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Peut-on dire ce qui n'est pas ?

Dissertation : Peut-on dire ce qui n'est pas ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Octobre 2021  •  Dissertation  •  2 574 Mots (11 Pages)  •  541 Vues

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Dissertation de philosophie : peut-on dire ce qui n’est pas ?

Dans le Sophiste de Platon, les différents personnages tentent de définir le sophiste, une personne qui paraît tout connaître et qui fait commerce de cette prétendue connaissance. Or il est impossible de tout connaître, le sophiste doit donc parler de choses qu’il ne connaît pas pour donner l’illusion de la connaissance universelle. Il se trompe donc forcément parfois et il doit nécessairement dire des choses qui ne sont pas vraies. Or cela pose une difficulté philosophique de première importance, comment dire ce qui n’est pas ? Pour savoir s’il est possible de dire ce qui n’est pas, il est nécessaire de comprendre à quoi correspond le mot « être ». L’être renvoi à ce qui est, à un état, à une caractéristique du sujet ou à la question de l’existence, de la réalité. Il est également nécessaire de comprendre ce que l’on entend par « langage », ce mot provient du latin lingua qui désigne autant l’organe que l’élément d’expression commun à un groupe d’hommes. Ce terme peut dans un sens plus métaphorique désigner tout système ayant pour fonction de transmettre un message. Le langage est donc la capacité de l’être humain à exprimer des pensées distinctes à l’aide de signes distincts. Un signe étant toute chose qui par convention, ou par rapport naturel, renvoie à une autre. Ces définitions nous conduisent à nous interroger : Quelles difficultés se posent lorsque l’être humain essaie de penser distinctement sur ce qui n’existe pas ou sur ce qui est différent et de l’exprimer à l’aide de signes compréhensibles pour ses semblables ?

A première vue, il est impossible d’avoir connaissance de ce qui n’est pas car cela n’existe pas, par conséquent il est impossible d’exprimer ce qui n’est pas car il est impossible d’exprimer une chose dont on n’a pas connaissance. Néanmoins, il est possible de redéfinir le non-être comme altérité auquel cas il devient être et donc dicible en tant que tel, la question du mensonge en tant que discours sur le non-être se pose également. Enfin, la possibilité de dire ce qui est paraît évidente mais est-il possible de tout dire ?

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Est-ce que le non-être est ? « Non, on ne peut avoir connaissance de ce qui n’est pas, on ne peut le saisir ni l’exprimer ». Le poème de Parménide traite de la recherche de la vérité. Lorsque l’on a la volonté d’apprendre toutes choses et donc de comprendre toutes choses, c’est la recherche de la vérité qui nous motive. Or, la connaissance n’est pas seulement constituée de la vérité qui s’impose mais également des opinions humaines, opinions qui se situent en dehors de cette vérité. La connaissance regroupe ces deux dimensions, c’est « tout ce dont on juge » (l.31). Pour avancer sur le chemin de la vérité, le premier pas est de considérer « que l’être est, que le non-être n’est pas ». C’est la certitude nécessaire à la construction de toute la connaissance. Avant de chercher plus de connaissance, il faut être convaincu de l’existence de ce qui est et de la non-existence de ce qui n’est pas. Si l’on n’est pas convaincu de cette vérité alors jamais il ne sera possible d’aller plus avant dans la connaissance car la nature même de la connaissance est d’appréhender ce qui est. Or, si l’on n’est pas convaincu de l’existence de ce qui est alors il sera impossible de connaître ce qui est. La vérité doit être accompagnée de certitude. Donc, le non-être n’est pas.

Le non-être n’est pas, mais peut-on dire le non-être ? Selon Parménide, « le pensé et l’être sont une même chose », il écrit « tu ne peux avoir connaissance de ce qui n’est pas, tu ne peux le saisir ni l’exprimer ». Pour dire une chose il faut la penser, or si on pense une chose alors elle existe, au moins dans notre pensée. Le non-être n’est pas, on ne peut donc le penser et cela implique qu’on ne peut le dire. Il est impossible d’illustrer cette démonstration car cela impliquerait d’écrire le non-être et donc de le faire exister. Pour démontrer la non-dicibilité du non-être il faudrait nommer le non-être, or si le non-être est nommé, il existe. Le fait qu’il soit impossible de démontrer la non-dicibilité du non-être la démontre. Le non-être est donc impensable et indicible, on ne peut dire le non-être. La fausse opinion ne serait alors plus inexprimable, elle consisterait simplement à admettre le contraire de ce qui est, ce qui n’est pas : c’est une erreur de dire que ce qui n’est pas est et de dire que ce qui est n’est pas. Cette conclusion provient de la définition de l’être dans le poème de Parménide. Selon ce dernier, « Il est inengendré et impérissable, universel, unique, immobile et sans fin. » Il est inengendré car que pourrait être son origine ? De quoi pourrait-il venir ? Si ce qui est vient de quelque chose c’est alors qu’il vient de ce qui n’est pas, or ce qui n’est pas n’existe pas et n’a jamais existé donc c’est impossible. De plus, il est absurde d’imaginer une raison pour laquelle ce qui est naitrait de ce qui n’est pas. Il est donc impossible que ce qui est aujourd’hui n’ait pas été auparavant. Ce qui est est également impérissable. En effet, ce qui est ne peut disparaître, l’être ne peut devenir le non-être. Ce qui est ne peut donc devenir raisonnablement autre chose. « ni la genèse ni la destruction ne lui sont permises par la justice ». Pour ces raisons il est sans fin et immobile car il ne peut avoir été ni devenir. De plus, il est universel. En effet, tout ce qui est est plein d’être. L’être est donc partout et tout est plein d’être. Toute chose est donc continue. « Ce qui est touche à ce qui est ». Cette affirmation peut être rapprochée de la formule de Lavoisier : « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Ce principe scientifique est un des fondements de la physique classique. Il affirme que ce qui existe ne disparaît ni n’apparaît jamais, ce qui paraît apparaître est en fait devenu une chose différente en apparence mais n’a jamais cessé d’être. Parménide quant à lui affirme que l’être a toujours été et sera toujours, l’être ne devient pas néant et du néant ne naît pas d’être. Même s’il y a transformation, l’être reste être. En revanche il existe des limites à l’être. En effet s’il était illimité alors il lui manquerait tout. Or, il ne lui manque rien, donc bien que parfait, « il est néanmoins dans des limites ». Tout ce qui est pensé est, la pensée et l’objet de cette pensée sont donc la même chose, il s’agit de l’être.

Platon accepte dans un premier temps et tente de démontrer par le raisonnement

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