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Science et verité cas

Dissertation : Science et verité cas. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Novembre 2015  •  Dissertation  •  2 704 Mots (11 Pages)  •  600 Vues

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On a tendance à considérer que la science a le monopole de la vérité, car elle est en mesure de prouver ses théories ; elle peut, au regard de son domaine d’étude, montrer l’accord entre la théorie et le réel. Par réel, nous entendons ce que sont les choses, mais sommes-nous en mesure de dire ce que les choses sont ? C’est à cette question que répond Alain, dans ce texte, objet de notre explication. En effet, à partir d’une distinction entre l’apparaître et l’être, il va soutenir que la science ne peut pas prouver ses théories, si on entend par preuve, le fait de nous montrer qu’elles sont bien ce qui explique le réel, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’on ne puisse pas juger de l’exactitude ou de l’inexactitude d’une théorie scientifique. C’est par cette distinction entre apparence et réalité et par une définition de la démarche et des buts de la science que s’ouvre le texte, lignes 1 à 3. Puis Alain illustre cette démarche par l’analyse d’un exemple, aux lignes 3 à 10, pour finir par dénoncer l’attente de preuve en science. On pourra cependant se demander si poser une chose derrière les apparences n’est pas une perception parmi d’autres de la réalité et si elle ne rend pas prisonnier d’une physique classique ?

Lignes 1 / 3, Alain commence par exposer une règle de conduite, « il faut remonter de l’apparence à la chose ». Cette règle est celle de la démarche scientifique. La science doit à partir des apparences, de ce qui nous apparaît, retrouver ce qui se cache derrière, « la chose » La chose, c’est ici la substance, ce qui se tient dessous. La substance, c’est ce qui sert de support, de substrat aux accidents. C’est ce qui demeure sous ce qui change. Ce qui change, c’est l’apparence, c’est-à-dire la manière d’apparaître de la chose pour celui qui la regarde, la sent. On comprend bien qu’une même chose peut avoir différentes apparences ou apparaître selon le point de vue de celui qui la regarde, ou selon les moyens utilisés pour la regarder. Mais Alain va même plus loin « il n’y a point au monde de lunettes ni d’observatoire d’où l’on voit autre chose que des apparences ». En somme, nous sommes condamnés à ne voir que des apparences. L’observation est en effet un processus qui ne se comprend que dans le trio : observateur-observation-observé. Ce qui apparaît dépend certes de ce qui est mais aussi de celui qui observe. Il est impossible de dissocier les qualités observées du sujet qui les observe. Si bien que l’on peut croire que ce que l’on voit, c’est ce qui est, d’où les illusions d’optique. Il faut donc se méfier des apparences et parvenir à une « perception » de la chose qui est derrière. Si voir est une sensation, percevoir est une activité intellectuelle, une inspection de l’esprit qui, à partir des données de la sensation, va penser ce qui est. On peut penser ici au morceau de cire de Descartes, où en distinguant les qualités secondes (celles qui changent selon les états de la cire, solide, liquide) et les qualités premières qui, elles, demeurent, on peut saisir la cire, la penser. On peut aussi penser aux analyses d’Alain lui-même sur le cube que personne n’a jamais vu, mais que tout le monde perçoit. Ces distinctions faites entre apparences et chose, voir et percevoir, Alain qualifie la science de « perception droite », c’est-à-dire non erronée, exacte et cette exactitude, qui concerne la correspondance avec la chose, se juge à son pouvoir explicatif des apparences. Ne pouvant voir la chose (puisque nous sommes condamnés à ne voir que les apparences), on ne peut que juger de cela que par rapport à la capacité d’expliquer les apparences dans leur diversité et mobilité. On ne peut voir la cause, ni juger de la pertinence de l’explication de cette cause par rapport à ce qui est en soi, on ne peut évaluer que sa capacité à expliquer les effets, que sont les apparences pour nous. C’est ce que va illustrer Alain avec l’exemple de la perception du soleil.

Les lignes 3 à 10 sont en effet consacrer à cet exemple, qui permet aussi à Alain d’illustrer la démarche du scientifique dans sa recherche de la vérité. Il commence par justifier une pensée possible par rapport à la position du soleil par rapport à ce que l’on voit. Si on se fie à notre sensation visuelle, il est possible de placer le soleil à cette distance, de « deux cents pas en l’air ». Il souligne aussitôt que cette hypothèse théorique permet d’expliquer d’autres apparences, comme le soleil au-dessus des arbres et des collines qui n’ont pas une telle distance par rapport au sol que le soleil par rapport à nous. Par contre cette hypothèse ne permet pas d’expliquer les ombres parallèles, ni le coucher du soleil au lointain. Là la théorie n’est pas en cohérence avec ce qui apparaît, en passant de la verticale à l’horizontale, la distance devrait rester la même ! Donc le soleil devrait se coucher à 200 mètres devant moi. De même le triangle formé par la base de 100 mètres et visant à 200 mètres le soleil devrait former deux droites qui se coupent et non deux parallèles. Il semble donc que cette distance accordée théoriquement au soleil ne puisse rendre compte de ce qui est perçu, soit trop courte. Cette démonstration souligne à la fois les limites de l’expérience immédiate, qui, est comme le dit Bachelard un « obstacle épistémologique », dont il convient de se libérer pour avoir une perception droite, que toute théorie fait apparaître des phénomènes jusqu’ici non retenus, comme des faits. Le coucher du soleil ne devient un fait que parce qu’il vient infirmer les prévisions autorisées par cette distance de 200 mètres, on retrouve ici l’idée de « fait polémique », chère à Bachelard. Enfin on voit bien que la science progresse par un aller-retour entre la théorie et l’expérience, même si celle-ci à elle seule ne permet pas de rendre compte de ce qui est. Tout cela oblige donc comme le dit Alain à « reculer le soleil » par rapport à la position initiale, celle imposée par le témoignage des sens, par l’expérience première. Ce recul est aussi celui que doit avoir la théorie par rapport à l’expérience. La théorie ne doit pas être la simple reformulation par induction de ce qui est observé. Elle doit permettre de rendre compte de ce qui est observé et quand il y a différentes explications possibles, c’est celle qui permettra d’expliquer le plus de choses de manière cohérente qui devra être retenue, jusqu’à ce que, à sa lumière, de nouveaux faits apparaissent. C’est d’ailleurs ce que s’efforce de démontrer Galilée, lors de son procès, la théorie héliocentriste est plus cohérente avec l’ordre de l’univers et permet d’expliquer plusieurs phénomènes comme les marées (même si l’explication

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