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La philosophie serait-elle au pouvoir ?

Commentaire d'oeuvre : La philosophie serait-elle au pouvoir ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Mai 2015  •  Commentaire d'oeuvre  •  662 Mots (3 Pages)  •  854 Vues

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Voltaire hausse le ton pour être à la hauteur de l’événement. Alors que la première épître réduisait l’histoire du Nord à un profond abrutissement, interrompu sous Christine, puis grâce à Frédéric, le poète se montre ici plus explicite et plus pointu... Il s’en prend au fanatisme qui a contraint de grands penseurs à l’exil : Descartes, Bayle et Wolff, victimes à la fois des rois et des religieux. Frédéric, auteur de l’Anti-Machiavel, assainira la politique en y faisant régner le droit. La guerre elle-même obéira à des règles. Le mérite sera reconnu, et les lettres honorées. L’ode s’ouvrait sur une question rhétorique : la philosophie serait-elle au pouvoir ? Elle s’achève sur une formule péremptoire : Le Salomon du Nord apporte la lumière.

Dans l’intervalle, Voltaire a reçu la lettre de Frédéric et le poème qui l’accompagne. Nouvelle occasion de montrer sa reconnaissance sur le mode exclamatif de la surprise dans l’épître LX, Au Roi de Prusse Frédéric-le-Grand, en réponse à une lettre dont il honora l’auteur à son avènement à la couronne :

Quoi ! vous êtes monarque, et vous m’aimez encore ! Quoi ! le premier moment de cette heureuse aurore Qui promet à la terre un jour si lumineux, Marqué par vos bontés, met le comble à mes vœux ! O cœur toujours sensible ! âme toujours égale,

Vos mains du trône à moi remplissent l’intervalle.



Citoyen couronné, des préjugés vainqueur, Vous m’écrivez en homme, et parlez à mon cœur. Cet écrit vertueux, ces divins caractères, Du bonheur des humains sont les gages sincères. Ah ! prince ! ah ! digne espoir de nos cœurs captivés ! Ah ! régnez à jamais comme vous écrivez. Poursuivez, remplissez des vœux si magnanimes : Tout roi jure aux autels de réprimer les crimes ; Et vous, plus digne roi, vous jurez dans mes mains De protéger les arts, et d’aimer les humains. Et toi dont la vertu brilla persécutée, Toi qui prouvas un dieu, mais qu’on nommait athée, Martyr de la raison, que l’envie en fureur Chassa de son pays par les mains de l’erreur, Reviens, il n’est plus rien qu’un philosophe craigne ;

Socrate est sur le trône, et la Vérité règne. Cet or qu’on entassait, ce pur sang des états, Qui leur donne la mort en ne circulant pas, Répandu par ses mains, au gré de sa prudence, Va ranimer la vie, et porter l’abondance. La sanglante injustice expire sous ses pieds : Déjà les rois voisins sont tous ses alliés ; Ses sujets sont ses fils, l’honnête homme est son frère ; Ses mains portent l’olive, et s’arment pour la guerre. Il ne recherche point ces énormes soldats, Ce superbe appareil, inutile aux combats, Fardeaux embarrassants, colosses de la guerre, Enlevés, à prix d’or, aux deux bouts de la terre ; Il veut dans ses guerriers le zèle et la valeur, Et, sans les mesurer, juge d’eux par le cœur. Ainsi pense le juste, ainsi règne le sage, Mais il faut au grand homme un plus heureux partage :

Consulter la prudence et suivre l’équité, Ce n’est encor qu’un pas vers l’immortalité ; Qui n’est que juste est dur ; qui n’est que sage est triste : Dans d’autres sentiments l’héroïsme consiste. Le conquérant est craint, le sage est estimé : Mais le bienfaisant charme, et lui seul est aimé ; Lui seul est vraiment roi ; sa gloire

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