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Le Travail

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Par   •  15 Septembre 2013  •  3 678 Mots (15 Pages)  •  751 Vues

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Le travail et la technique

 

Les enjeux de la notion – une première définition

 

            On s’accorde pour penser que le travail est une dimension essentielle, constitutive de la nature humaine. D’un point de vue strictement biologique ou physiologique, il est ce qui permet à l’homme de subvenir à ses besoins vitaux. Mais plus encore, le travail, en s’organisant, en se diversifiant, en se divisant est ce qui éloigne l’homme de ses nécessités vitales, en faisant que sa préoccupation pour elles n’est plus immédiate ; le travail tend à se dépasser lui-même pour permettre l’ouverture et le développement d’autres possibilités de l’existence humaine ; l’homme devient alors proprement humain dans la mesure où il dépasse ainsi la vie animale. Mais une question se pose alors : l’organisation sociale que suppose le « perfectionnement » du travail ne conduit-elle pas nécessairement à une hiérarchisation qui, dans sa face plus sombre, peut conduire à ce que l’homme travaillant pour un autre que lui-même, se trouve à la fois privé des fruits de son travail et de son activité même en tant qu’elle est dirigée par un autre ? Cette question en amène une seconde : si ce même « perfectionnement » du travail exige la production d’outils de plus en plus performants, offrant la possibilité à l’homme d’acquérir une maîtrise sur la nature, la technique ne menace-t-elle pas cependant d’exercer sa maîtrise sur l’homme lui-même, celui-ci se trouvant dépossédé de ses forces propres, se voyant aliéné ? On peut ainsi comprendre pourquoi, dans la pensée moderne, après l’ « utopie » du progrès technique, synonyme de progrès de l’humanité, la technique fut l’objet de très vives critiques. Mais au-delà de celles-ci, ne faut-il pas pourtant reconnaître que la technique est anthropologiquement constitutive (formatrice de l’homme) : que l’on pense ici à l’invention du feu, au travail de la pierre taillée et même à l’autre extrémité de l’histoire de l’humanité, à l’Internet. N’est-ce donc pas à un usage raisonné de la technique plutôt qu’à une condamnation sans appel qu’il faut se livrer ?

 

L’homme et le travail

 

"Le salaire du travailleur ne dépasse guère sa consommation courante et ne lui assure pas le salaire du lendemain; tandis que le capitalisme trouve dans l'instrument produit par le travailleur un gage d'indépendance et de sécurité pour l'avenir." Proudhon, Qu'est-ce que la propriété ?

 

            Hegel, dans sa célèbre dialectique du maître et de l’esclave, a exposé une conception du travail qui n’a plus dès lors cessé d’exercer son influence. C’est dans la relation de domination et de servitude que s’ancre cette conception. Pour Hegel, l’homme ne devient proprement humain que lorsqu’il obtient la reconnaissance d’un autre homme, c’est-à-dire lorsque la certitude subjective qu’il a de lui-même se mue en vérité objective. L’homme veut être reconnu en tant qu’homme, autrement dit il veut prouver à l’autre que pour la lui, la vie purement animale, la vie des besoins, n’est rien. C’est pourquoi il est prêt à risquer sa vie dans une lutte à mort pour la reconnaissance. Bien évidemment, si l’un des deux protagonistes meurt, plus aucune reconnaissance n’est possible. Hegel affirme que dans cette lutte (qui n’est pas pour Hegel une simple abstraction mais un véritable moment historique et philosophique), l’un des deux adversaires, devant l’angoisse de la mort, abandonne le combat prouvant qu’il tient plus à la vie animale qu’à son statut d’humain, tandis que l’autre maintient son mépris pour la vie. Le premier devient l’esclave, le second le maître. L’esclave est donc contraint de travailler pour le maître. On voit donc que dans un premier temps, le travail est indissociable de la domination. Mais, et là réside l’originalité de Hegel, si le travail n’était pas primordialement fait « au service d’un autre », alors il ne se distinguerait pas du désir animal qui consomme l’objet, qui vise la jouissance. Or, le produit du travail de l’esclave lui est refusé, en tant qu’il est destiné au maître. Ce produit acquiert donc une autonomie à l’égard de l’esclave et c’est justement cette autonomie qui va faire que l’esclave pourra se reconnaître dans le fruit de son travail, et par là se reconnaître dans ce qui lui est extérieur, passer de la certitude subjective à la vérité objective, devenir humain. Le travail pour Hegel est donc culture ou formation (selon le double sens du mot Bildung), c’est un processus d’émancipation qui provoquera la disparition de la domination du maître.

 

            Venons-en à Marx. Celui-ci hérite de Hegel la conception selon laquelle l’histoire procède par résolution successive de contradictions, chaque résolution produisant une nouvelle contradiction. Mais il s’oppose à l’idéalisme de Hegel, selon lequel c’est l’Esprit (Geist) qui se réalise dans l’histoire. Marx va défend au contraire un matérialisme se concentrant sur les conditions concrète d’existence de l’homme. Sa thèse initiale est que le propre de l’homme, par quoi il se distingue de l’animal, est son travail, celui-ci s’inscrivant tout en le déterminant au sein d’une organisation sociale (organisation qui est donc matérielle). La société est toujours (esclavage, féodalisme, capitalisme), selon Marx, structurée par une lutte des classes (forme première de la contradiction) opposant les propriétaires des moyens de production et ceux qui sont contraints de travailler physiquement. Dans le capitalisme, l’opposition se joue entre bourgeois et prolétaires. La bourgeoisie exploite le travail des ouvriers qui n’ont à vendre sur le marché que leur propre force de travail. C’est justement sur celle-ci, extorquée à l’ouvrier, que l’entreprise capitaliste réalise du profit, de la plus-value. Le travail est alors aliénation. L’enjeu de la révolution ouvrière va donc devenir de modifier en profondeur le système économique en supprimant la propriété privée des moyens de production. Ajoutons que pour toute une tradition marxiste, le travail sera le paradigme de l’action humaine. Lukacs dira ainsi que le travail est la forme ontologiquement originaire de l’activité

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