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L'arbre des voyelles de Giusepe PENONE

Note de Recherches : L'arbre des voyelles de Giusepe PENONE. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  26 Décembre 2012  •  1 710 Mots (7 Pages)  •  1 165 Vues

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L'arbre des voyelles, Giusepe PENONE

Arte Povera

Giuseppe Penone est un artiste contemporain italien qui s'est d'abord fait connaître pour sa participation au mouvement Arte Povera avant de poursuivre une recherche singulière toujours cohérente avec ses premières oeuvres.

L'Arte Povera n'est pas un groupe qui se constitue a priori sur des concepts abstraits -comme le futurisme italien-, mais formule peu à peu ses idées par son dialogue avec le Minimal Art américain (l'exposition des minimalistes à New York « Primary Structures » en 1966), les rencontres entre différents artistes partageant le même désir de rompre avec les formes et matériaux convenus de l'art (Kounelis, Pistoletteo, Anselmo, Penone...), et le retour critique et analytique de Germano

Celant.

Le groupe se démarquera du minimalisme à la fin des années 60 -entre 1966 et 1969- par ses choix formels et les "mythologies personnelles" qu'affirment chaque artiste. A l'opposé du rigorisme géométrique des américains("ce que je vois est ce que je vois", et toutes les formes doivent être clairement comprises), les artistes italiens affirment nettement leur individualité contre le système des objets qu'ils critiques. La subjectivité vivante, polymorphe, s'affirmerait ainsi contre l'objectivité

froide, qui rappelle l'univers industriel à proscrire.

Pourtant une grande proximité entre les deux mouvements s'imposent : leurs refus de toute iconographie anthropomorphique, de tout "signe culturel préétabli", leur volonté de provoquer chez le spectateur une sensation directe, sans médiation sémantique, de revenir à une situation élémentaire. Cette vision des choses les oppose tous deux au Pop Art qui domine le marché de l'art, et sera accusé par les artistes du Pop Art de privilégier l'objet marchand et son fétichisme capitaliste -que le Pop Art cultive l'ironie, voire la satyre, à propos du système des mass-media et de

la consommation n'y change rien.

Dans le Minimal Art, l'élémentaire sera géométrique (une Gestalt, c'est-à-dire une

forme simple et clairement appréhendée du fait de cette simplicité), dans l'Arte Povera, l'élémentaire se fera matière, ou attitude et processus...

Chez Judd, artiste-phare du Minimal Art, les formes sont anti-symboliques,

froides, distantes. inexpressives, objectives ; son oeuvre s'évertue à perturber

nos codes de réception de "l'art", ni socle ni tableau, ni unité, ni message :

"What you see is what you see"...

Chez Anselmo, le contraste formel entre le granit froid, angulaire, dur, et la

laitue (remplacée périodiquement lorsque décomposée) est au contraire

fortement expressif, renvoyant à une perception sensitive immédiate de la vie et

de sa précarité....

Ainsi l'Arte Povera va privilégier "un dépouillement volontaire des acquis de la culture pour atteindre à la vérité originaire du corps et de ses perceptions" (Germano Celant), c'est ainsi qu'il faudra comprendre la "pauvreté" (ne renvoyant donc pas forcément à la pauvreté du matériau comme, par exemple, dans le Nouveau Réalisme français qui récupère les déchets variés de la société d'abondance pour les transfigurer en objet d'art). Cette "pauvreté" est plutôt "éthique"

qu'esthétique, elle concerne une certaine attitude attentive à la présence au monde, à la vie, et une critique de la possession des objets comme nouvelle obsession de nos société et aliénation des individus entièrement déterminés par leur "pouvoir d'achat", c'est-à-dire leur capacité à posséder ou non des objets.

L'art a donc la responsabilité morale de s'opposer au système marchand (n'oublions pas que nous sommes autour des années 1968) et à sa volonté mortifère d'acquisition, de l' "avoir", l'art doit présenter "l'être" avant toute chose.

L'ARBRE DES VOYELLES

PENONE – 1999

Le Projet et son lieu / la commande... l'oeuvre comme dialectique

Le projet s'inscrit d'abord dans une commande publique de réaménagement du Jardin des Tuileries, à Paris, entre la Place de la Concorde et le Carrousel du Louvre.

Ce lieu importe dans la compréhension de l'oeuvre tant il est chargé d'histoire et de force propre. Le promeneur qui découvre l'Arbre des Voyelles est en plein centre de la Capitale, mais aussi dans un jardin où il peut se reposer du bruit et de l'agitation citadine. Un jardin c'est de la nature, mais de la "nature cultivée", domestiquée, entretenue. A fortiori, le Jardin des Tuileries est un jardin à la française, dont le plan strictement géométrique a été dessiné par Albert Le Nôtre sous ordre de Colbert, Intendant des Finances de Louis XIV. C'est dire qu'ici la "Nature" est peu

"naturelle"! Le "jardin à la française" c'est le pouvoir humain d'assigner un ordre, de prévoir, de calculer, c'est le symbole de la force supérieure de l'Esprit sur la matière et son chaos.

Du coup Penone doit relever le défi de s'inscrire dans ce paysage, bien loin de ses forêts et de ses matériaux habituels, sans perdre son propos. On pense tout de suite qu'il y aura confrontation entre deux grandes conceptions de la Nature, entre deux grandes attitudes historiques face à sa force, soit la maîtrise dominante et sa grande richesse classique, soit le "laisser-faire" de l'Arte Povera.

Et en effet une dialectique se formule de la rencontre entre le Beau classique et la belle présence de cette "sculpture" de bronze. L'opposition frappe entre le Jardin toujours entretenu, avec ces arbres toujours debout en pleine santé, soignés, autour de qui les jardiniers ont fait disparaître toute trace de mort (feuille, branche, arbre), et cet

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