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Analyse de planches : Hergé, Le Secret de la Licorne

Dissertation : Analyse de planches : Hergé, Le Secret de la Licorne. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Mai 2019  •  Dissertation  •  1 661 Mots (7 Pages)  •  947 Vues

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Le Secret de La Licorne, onzième album de la série des Aventures de Tintin d’Hergé est publié pour la première fois en noir et blanc, entre 1942 et 1943, dans le quotidien belge du Soir. L’édition que nous allons analyser dans ce travail est la première publication en couleur de l’album, parue en 1943. Le Secret de La Licorne est en fait le premier album d’une intrigue se déroulant sur deux albums, le second étant Le Trésor de Rackham le Rouge.

L’histoire se déroule autour de La Licorne, un navire que commandait l’ancêtre du capitaine Haddock, le chevalier de Hadoque. Alors que Tintin achète une réplique de ce bateau pour l’offrir à son ami, l’intrigue se noue. Plusieurs collectionneurs veulent la réplique, de nombreux rebondissements surviennent alors entre vols et découvertes, tous ayant le même but : trouver le trésor que cache La Licorne. Le personnage qui sera au centre de notre attention sera donc le capitaine Haddock, qui « s’impose définitivement comme l’un des principaux protagonistes des Aventures de Tintin ». En effet, ce dernier ayant retrouvé le journal de son ancêtre, il va conter à Tintin les aventures du chevalier.

Notre analyse se concentre sur les planches 15 et 20, nous allons cependant déborder sur d’autres planches afin d’avoir une certaine vue d’ensemble sur les procédés d’Hergé dans sa bande dessinée. À la vue de la couverture de l’album, il est fort possible que le lecteur s’attende à une histoire de pirates. Au contraire, il s’agit d’une enquête se déroulant à Bruxelles. Afin de nous transporter tout de même dans le monde maritime du XVIIe siècle, Hergé va utiliser des flashbacks. Mais il va aller plus loin, en usant d’un « dispositif inhabituel, à savoir des allers-retours incessants entre passé (le XVIIe siècle, temps des évènements rapportés) et présent (le XXe, temps de l’énonciation) ». C’est donc lors du récit du capitaine Haddock que le lecteur se trouve face au premier flashback, à la planche 15. La mise en page de la planche est inhabituelle, la première case occupe la moitié de la planche et a un rôle décoratif. Alors que les deux derniers strips de la planche sont rhétoriques. Cette mise en page attire de suite l’œil du lecteur qui n’est pas habitué à ce procédé chez Hergé, en effet, ce dernier organise généralement ses planches en quatre strips.

L’aspect le plus frappant de ce passage tient donc dans l’ambigüité de la narration due aux « allers-retours » dans le temps. Nous n’observons aucun récitatif, ce qui est commun chez Hergé. La narration se trouve alors dans les paroles du capitaine Haddock, qui occupe le rôle de narrateur actorialisé. Nous pourrions dire que le capitaine prend en charge le métarécit, cependant, le narrateur principal est tout de même Hergé. Ce qui est encore plus intéressant se trouve dans le second strip de la planche 15, lorsqu’Haddock passe d’un récit en ils au présent narratif à un récit en nous. En effet, aucune transition (si ce n’est peut-être la case se trouvant au milieu du strip) n’est marquée par Hergé « entre le niveau où Haddock raconte et celui où Hadoque agit. Haddock raconte et l’on voit surgir, sans transition, les scènes qu’il évoque dans la “réalité“ de la fiction ». La transition est d’autant plus intéressante et moins nette du fait de la ressemblance frappante entre le capitaine Haddock et son ancêtre. Outre le physique semblable des deux personnages, Haddock porte le chapeau du chevalier et manie son épée. Dans la 4ème case de la planche 15, nous pourrions donc dire que le discours et celui d’Haddock incarnant son ancêtre. Nous reviendrons plus tard sur ce procédé de ressemblance entre les deux personnages. Quelques détails intéressants sont encore présents dans la planche 15. Lors du dernier strip, nous voyons dans la case centrale le chevalier tenant une longue vue. En apercevant le bateau pirate au loin, nous constatons sa surprise grâce aux emanatas (petites gouttes) et à la ponctuation exclamative dans la bulle. Nous changeons alors de point de vue, lors d’un procédé d’ocularisation interne secondaire, le lecteur voit alors le drapeau pirate à travers la longue vue, cette dernière marquée par le fond noir de la case contenant l’image ronde.

Si nous reprenons maintenant l’analyse des « allers-retours » dans le temps, nous constatons au court des planches 15 à 20 plus de huit flashbacks. Il est cependant difficile de définir clairement les changements entre les deux époques, étant donné le rythme rapide de l’action, qu’elle concerne celle de la bataille ou celle de l’appartement du capitaine. De plus, un effet de tressage important est présent tout au long des cases au niveau des visages du capitaine Haddock et du chevalier de Hadoque. Nous avons déjà parlé de leur physique identique, ainsi que de quelques attributs tels que le chapeau et l’épée. Outre ces aspects, leur langage et leur gestuelle est également pareil. Est-ce parce que le capitaine Haddock prend en charge les deux personnages ? Nous aurions dans ce cas une représentation biaisée et irréelle des évènements survenus sur le bateau de La Licorne. Ou alors, Haddock a bel et bien hérité du caractère de son ancêtre. Cela pourrait également expliquer de manière comique l’attrait du capitaine à la boisson qui était aussi présent chez le chevalier. Dans le premier strip de la planche 21, le capitaine

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