Est-ce que l’intégration sociale est encore possible, en dépit de l’individualisme présent dans les sociétés contemporaine?

Le 13 février dernier, la fondation abbé-pierre a récompensé satiriquement les meilleurs dispositifs anti-SDF, sous la forme de la “Cérémonie des pics d’or”. Cette opération révèle ainsi que les sans-abris sont sans cesse poussés à devenir invisible et encore plus exclu qu’ils ne le sont.

Les SDF ne sont plus intégrés à la société, ils ont alors perdu tout lien social. Le lien social désigne le sentiment d’appartenance qui apparaît dans un groupe. Les quarantes dernières années ont été marqués par l’accroissement de l’individuation et par là de l’individualisme. L’individualisme est le fait d’accorder une priorité aux choix de la personne sur les normes et valeurs du groupe, ainsi c’est un individu qui se veut autonome. Les liens sociaux ont donc été fragilisés par la montée de cet individualisme. Les instances d’intégration jouent-elles toujours leurs rôles ? La cohésion est-elle encore possible ? Il s’agira alors de se demander si l’intégration sociale est encore possible en dépit de l’individualisme présent dans les sociétés contemporaine.

Il faudra alors remarquer que l’individualisme n’est pas synonyme d’égoïsme et donc par là il n’empêche pas la création de lien social puis que l’individualisme impact tout de même l’intégration social.

Tout d’abord il faudra remarquer qu’une forme de solidarité existe au sein de la société puis que du lien sociale se tisse grâce à des instances de socialisation primaire puis secondaire.

En effet, Emile Durkheim, père fondateur de la sociologie française a mis en lumière le fait que la solidarité organique est dominante dans les sociétés contemporaines. Cette forme de solidarité a un lien direct avec l’individualisme car elle se base sur la différence de chacun. Les individus ont tous une fonction diverse dans la société et en cela ils sont complémentaires et interdépendants notamment de par la division du travail théorisé par Smith. Anciennement, une famille produisait elle même son pain, ses fruits, ses légumes, les aînés apprenaient aux plus jeunes à lire, à cultiver, … Elle s'auto-suffisait. Aujourd’hui, chaque personne remplit un rôle spécifique dans la société et a besoin des autres pour subvenir à ses besoins. Les liens économiques relient les individus entre eux. Par opposition dans les sociétés tribals, la solidarité mécanique régnait. Le lien social se créait car les gens se ressemblaient et avaient des similitudes. Néanmoins, cette forme de solidarité n'a pas totalement disparu. En effet, certains liens reposent toujours sur une culture commune comme ceux dans la religion, au sein de partis politiques, qui se basent sur les origines… Par ailleurs, il ne faut pas manquer de souligner que toutes les formes d’individualisme ne sont pas mauvaise. L'individualisme universaliste ne l’est pas forcément. Il consiste à demander l’égalité lorsque l’on est défavorisé. Par exemple, les femmes qui réclamaient le droit de vote constituait une forme d’individualisme universaliste, tout comme les homosexuels qui demandaient la légalisation du mariage pour tous. Bien que ces groupes revendiquaient dans leur intérêt, la finalité n’est pas mauvaise en soi. Au contraire, l’individualisme particulariste réclame des privilèges et des exceptions, celui-ci n’est pas bon en soi.

Ensuite, le lien social est permis grâce aux instances de socialisation primaire qui constituent des instances d’intégration. Il y a en premier la famille qui devient alors le premier groupe d’appartenance d’un enfant. La famille socialise l’enfant par l’éducation, elle lui fait intérioriser des normes et des valeurs. Aujourd’hui, malgré un individualisme toujours plus présent , la famille continue de remplir ses fonctions traditionnelles. Elle confère une sécurité matérielle (logement, nourriture, vêtement…), et l’aide la plupart du temps à se construire une vie d’adulte en payant ses études, parfois une voiture… La famille donne donc des ressources économiques mais aussi culturelles et affectives. Dans les sociétés contemporaines, les liens affectifs au sein de la famille sont très forts, bien plus que dans les sociétés traditionnelles où les relations étaient plus conventionnelles. Les liens affectifs forts peuvent s’expliquer par le fait que les mariages sont des mariages d’amour et ne sont plus arrangés pour agrandir un royaume. De Singly met en évidence le “triomphe de l’amour”. Les règles préétablies sont de moins en moins appliqués, selon Louis Roussel, il y a une “désinstitutionalisation de la famille”. Dans la continuité de cette idée, il est possible de dire qu’il existe nettement moins de hiérarchie au sein de la famille entre les enfants et les parents. L’exemple frappant est le fait que les enfants participent de plus en plus aux choix de consommation. Lors de l’achat d’une maison l’enfant peut être sollicité pour donner son avis ce qui va influencer la décision d’acheter ou non. Par ailleurs une forme de solidarité forte subsiste. La famille apporte beaucoup de soutient morale et ses membres se rendent des services entre eux. En 2014, 10% des français pensaient que l’entraide au sein de la famille contribuent le plus à la cohésion sociale.

Il existe une autre instance de socialisation primaire, il s’agit de l'école. L’école est une instance d’intégration car elle permet de développer une culture commune ce qui peut potentiellement permettre de la solidarité mécanique. Les gens peuvent se comprendre et discuter de sujets communs et ainsi créer du lien. Les enfants d'immigrés par exemple peuvent s’intégrer à leur nouvelle nation grâce à celle-ci. Elle apprend aussi aux enfants à vivre ensemble, la tolérance, et le respect. L’école confère de l’autonomie ce qui rentre en adéquation avec l’individualisme, il nous apprend à développer un esprit critique et faire nos propres choix. Elle permet aussi la promotion sociale et l’accès au marché du travail. Les diplômes nationaux jouent un rôle important dans l’accès à l’emploi car ils concrétisent et valident des connaissances et compétences. Le document 3 montre que l’école a permis à des élèves d’être très diplomé et il révèle aussi que les plus diplômés sont plus à même d’obtenir un emploi stable. En effet, en 2010, 88% des jeunes étant sortis 3 ans auparavant du système scolaire ont trouvé un emploi et 80% ont un contrat à durée indéterminée. L’école intègre aussi les individus dans la société et cela est ressenti par les français puisqu’en 2014, 23% des français considèraient l’école comme l'instance qui contribuent le plus à renforcer la cohésion sociale.

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