une trame complexe, façonnée par des choix gouvernementaux qui vont au-delà de la simple alimentation, influençant profondément notre vie quotidienne. Un parcours intellectuel qui souligne que derrière chaque bouchée se dessine un paysage politique complexe, marqué par l’analyse perspicace d’un expert des politiques alimentaires.                                       Nous présenterons tout d’abord les contrôles et pouvoirs qui encadre les questions de sécurité alimentaire, puis nous expliquerons comment cette question est contrôlée au niveau politique, enfin nous montrerons le lien entre cette politique de l’alimentation et la notion d’identité culturelle.

I. Contrôle et pouvoir : la question de la sécurité alimentaire

L’arme alimentaire et ses tenants et aboutissants sont plus que jamais au cœur de l’actualité, d’autant que les questions de sécurité alimentaire sont intimement liées à celles de sécurité globale. Sans nourriture la survie est impossible, l’agriculture et l’approvisionnement en denrées alimentaires sont des enjeux centraux des relations internationales. Ainsi, si la privation d’accès à la nourriture peut être la conséquence d’un pouvoir d’achat insuffisant, elle peut aussi l’être pour des raisons de choix politiques délibérés empêchant l’accès aux aliments à tout ou partie d’une population. L’alimentation peut ainsi devenir une arme économique, une arme politique ou une arme de guerre, avec des effets immédiats sur la sécurité alimentaire des populations, l’économie des pays et donc sur la stabilité politique et sécuritaire des États.                                                   Le concept de sécurité alimentaire, utilisé très largement, renvoie à un objectif qui est atteint lorsque l’ensemble de la population d’un territoire a accès à la nourriture. Il y a dans sa définition-même une déconnexion forte avec le secteur agricole et la manière dont sont produites les denrées alimentaires. Cette définition est le fruit d’un consensus international issu du Sommet mondial de l’alimentation en 1996 à la FAO :
« La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, la possibilité physique, sociale et économique de se procurer une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins et préférences alimentaires pour mener une vie saine et active ».

   La sécurité alimentaire est un enjeu majeur au niveau mondial, touchant à la fois les aspects économiques, sociaux, environnementaux et politiques. Elle se réfère à la disponibilité, à l'accessibilité et à la qualité des aliments pour répondre aux besoins nutritionnels et préserver la santé des populations. Les politiques internationales jouent un rôle crucial dans la promotion de la sécurité alimentaire à l'échelle mondiale, en visant à garantir la production, la distribution et l'accès équitable aux ressources alimentaires. Depuis 1974, date à laquelle la FAO a commencé à rendre compte de l’ampleur de la faim dans le monde, beaucoup de choses ont changé. La population mondiale augmente régulièrement et s'urbanise de plus en plus. La technologie évolue sans cesse et l'économie est de plus en plus mondialisée. Parallèlement, on observe des tendances mondiales inquiétantes en termes de malnutrition, notamment une augmentation rapide du surpoids et de l'obésité, alors même que des formes de sous-nutrition persistent. La façon dont les aliments sont produits, distribués et consommés dans le monde entier a également radicalement changé. Ce monde très différent exige de nouvelles façons de penser la faim et l'insécurité alimentaire.

Olivier Assouly, dans "L'organisation criminelle de la faim", aborde la question de la sécurité alimentaire à travers une lentille critique des politiques internationales et des pratiques économiques qui influent sur la disponibilité et l'accès aux ressources alimentaires. Il met en lumière comment les dynamiques du marché mondial, les accords commerciaux et les stratégies des grandes entreprises agroalimentaires peuvent compromettre la sécurité alimentaire des populations vulnérables.

   Assouly souligne également les tensions géopolitiques liées aux ressources alimentaires, notamment l'accaparement des terres et des ressources par des acteurs internationaux, qui peuvent avoir des conséquences dramatiques sur la stabilité politique et sociale des pays concernés. L'ouvrage met en évidence les défis complexes auxquels sont confrontés les gouvernements et les organisations internationales dans la lutte contre l'insécurité alimentaire, en soulignant la nécessité de politiques plus équitables et durables.               La mondialisation des systèmes alimentaires a exacerbé les inégalités dans l'accès à l'alimentation à l'échelle mondiale, creusant davantage le fossé entre les populations aisées et les plus défavorisées. Cette situation découle de plusieurs facteurs interconnectés. Comme souligné par Olivier Assouly dans "L'organisation criminelle de la faim", la consolidation du pouvoir entre les mains de quelques entreprises agroalimentaires géantes a eu pour conséquence une exploitation inégale des ressources agricoles. Ces entreprises contrôlent souvent d'énormes étendues de terres agricoles dans les régions les plus fertiles, laissant peu de place aux petits exploitants et aux agriculteurs familiaux. En conséquence, les populations rurales pauvres se retrouvent souvent marginalisées et privées de l'accès aux terres, aux semences et aux ressources nécessaires pour cultiver leurs propres aliments. Les canaux de distribution alimentaire sont souvent dominés par des grandes chaînes de supermarchés et des entreprises de distribution qui favorisent les aliments transformés et hautement transformés, au détriment des produits frais et nutritifs. Dans de nombreuses régions du monde, en particulier dans les zones urbaines défavorisées, l'accès aux aliments frais et de qualité est limité en raison du manque d'infrastructures adéquates et de la prédominance des produits alimentaires bon marché mais peu nutritifs.
 La tendance à la nostalgie alimentaire, explorée par Assouly dans "Les nourritures nostalgiques", peut également renforcer les inégalités dans l'accès à l'alimentation. Cette nostalgie pour les produits du terroir et les traditions culinaires locales peut parfois être associée à des valeurs élitistes, excluant ainsi les populations les plus démunies qui n'ont pas les moyens financiers d'accéder à ces produits. De plus, la valorisation des produits du terroir peut entraîner une hausse des prix, rendant ces aliments inaccessibles pour les populations à faible revenu. Ces inégalités dans l'accès à l'alimentation ont des répercussions politiques profondes, sapant les efforts visant à garantir le droit à une alimentation adéquate pour tous. Les politiques agricoles et alimentaires souvent favorables aux intérêts des grandes entreprises agroalimentaires contribuent à perpétuer ces inégalités, en concentrant les ressources et les investissements dans des secteurs qui profitent peu aux populations les plus défavorisées. De plus, le manque de volonté politique pour réguler les pratiques monopolistiques et pour promouvoir des systèmes alimentaires plus justes et durables maintient ces inégalités intactes. En somme, l'analyse d'Olivier Assouly met en lumière les multiples dimensions des inégalités dans l'accès à l'alimentation, en soulignant leur origine dans les dynamiques économiques et politiques de la mondialisation des systèmes alimentaires. Pour relever ce défi, il est crucial d'adopter des politiques alimentaires qui favorisent l'équité sociale, la justice alimentaire et la souveraineté alimentaire des communautés locales.                                                                                                                            En se basant sur les deux ouvrages, on peut aborder les politiques agricoles et les enjeux de souveraineté alimentaire. Assouly examine comment les politiques agricoles nationales et internationales peuvent favoriser ou entraver la capacité des pays à assurer leur sécurité alimentaire et à garantir l'accès à des aliments nutritifs et abordables pour tous.

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