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Peut-on reconnaître à l’homme une place particulière dans la nature ?

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Par   •  26 Janvier 2020  •  Analyse sectorielle  •  3 533 Mots (15 Pages)  •  719 Vues

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Peut-on reconnaître à l’homme une place particulière dans la nature ?

L’homme est capable de penser mais aussi de se penser lui-même, de prendre

conscience de soi, de ce qu’il est. De quoi ce faisant peut-il se rendre compte ? Qu’est-ce qui

le rend singulier à ses propres yeux ? En tant qu’être vivant, il n’a rien de spécial, d’original :

il a un corps et par son corps, il est soumis aux obligations communes que la nature impose à

tous les animaux : se nourrir, boire, dormir, maintenir la température interne de son corps

constante (homéostasie), etc. S’il prend conscience d’une certaine singularité, cela tient

seulement à la perception qu’il a de lui-même. Il sait, quand il considère sa propre existence

physique, qu’il n’est pas un simple individu, qu’il ne vit pas que pour lui, mais, qu’en tant

qu’individu, il appartient à une même espèce, qui sera nommée : « humanité ». C’est cela

son « destin » : porter en lui l’humaine condition, être à la fois lui et celui qui, en étant lui, est

un représentant aussi de tous les autres. Aucun animal n’a conscience d’être autre chose que

ce qu’il est lui-même, en tant qu’être singulier. Un chien a conscience de lui comme chien,

non comme représentant ou exemple de l’espèce canine. Savoir qu’on est soi et aussi une

partie de l’humanité change tout car cela donne une réalité singulière à ce tout, que chacun

incarne à sa manière, en en étant son représentant. « Chacun porte en soi la forme de

l’humaine condition » disait Montaigne.

Cette capacité à nous penser en tant qu’individu par rapport à un tout qui nous

dépasse et nous définit, nous met à part, nous singularise parmi les vivants. Nous sommes

responsables nous-mêmes de plus que de nous, mais de l’humanité en nous. Quand un

homme assassine un autre homme, il tue davantage qu’un autre homme, il porte atteinte aussi

à l’humanité toute entière en supprimant de cette humanité un homme singulier. Le crime

peut même devenir crime contre l’humanité si le seul motif de tuer des hommes c’est de les

effacer de l’humanité, par exemple de les exterminer collectivement au seul motif de les faire

disparaître.

Cette responsabilité que nous portons, ce souci de l’universel qui nous oblige, nous

met à part certes. Mais peut-on alors en conclure qu’il donnerait à l’homme un pouvoir sur

les autres êtres vivants, une quelconque supériorité ? Peut-on traduire cette responsabilité

particulière et voir en elle le fondement d’un pouvoir qu’on aurait sur tout ce qui n’est pas

humain et qui n’est pas capable de se penser (les animaux par exemple) ou de simplement

penser (la nature matérielle, le terre, etc.). Chaque homme se pense être humain, membre

d’une même espèce, chaque homme a conscience de soi comme homme en général et non

comme tel ou tel homme en particulier. Chaque animal pense à lui mais ne se pense pas lui-

même comme membre d’une même espèce valant plus que lui. Quant à la nature matérielle,

minérale, elle ne pense pas du tout, puisqu’elle n’est que matière.

Ces différences pourraient se comprendre alors en terme hiérarchique. L’homme se

pense, il est le seul à pouvoir le faire et donc il serait de ce fait supérieur à tout le reste. Les

animaux eux pensant sans se penser, lui seraient inférieurs. Quant à la terre qu’ils habitent les

uns et les autres, elle ne serait qu’une matière inerte à la disposition de l’homme, maître

absolu du monde. Ce pouvoir de percevoir l’universel nous donnerait alors un pouvoir réel,

politique, sur tout le reste, il serait le fondement d’une supériorité. L’homme serait ainsi

justifié à être le maître des animaux et de la nature toute entière. Et être le maître ou le roi,

c’est penser qu’on est au centre de tout et que tout le reste est alors à notre disposition ou à

notre service.

On trouve cette représentation des choses, homocentrée, clairement exprimée dans la

Bible (mais pas dans le Coran) où il est dit que l’homme serait créé à l’image de Dieu. Son

pouvoir de penser ne l’enferme pas en lui-même. Il lui permet de se dépasser, de voir au-delà

de lui. De voir qu’en lui, il y a plus grand que lui : l’humanité et au-delà de l’humanité, Dieu

lui-même en tant que créateur de tout ce qui existe. L’homme est alors le lieutenant de Dieu

sur terre. Lieutenant, c’est-à-dire littéralement qu’il serait le vivant sur Terre tenant lieu de

Dieu. Il doit dominer, investi par Dieu, toute la création : animaux et choses, créés pour son

service. Quant à lui, il se doit de servir et d’honorer Dieu lui-même. Tout l’univers est ainsi

conçu dans des liens de vassalité (Dieu est le Seigneur, l’homme (homo) est le roi des

animaux,

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