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Le Grotesque

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Par   •  10 Juin 2012  •  1 549 Mots (7 Pages)  •  1 007 Vues

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Le grotesque

Introduction

L'étymologie du mot " grotesque" vient de l'italien grotesca, utilisé au XVe siècle pour nommer les chambres antiques mises à jour par les fouilles (thermes de titus, domus aurea de néron)., "et dont les murailles étaient couvertes d'animaux terminés par des feuillages, de chimères ailées, de génies sortant de la coupe des fleurs, de palais d'architecture bizarre (...)" ( Gauthier, Les Grotesques) En littérature le grotesque est un mode comique modelant les traits de caractère jusqu'à les rendre étranges et grimaçants et réalisant un mélange entre l'étrange ( ou le monstrueux), le satirique ou le bouffon. Cependant, en observant ses manifestations dans les oeuvres, on peut se demander s'il désigne seulement un registre ou s'il est plutôt un genre. 

I. Le grotesque comme genre

 Au cours de la Renaissance, le mot est lié à quelque chose d’oppressant, d’étrange. Entre les 15ème et les 18ème siècles, l’ornement grotesque désigne quelque chose de confus, de déformé, intégrant des êtres fabuleux. L’évolution du mot se fait par la forme adjectivale qui permet d’accrocher davantage l’objet ; sa surface sémantique s’étend progressivement à un mélange de formes humaines et animales.  Aux 17ème et 18ème siècles, « grotesque(s) » ne correspond cependant pas à des contenus précisément fixés mais est utilisé pour désigner du « très inhabituel », puis du burlesque, avec un usage plus fréquent en France qu’en Allemagne. Se pose alors un problème nouveau à l’art : la caricature. Au lieu d’idéaliser la nature, celle-ci prend pour principe central le caractéristique. A la fin du 18ème siècle, selon l’un des théoriciens de la caricature, Christoph Martin Wieland, est qualifiée de grotesque la peinture se détachant de tout souci de ressemblance, dans une manière fantastique où le peintre crée avec une imagination débridée des formes monstrueuses dans le but de provoquer les rires, le dégoût et l’étonnement. Même si la caricature partage avec la satire une proximité avec le grotesque, qu’elle prépare, celui-ci est, en tant que phénomène, clairement à différencier de la caricature ou de la  satire. Il n'a pas de volonté pastichante contrairement au burlesque et à l'héroï-comique.

La notion, peut-être par sa mobilité intrinsèque, fit rapidement son entrée dans l'esthétique littéraire, à travers les critiques d'Horace qui dans son art poétique  codifia un modèle de classicisme ennemi du grotesque, c'est à dire du mélangé, de l' hybride. Cependant Montaigne s'en réclama en 1580 pour justifier la forme " hors-norme" à l'époque de ses Essais. il s'agit donc d'une autre caractéristique du grotesque qui partage avec la satire le goût pour la critique par la dérision.

En 1637 Saint-Amant rédige la partie grotesque dans le Dictionnaire de l'Académie. Le langage grotesque rassemblait les mots comique et bas (synonyme de populaire mais pas d'ordurier). Vaugelas en tolère l'usage dans " les trois genres inférieurs" de la satire, du burlesque et de la comédie. 

Dans Le Passage de Gibraltar, de Saint-Amant (1640), des hallucinations macabres sont mêlées de gaieté.

En 1690, Furetière établit un lien entre le genre du grotesque et la tradition des carnavals et ballets satiriques et cite l'Arioste comme exemple d'écriture grotesque. Au XVIIIe siècle, Marmontel oppose le genre comique populaire du grotesque et du bouffon au haut comique à tendance moralisatrice. Le style rabelaisien devient alors synonyme de grotesque pour son goût du bizarre et de l'obscène contrastant avec les valeurs de la civilité. Il évolue vers la caractérisation de personnages et s'intègre dans d'autres modes comme le burlesque et l'héroï-comique.

II. Le grotesque comme registre: une représentation du monde

La co-existence du tragique et du comique transforme le rire en rire jaune sous la présence de l'angoisse et du malaise. Sa charge comique ne suffit pas à une dénégation efficace, mais elle permet de réagir; le grotesque apporte moins la catharsis que la confirmation de l'instabilité de tout. Il ne peint pas un ailleurs mais bien la réalité. Il se joue des frontières et  est alors senti comme relevant d'une ambiguïté constitutive qui conduit à hésiter sur son interprétation, faisant de celui-ci un phénomène à la fois comique et inquiétant. Il faut le différencier d'autres formes de comique qui paraissent proches mais dont il convient pourtant de le distinguer (humour noir, absurde, satire, parodie notamment). Il suscite un vertige qui s'empare du récepteur et le déstabilise par l'intrusion d'éléments (images, codes linguistiques, éléments habituellement antagonistes et exclusifs les uns des autres, etc.) qui perturbent sa perception normale et les conditions habituelles du sens. Mais le vertige grotesque, comme Baudelaire en a l'intuition, a aussi pour caractéristique essentielle d'irriguer pour ainsi dire plus énergiquement

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