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L’ordre du discours

Commentaire de texte : L’ordre du discours. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Novembre 2015  •  Commentaire de texte  •  1 228 Mots (5 Pages)  •  1 656 Vues

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Lors de sa première « leçon » au Collège de France, prononcée le 2 décembre 1970, le philosophe et historien Michel Foucault décrit les contours de ce qu’il appelle « l’ordre du discours », soit l’ensemble des règles, des procédures et des « rituels » qui organisent la prise de parole dans la société. Il écrit : « Tout se passe comme si des interdits, des barrages, des seuils et des limites avaient été disposés de manière que soit maîtrisée, au moins en partie, la grande prolifération du discours, de manière que sa richesse soit allégée de sa part la plus dangereuse et que son désordre soit organisé selon des figures qui esquivent le plus incontrôlable ; tout se passe comme si on avait voulu effacer jusqu’aux marques de son irruption dans les jeux de la pensée et de la langue. Il y a sans doute dans notre société […] une profonde logophobie, une sorte de crainte sourde contre ces événements, contre cette masse de choses dites, contre le surgissement de tous ces énoncés, contre tout ce qu’il peut y avoir là de violent, de discontinu, de batailleur, de désordre aussi et de périlleux, contre ce grand bourdonnement incessant et désordonné du discours. » Michel FOUCAULT, L’Ordre du discours, Gallimard, p.52-53

Cette description vous semble t’elle pertinente pour rendre compte de la place que la communication tient en 2014 dans notre société ?

En Décembre 1970 , à une époque où la radio et la télévision sont encore sous le contrôle de l’Etat , limitant ainsi tout les débordements informationnels pouvant résulter d’un lâcher prise sur ces nouveaux outils au potentiel encore peu apprivoisé, le philosophe et historien Michel Foucault s’interroge sur la place du discours dans une société qui semble compressée dans une «profonde logophobie». Il met l’accent sur les « interdits , les seuils , les limites» qui semblent retenir le «surgissement de tous ces énoncés» , « ce bourdonnement incessant et désordonné»  dont le contenu et la puissance effraient .  

Situé à l’intersection entre le chaos intérieur , fait d’un désordre incessant de pensées et d’émotions, et le monde extérieur , le mot sert à contenir le réel , à l’organiser , à mettre de la distance entre nous et la brutalité de la réalité. Il est l’outil qui permet de transcrire , de créer le passage entre ces deux vagues violentes , et sans lequel elles s’éclateraient entre elles en créant le chaos et la confusion . Nous pouvons choisir d’ignorer un discours , de ne pas l’écouter , de ne pas le lire , de garder ainsi une distance avec le contenu qu’il porte jusqu’à nous et qui nous protège du monde . Mais s’il parvient jusqu’à nous , si nous y prêtons attention , s’il se glisse jusqu’à notre conscience , il perfore nos défenses. Et dans ces défenses perforées s’introduit le flux de l’extérieur , qui peut aussi être brutal.

Ainsi , si les mots dont sont fait le discours sont à nous ce que la carte est au territoire , si les mots permettent la distance , ils permettent aussi la représentation , qui n’est pas sans conséquences car elle traverse notre enveloppe sémiotique et corporelle pour s’éclater vers notre être , de façon irréversible , pour devenir une part du flot qui nous habite.

Et qui dit éclatement , dit réaction . C’est pourquoi , depuis l’antiquité , la censure a toujours été un moyen( avant l’instauration de l’état de droit , et la reconnaissance de la liberté d ‘expression et d’accès à l’information dans les pays démocratiques ) de contenir les ardeurs des populations , en empêchant les discours non désirés , et de manière plus générale , les prises de paroles de toute formes , de «contaminer» les esprits et donc d’empêcher les gens de réagir. C’est un outil puissant de contrôle des population. La plus célèbre des censures antiques reste celle d’Aristote , condamné à boire un poison mortel pour punir la diffusion de ses idées allants à l’encontre des idées Athéniennes de l’époque.

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