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Rappel des définitions de la culture données dans l’Avenir d’une illusion (1927) de Freud Chapitres 1&2

Fiche : Rappel des définitions de la culture données dans l’Avenir d’une illusion (1927) de Freud Chapitres 1&2. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Mai 2021  •  Fiche  •  4 866 Mots (20 Pages)  •  501 Vues

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Rappel des définitions de la culture données

dans l’Avenir d’une illusion (1927) de Freud Chapitres 1&2.

A. Présentation Générale des trois aspects de la culture.

Freud met d’entrée l’accent sur le fait que la Culture obéit à une double logique de production et de partage de biens matériels, autrement dit autrement dit de fabrique et de répartition de ce qui rend possible des satisfactions, ce qui signifie que même si  –comme on va le voir rapidement, la culture est aussi synonyme de sacrifices, de renoncements, de frustrations,  tout le jugement de Freud reste commandé par cette position initiale qui consiste à dire que la culture a pour but de rendre possible la vie collective, d’offrir des satisfactions à nos besoins, ce qui revient à protéger les individus.

 Dans sa présentation de l’Avenir…  Freud insiste sur l’interdépendance de ces deux sphères – économiques et sociales, et fait trois remarques :

1°  « les relations mutuelles des hommes entre eux  sont profondément influencées par l’importance des satisfactions pulsionnelles que ces biens disponibles rendent possibles »,

 Le social est donc profondément dépendant de l‘économique, l’inverse aussi est vrai  car

2°  « l’individu singulier peut lui-même devenir un bien pour un autre être humain si ce dernier exploite sa force de travail ou l’utilise comme objet sexuel »,

enfin et c’est le levier de tout le développement ultérieur :

3° « chaque individu singulier est virtuellement un ennemi de la culture ».

C’est ce troisième aspect qui intéresse Freud, lequel pose nettement l’opposition :

« toutes les cultures s’élaborent nécessairement à partir de la contrainte et du renoncement aux pulsions (…) il y a en tout homme des tendances destructrices et donc anti-sociales et anti-culturelles » (Avenir, p10).

 La dernière partie de cette citation explique la tentation à laquelle cèdent beaucoup de commentateurs,  qui est de  retrouver  sous la plume de Freud  le thème déjà vieux bien que typiquement moderne de l’insociabilité naturelle, du décrochage entre les devoirs sociaux et les désirs spontanés de chacun.

 De fait la détermination freudienne de l’individu comme « ennemi virtuel de la culture » a des  accents classiques, on pense au Léviathan de Hobbes  (1651, Homo hominis lupus) , ou encore à L’Idée d’une Histoire Universelle au point de vue cosmopolitique (1793) de Kant (l’insociable sociabilité), et de fait Freud s’inscrit pour une part dans ce courant des Lumières en affirmant que les hommes « n’aiment pas spontanément le travail » et que « les arguments ne peuvent rien contre leurs passions ».

 On a donc le raisonnement suivant : pour arracher à la Nature les biens matériels dont les hommes ont besoin, ces derniers doivent travailler, or il n’y a pas d’appétence naturelle à cet égard, de même pour vivre ensemble de manière régulée les hommes ne doivent pas laisser libre cours à leurs passions , à leur égoïsme, mais écouter la raison, ce à quoi ils ne sont guère portés spontanément, par là « la  culture doit donc  être défendue contre l’individu ». 

 Dès le début de l’Avenir…  ; le lecteur était confronté à ce que nous pourrions appeler le paradoxe de la culture, à savoir qu’elle doit compter parmi ses ennemis les plus décidés celui-là même auquel elle veut rendre service : l’individu.

 La formule « ennemi virtuel » laisse bien sûr ouverte la possibilité de la transformation de l’individu en ami réel, transformation que la culture doit compter au nombre de ses tâches, aussi essentielles que la transformation de la nature ou la régulation des rapports sociaux, Freud faisant donc de cette tâche une troisième face de la Culture : celle-ci doit nécessairement comporter des moyens de se protéger des tendances anti-sociales des individus.  Cependant, et gardons cela bien en mémoire, Freud disait bien « il y a en tout homme des tendances destructrices et donc anti-sociales et anti-culturelles »,  il n’ y a donc pas au sens strict une insociabilité naturelle mais bien plutôt une destructivité naturelle dont l’insociabilité est l’effet, par suite on peut remarquer, par rapport à Kant, que cette destructivité n’est nullement contrebalancée par une « tendance naturelle à s’associer », par une sociabilité naturelle.

  Ainsi une lecture trop rapide  fait parfois voir en Freud un héritier des Lumières alors que la question de savoir comment la culture est possible est sans doute beaucoup plus pessimiste ou désespérée qu’il n’y paraît, soit le constat typique d’un intellectuel de l’après-guerre : « il est facile de détruire les créations des hommes, la science et la technique qui les ont établies peuvent aussi servir à leur destruction ».  

 Moins de dix années après l’armistice, l’oxymore  kantien « insociable sociabilité » est devenu singulièrement désuet, et ce par trop d’optimisme, c’est désormais à la destructivité que le penseur de la culture doit faire face, on ne s’étonnera pas que l’Avenir…  mette  l’accent sur les contraintes que la culture doit exercer pour subsister face à la destructivité individuelle.

 Relativement à ces contraintes, L’Avenir… met deux points en avant, d’une part la question de l’intériorisation des contraintes, d’autre part la question des dédommagements que la culture offre à ceux qu’elle frustre.

  On sait que dans le Léviathan de Hobbes c’est à la coercition qu’il revient d’assurer ce passage de l’état de nature à l’état social, la peur devient le ciment des Républiques, de prime abord la peur de la punition, mais au regard  du philosophe cette peur de la punition est bien  moins grande que la crainte de ce dont autrui est capable de faire avec sa liberté, écho de la crainte caractéristique de l’état de nature dont on voit les traces quand nous fermons nos portes, nos volets , ou voyageons armés.  

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