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Des lacs d'amour à la chaine d'union

Dissertation : Des lacs d'amour à la chaine d'union. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Mars 2023  •  Dissertation  •  2 987 Mots (12 Pages)  •  302 Vues

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Des Lacs d’Amour à la Chaîne d’Union

Notre Vénérable nous a donc lancé le défi de parler d’Amour. Parler d’Amour en quelques minutes ce serait comme tenter d’enfermer l’infinité de l’espace dans une simple formule mathématique. Je ne suis ni philosophe, ni écrivain ou poète, et encore moins mathématicien.

L’Amour ? Ils sont nombreux ceux qui, depuis Athènes au Vème siècle avant notre ère, jusqu’au 21ème siècle ont abordé ce thème !  Il y a eu des écrivains, des poètes, des philosophes, des hommes et des femmes de sciences, des peintres et des sculpteurs, des croyants ou non croyants qui ont tentés de percer l’amour, sa raison d’être et les symboles qui le façonnent ! Personne ne peut ignorer que bien longtemps après nous, d’autres, beaucoup d’autres s’interrogeront, vibreront, trembleront, mourront même pour l’amour. A ce propos Luc Ferry dans « la Révolution de l’Amour » (2010) affirme qu’une nouvelle phénoménologie du sacré contemporain ferait apparaître avec évidence que les seuls êtres pour lesquels nous serions prêts à mourir, à risquer nos vies (…) » sont ceux que l’on aime. En occident on ne meurt plus pour Dieu, pour la patrie et encore moins pour une révolution. Mais on pourrait encore mourir par amour. Pour lui, l’amour est le principe qui donne sens à nos vies et à nos engagements.

C’est le sentiment le plus communément partagé, celui qui s’énonce et s’entend avec la plus forte évidence – on ne discute pas les motifs, on ne raisonne pas celui qui affirme être amoureux – et pourtant, quelle mystérieuse alchimie, quelle énigmatique surrection, quel élan paradoxal qui ne présuppose pas même la réciprocité pour imposer ses perspectives inouïes et, comme disait André Breton dans « L’Amour fou », « son cortège de clartés ». C’est sans doute pourquoi, de Platon à Comte-Sponville, les philosophes n’ont cessé d’interroger le sentiment amoureux, trouvant d’ailleurs le plus souvent en eux-mêmes et dans leurs expériences la matière de leurs réflexions. Et c’est Nietzsche qui définit je crois le mieux la nature singulière et remarquable de ce sentiment, qu’il nomme sans ambages « sensation sexuelle », et qui aurait – je cite – « ceci de commun avec les sensations de pitié ou d’adoration que grâce à elles, un être humain fait du bien à un autre tout en éprouvant du plaisir – on ne rencontre pas si souvent dans la nature dispositions aussi bienveillantes ! », ajoute-t-il.

Je vous propose trois temps sans doute inégaux pour parler d’Amour. D’abord nous essayerons de relier dans le temps cet Amour en explorant la pensée grecques qui nous proposent 4 facettes et nous verrons comment nous Francs-Maçons nous y sommes confrontés. Nous verrons ensuite comment cet amour trouve sa représentation dans l’espace du temple. Enfin je vous proposerais de lier cet Amour dans le temps et l’espace pour vous montrer comment nous pouvons l’exprimer lors de nos tenues.

Mais alors de quel Amour parle-t-on ?

En français, le mot « amour » est un fourre-tout, un mot-valise : on aime sa mère, son chien, la crème au chocolat, son conjoint, se promener, Dieu et Paris au mois de mai, avec un seul et même mot. Dès lors, parce que la franc-maçonnerie est ancrée dans une culture gréco-judéo-chrétienne, il semble logique de remonter à une source et de s’appuyer sur les quatre formes d’amour distinguées par les philosophes grecs et reprises par les penseurs judéo-chrétiens.

  • Storgê : est le mot qui définit l’amour familial. Lorsqu’on parle d’amour du franc-maçon, on pourrait d’emblée éliminer la storgê, sauf à considérer le cas particulier des frères et sœurs liés par le sang. Parfois, l’amour qui nous lie à certains frères et sœurs, en particulier plus âgés, n’est pas sans un soupçon de storgê filial. Mais ce n’est pas là une dimension majeure de l’amour maçonnique.

  • Philia : l’amour amical à la base du lien social entre les hommes, La philia, c’est l’affection désintéressée que nous portons à une personne pour ce qu’elle est. La philia grecque est au cœur de l’amitié et de la solidarité avec ceux qui nous entourent et que nous aimons. Dans ce sens, elle est évidemment au cœur de l’amour du franc-maçon. 
  • Eros : le désir amoureux. Qui pense éros, pense érotisme, désir sexuel. Pourtant, ce n’est là que la moitié de l’histoire. Pour les platoniciens, il y avait deux types d’éros, deux types de désir :
  • l’éros vulgaire, celui des sens, du libertinage, celui pour lequel nous avons une appétence toute naturelle et que nul ne saurait nous reprocher – en tout cas pas moi,
  • l’éros céleste, celui de l’âme, c’est l’éros métaphysique qui nous fait chercher la lumière. On s’approche ici un peu plus de notre sujet…

Ces deux éros ont en commun d’être un désir, un mouvement qui cherche à satisfaire un manque et qui est déclenché par la beauté et la valeur de son objet, telles que perçues par celui qui est transporté par le désir. L’éros céleste est ressenti par l’âme qui cherche à s’élever vers le domaine du suprasensible. Nous, francs-maçons, ressentons ce désir d’aller vers la Lumière, vers la vérité, et de les contempler. Pour Grégoire de Nysse (, cette lumière, cette perfection n’est pas acquise, mais elle est le fait d’être en route, une disposition continuelle à aller de l’avant, vers de nouveaux horizons qui s’ouvrent au fur et à mesure de la course sans fin de l’âme vers le Bien. Cette course « façonne le bloc brut en polissant et en nettoyant notre esprit ». Ainsi, il semble raisonnable de dire que l’amour du franc-maçon relève aussi de cet éros céleste qui nous a menés sur les Colonnes pour que nous puissions nous améliorer en avançant vers la Lumière. Pour nous, francs-maçons, la force motrice qui nous pousse à polir la pierre, à nous élever vers la lumière, serait ainsi similaire à celle qui nous pousse les uns vers les autres, qui nous conduit à rechercher la compagnie de nos frères. Parallèlement, en nous aimant les uns les autres, en apprenant à nous aimer les uns les autres, nous avançons vers la Lumière. C’est l’effet du pavé mosaïque qui, par l’expérience de l’Autre, nous apprend à reconnaître l’Unité. L’amour de l’Autre, dans et malgré sa différence, nous élève. Simultanément, le désir de nous élever nous conduit à aimer l’Autre.

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