Approche et compréhension des dérives sectaires

Approche et compréhension des dérives sectaires.

Bien que les sectes ne fassent pas l'actualité, elles sont intéressantes à étudier à la fois pour mettre en lumière un phénomène tapi dans l'ombre en dehors de la survenue de faits divers dramatiques (suicide collectif, escroquerie…), et pour comprendre l'ampleur des mouvements religieux qui concurrencent les Eglises établies.
Le désenchantement du monde est une expression employée par Max Weber pour désigner un phénomène social qui se caractérise par le recul des croyances religieuse ou de la magie comme explication des phénomènes naturels. Ce recul est lié aux connaissances scientifiques qui apportent une explication différente à des phénomènes naturels auxquels étaient donnés une explication divine.

Pourtant de nouvelles croyances collectives, de nouveaux mouvement religieux apparaissent pour lesquels on ne sait pas s'il s'agit de sectes dangereuses pour la société, ou de nouvelles églises qui au contraire vont consolider le lien avec la société.

La secte s'oppose à l'Eglise et incarne une alternative dissidente de la religion. Pour Nathalie Luca la qualification de secte est vraiment discriminante. On ne peut l'utiliser qu'à posteriori pour comprendre les dérives d'un groupe une fois qu'un drame est survenu. Mais en plus, la notion de secte est relative car elle évolue au cours du temps : le christianisme est une évolution du judaïsme, le protestantisme a été considéré comme hérésie par l'église catholique romaine.
Les sectes sont des groupes dont l'Etat ne veut pas se porter garant car les croyances ou les comportements qu'elles proposent sont en contradiction avec les valeurs de la société, contrairement à une Eglise.
Pour arriver à cette distinction nous nous référons à deux approches complémentaires :
- la définition théologique disant qu'une secte est un groupement organisé dont les membres ont adopté une doctrine et des pratiques différentes de celles de la religion majoritaire ou officielle car le mot secte vient du latin secta qui veut dire « voie que l'on suit »^[1]. De plus le mot secte en grec hairesis (hérésie) désignait la préférence pour une doctrine d'où l'idée de dissidence qui lui sera associée ensuite par rapport aux religions plus anciennes. Ainsi au 1er siècle, dans l'Empire romain, les premiers chrétiens étaient considérés comme une secte juive avant d'être reconnus comme une Eglise au 4ème siècle.

- Et la définition sociologique qui voit la secte comme un groupement, déclarant ou non des objectifs religieux, et dont l'idéologie^[2] est totalitaire parce qu'elle porte atteinte aux droits de l'homme, aux lois et à l'équilibre social^[3].

Ce qui est dangereux pour la société c'est de perdre sa cohésion sociale au point de que ses membres ne veuillent plus vivre ensemble sur le même territoire. Or un mouvement religieux contribue à unir une société dans sa diversité (origines, intérêts, convictions) puisque Emile Durkheim (1858-1917) affirme que c'est le lien social qui se forme au travers des relations, des normes, des pratiques et des valeurs morales grâce auquel individus et groupes sont unis et solidaires. Comme il existe 4 environnements privilégiés pour forger de la cohésion sociale : la famille, le le travail, l'Etat et les communautés, nous allons nous intéresser à ces dernières qui souvent prennent la forme d'associations. Et nous allons chercher si un groupe socialement controversé comme les Témoins de Jéhovah (T.J.) peut ou non apporter des réponses aux problèmes sociaux existants.
Notre hypothèse est que la dangerosité d'un groupe à caractère religieux dépend de son degré  d'intégration dans la société où il est. Concrètement il n'est pas possible d'énoncer une vérité générale sur la dangerosité des nouveaux mouvements religieux qui se créent car les groupes peuvent changer au cours du temps, tout comme les personnes au cours de leur vie.

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