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Archéologie médiévale / Les signes lapidaires sur le chantier médiéval

Dissertation : Archéologie médiévale / Les signes lapidaires sur le chantier médiéval. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Juin 2022  •  Dissertation  •  1 975 Mots (8 Pages)  •  298 Vues

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Archéologie médiévale

Les signes lapidaires sur le chantier médiéval

Dissertation

        La glyptographie est un pan indissociable de l’étude des chantiers médiévaux : elle désigne l’examen et l’interprétation des traces gravées, peintes ou dessinées dans les constructions en pierre, autrement appelées signes lapidaires. Ces marques volontairement laissés par les Hommes sont des témoignages riches pour les historiens, bien que longtemps délaissées en historiographie. Les inscriptions peuvent être de natures variées, tout comme leurs fonctions qui elles aussi peuvent être multiples. Nous distinguons aujourd’hui les graffiti des marques des tailleurs de pierre, qui sont également scindées en deux sous-catégories : certaines sont considérées identitaires là où d’autres sont utilitaires. Nous allons dans ce devoir nous intéresser aux signes lapidaires de l’époque médiévale ainsi qu’à la technique, les contextes et l’historiographie qui entourent ce phénomène, dans un cadre temporel qui va du Vème siècle jusqu’au XVème siècle. François Deshoulières, qui fut notamment directeur adjoint de la Société française d’archéologie, précise dans un article paru dans la revue trimestrielle du Bulletin Monumental en 1923 que les signes lapidaires semblent disparaître du paysage à partir du VIème siècle, avant de redevenir fréquents dans certaines régions à partir du XIème siècle pour finir par être extrêmement rares après le XVème siècle. Pour cet élément d’étude, l’importance des contextes chronologiques et géographiques dans lesquels les signes ont évolué est primordiale. Dans le but de comprendre l’Histoire des signes lapidaires ainsi que leur étude, nous nous demanderons dans quelle mesure ces signes nous permettent d’approfondir notre compréhension de la construction en pierre à l’époque médiévale. Pour ce-faire, nous diviserons notre travail en deux parties distinctes : la première abordera la matérialité associée aux différentes fonctions des signes lapidaires, et la seconde évoquera de façon plus succincte les contextes chronologiques, régionaux et historiographique dans lesquels s’inscrivent ces phénomènes et leur étude.

        Les signes lapidaires sont partie intégrante des chantiers de l’ère médiévale ; ils peuvent se présenter sous un grand nombre de formes et dans des ambitions multiples. La globalité des signes lapidaires peut être scindée en deux sous catégories, qui sont les graffiti ainsi que les marques des tailleurs de pierre. Tout d’abord, les graffiti, sont admis comme des témoignages attestant d’un passage ou véhiculant un message qui n’est pas explicitement associé au cadre professionnel et technique des métiers du bâtiment. Il en existe de toute sorte à l’image des actes de vandalisme que l’on nomme également graffiti à l’ère contemporaine, c’est pourquoi il est impossible de donner une liste exhaustive des sujets qu’ils abordent ou de leurs morphologies. Ils sont reconnaissables car ils sont souvent exécutés avec des outils qui ne sont pas tout à fait adaptés car pas toujours exécutés par des artisans de la pierre. Dans le Nord-Ouest de la France en Normandie, les graffiti sont plus présents que tout autre frome de signe lapidaire. En effet, de très nombreux édifices en comportent mais il est difficile de savoir avec certitude si les pierres ont été gravées avant d’être utilisées pour la construction des édifices ou à postériori. L’abbaye Saint-Nicolas présente par exemple au niveau du premier étage de sa tour Nord deux esquisses d’églises détaillées, qui sont considérées graffiti. L’un de ces croquis représente l’abbaye Saint-Nicolas Abbaye elle même, et l’autre illustre l’église abbatiale Saint-Étienne de Caen. Ces graffiti sont anciens, car ils représentent les deux édifices tels qu’elles étaient sous leurs formes primitives avant par exemple l’effondrement de la tour lanterne de l’église abbatiale Saint-Étienne en 1566. La valeur historique de ces gravures est grande : il s’agit d’un témoignage précieux qui nous permet par exemple de confirmer que la façade romane de l’abbaye Saint-Nicolas Abbaye n’avait jamais été terminée, étant donnée qu’elle est dépeinte telle qu’elle subsiste aujourd’hui.

Contrairement aux graffiti, on retrouve les marques des tailleurs de pierre dans les documents d’archives, car ils sont aujourd’hui recensés et étudiés. Leur caractère officiel les distingue des graffiti, bien souvent les auteurs de ces signes sont identifiés. Il existe deux types de marques de tailleurs de pierre, aussi appelées « marques de tâcherons. Les marques identitaires identifient un individu comme le nom l’indique, ce peut être le tailleur lui-même, le commanditaire de l’oeuvre, le chef de chantier, l’architecte ou encore le maître de carrière. Bien souvent, les signes identitaires renvoient au tailleur de pierre dans un but de paiement du travail effectué. Les édifices européens des XIIème  et XIIIème siècles en comportent particulièrement beaucoup. En Belgique à partir du XVème siècle, ces signes renvoient en immense majorité aux maîtres de carrières. Sur le monument funéraire de Jean Nopère actuellement au cimetière d’Arquantes en Belgique, un maître de carrière du compté de Grand bailli du Hainaut, figure par exemple en relief la marque de la famille Nopère. Il s’agit là d’un signe lapidaire identitaire. L’ouvrage de Jean-Louis van Belle, Pour comprendre les signes lapidaires publié aux éditions Safran à Bruxelles en 2014 contient de nombreuses informations et outils permettant de s’initier aux signes lapidaires ; il rapporte notamment dans la partie Annexes au § Marques de maîtres de carrière belges (XVIe-XIXe siècle) un tableau répertoriant plus de 150 noms de maîtres de carrières belges de l’époque annoncée ainsi que les marques qui leur sont associées. Les marques utilitaires sont elles au contraire non destinées à être vues par le grand public contemporain de l’édifice mais trouvent leur fonction au sein du chantier. Effectivement, gravés, peints ou tracés à la mine ils sont placés par les artisans de la pierre à l’attention des maçons dans le but de préciser le placement des pierres dans la construction en cours. Cela permet d’organiser le chantier en amont et donc de gagner du temps et ainsi ne pas perdre d’argent. Le type d’édifice qui comporte le plus de cette catégorie de marques lapidaires sont les bâtiments couverts de voûte et/ou qui reposent sur des colonnes ou des piliers, car ce sont des éléments délicats qui requièrent des placements de pierres exacts. Ainsi, il existe des marques de localisation, des signes de pose qui indiquent l’ordre à suivre, des signes d’appareillage qui indique les juxtapositions, et enfin des signes de hauteur d’assise qui eux font état de la hauteur des pierres (afin de reconnaître facilement celles de même hauteurs).

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