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Vous avez dit synchrone ? Carolyn Carlson

Étude de cas : Vous avez dit synchrone ? Carolyn Carlson. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Avril 2012  •  Étude de cas  •  604 Mots (3 Pages)  •  1 191 Vues

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Vous avez dit synchrone ?

Pour sa nouvelle création, Carolyn Carlson est allée puiser dans la pensée du psychiatre Carl Jung. Répétition.

Vendredi 17 mars, 11 h. C’est le jour J. Celui où l’on va voir travailler la grande Carolyn Carlson, ce mythe ondulant qui fascina le public français dès le début des années 1970 et ne cessa de l’enchanter. Sortant de la gare de Roubaix, après cinq minutes de marche le long de mornes rues, on débouche sur le Colisée, beau bâtiment de briques rouges des années 1930 où s’est installé le Ccn de Roubaix Nord-Pas de Calais qu’elle dirige. Un étage plus haut se trouve la fabrique de danse. La répétition de Synchronicity commence. On va voir ce qu’on va voir.

Au début, ça flotte un peu pour le spectateur fraîchement arrivé. Comment s’y retrouver dans le lacis d’actions vaguement esquissées par les neufs danseurs de la compagnie ? L’objet de la répétition du jour, on le comprendra vite, n’est pas la création chorégraphique à proprement parler mais la lubrification des jointures entre les différentes phases de la chorégraphie.

Pour tenter de donner un sens à ces limbes et bribes dont la clé nous manque, on repère sur le plateau de quoi se raconter un début d’histoire: à jardin (à gauche dans le jargon de la scène), des pneus, un baril vide, un baquet, des costumes sur un portant. A cour, une pagaille de chaises de bois ordinaire. En fond de scène, enfin, un écran où évoluent des êtres flous en noir et blanc. Intensément scrutés par le regard bleu acier de la dame blonde, les interprètes exécutent différents mouvements sans lien apparent: filles soulevées comme des sacs, solos sans suite, balancements sur les chaises... Sporadiques, ces gestes s’accompagnent d’une succession de coqs à l’âne musicaux: Sibelius déboule en grand tralala classique aussitôt interrompu par Tom Waits. Bruce Springsteen surgit suivi par Leonard Cohen. Puis se sont des sirènes mugissant quelque départ en mer du nord, des fracas ferroviaires, des lenteurs, des élans... La chorégraphe fait son choix dans ce somptueux bric à brac sonore tandis que sur le lino noir, les filles se plient, s’effondrent, jaillissent et renaissent. Les corps sont solides, les pieds sur terre et les regards souvent allumés par un sourire.

Longue tige blonde dressée au milieu d’une bonne douzaine de chaises et de danseurs –on dirait tout à coup une pièce de Ionesco_ Carlson discute, indique, réfléchit, rit. Bien sûr, on aurait aimé voir le génie créatif à l’œuvre dans ce qu’il a de plus mystérieux mais la cuisine chorégraphique est comme l’autre : elle ne s’élabore pas que dans le sublime. Ca progresse cependant. Bientôt, le son est fixé, les déplacements indiqués et la danse peut reprendre ses droits. Elle le fait avec une évidence telle qu’on se sent respirer plus large, soudain. Synchronicity, tel que l’a fait naître la chorégraphe à partir de la pensée de Carl Jung, son frère de rêves comme on est frère de lait, trouve enfin son rythme sur la page sombre du plateau. A travers les corps de ses superbes danseurs, c’est le corps de Carlson qui parle. Plus que jamais, l’œil écoute. Laurence Liban

Synchronicity, Colisée, Roubaix (Nord) du 4 au 6 avril. Tournée à venir.

*A

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