Le comique grotesque et obscène

Roux Jeanne

1L1                                                                                        04/04/2018

                                         Réponse Argumentée

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Thématique : Vers un espace culturel Européen: Humanisme et Renaissance

Question : Comment l'image des gens du peuple s'est-elle transformée du Moyen Age à la Renaissance dans les arts et la littérature ?

        L'humanisme est un mouvement culturel et artistique européen de la Renaissance qui se caractérise par un retour à la culture antique (on redécouvre les textes grecs et latins de l'Antiquité. La découverte récente de l'imprimerie par Gutenberg et son développement permet une large diffusion des textes antiques et des savoirs dans toute l'Europe), la foi en l'homme et le corps (la confiance dans la nature humaine et l'acceptation du corps dans son entièreté, y compris ce qui en sort) et enfin l'éducation (fondé sur une remise en cause de l'éducation).

Comment l'image des gens du peuple s'est-elle transformée du Moyen Age à la Renaissance dans les arts et la littérature ?

        Les romans de chevalerie du Moyen Age ont eu pour conséquence de donner une image péjorative aux gens du peuple: les Vilains.

Étymologiquement, le mot « vilain » vient du latin Villanus « habitant de la campagne », lui même dérivé du latin classique villa, « ferme ».

Le vilain représente donc, l'homme libre (en opposition au serf), vivant à la campagne (en opposition à la bourgeoisie) et roturier (en opposition à la noblesse). Cependant, au fil du temps, la notion de vilain s'est transformée pour donner, l'adjectif ou le nom d'une personne qui se conduit mal, qui est impolie et qui, sur le plan physique, est quelqu'un de difforme, hideux...

Ce nouveau sens du Vilain est devenu l'apanage du peuple et s’associe au style grotesque :

Le vilain est perçu comme un personnage laid et monstrueux, dépourvu de qualité humaine. Comme le montre le texte de Chrétiens de Troyes dans le Chevalier au lion, où  le narrateur y fait la description très péjorative du physique d'un paysan (avec une animalisation de celui-ci). Ou encore avec le pet du vilain, un fabliau obscène de Rutebeuf où le vilain est considéré comme intempérant et n'ayant une place nulle part sur terre,  ni en enfer et encore moins au paradis.

        Le grotesque et l'obscène accompagnent le vilain dans la littérature, M.Backtine dans l’œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Age et à la Renaissance, explique que parmi tous les traits de l'être humain, seuls la bouche et le nez jouent un rôle important dans l'image grotesque du corps. Le grotesque ne s'intéresse seulement qu'à tout ce qui dépasse et sort du corps. C'est ainsi que toutes les excroissances et les oreilles prennent une valeur grotesque, parce qu'ils prolongent ainsi le corps. Par extension, « tout ce qui sort », comprenant les flatulences, l'urine… font partie intégrante du grotesque. Le grotesque, caractéristique du vilain, prend une dimension obscène.

C'est pourquoi on retrouve des allusions sexuelles, scatologiques, comme le montre encore une fois le pet du vilain de Rutebeuf, mais aussi les œuvres de J.Bosch « la nef des fous » présentant les gens du peuple  bouche ouverte, difformes et intempérants. Ou encore « le fils prodigue » de Bosch nous montrant des allusions sexuelles et scatologiques mais aussi une absence de pudeur.

        Comme l'explique U.Eco avec l'Histoire de la laideur, au moyen âge, l'idée de pudeur est bien différente de celle de l'époque moderne, surtout chez les pauvres. Ainsi cette forme d'obscénité apparaît dans les satires contre le vilain et les classes supérieures se moquent du vilain. On riait du vilain non pas avec le vilain.

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