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Le cogito de Descartes

Fiche : Le cogito de Descartes. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Septembre 2022  •  Fiche  •  1 087 Mots (5 Pages)  •  409 Vues

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Le cogito (= je pense en latin) de Descartes

« J’avais dès longtemps remarqué que, pour les moeurs, il est besoin quelquefois de suivre des opinions qu’on sait être fort incertaines, tout de même que si elles étaient indubitables, ainsi qu’il a été dit ci-dessus; mais, pour ce qu’alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la  vérité, je pensai qu’il fallait que je fisse tout le contraire, et que je rejetasse, comme absolument faux, tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s’il ne resterait point, après cela, quelque chose en ma créance, qui fût entièrement indubitable. Ainsi, à cause que nos sens nous trompent quelquefois, je voulus supposer qu’il n’y avait aucune chose qui fût telle qu’ils nous la font imaginer. Et pour ce qu’il y a des hommes qui se méprennent en raisonnant, même touchant les plus simples matières de géométrie, et y font des paralogismes[erreur de raisonnement]’, jugeant que j’étais sujet à faillir, autant qu’aucun autre, je rejetai comme fausses toutes les raisons que j’avais prises auparavant pour démonstrations. Et enfin, considérant que toutes les mêmes pensées, que nous avons étant éveillés, nous peuvent aussi venir quand nous dormons, sans qu’il y en ait aucune, pour lors, qui soit vraie, je me résolus de feindre que toutes les choses qui m’étaient jamais entrées en l’esprit, n’étaient non plus vraies que les illusions de mes songes.[argument du rêve] Mais, aussitôt après, je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose. Et remarquant que cette vérité : je pense, donc je suis, était si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n’étaient pas capables de l’ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie que je cherchais ».
René Descartes, Discours de la Méthode (1637), IV’ partie

  • Pour vivre et agir, on ne peut pas attendre d’être certain, il faut se contenter de repères probables ou vraisemblables ou acceptés par le plus grand nombre./  Mais en matière de science et de recherche pure, il faut chercher la vérité sans doutes possibles, la vraie et définitive nature des choses
  • Pour la trouver Descartes se donne une règle de recherche, que les commentateurs ont appelé le « doute hyperbolique et méthodique » pour le distinguer du « doute courant » et « sceptique » :

-« doute » : mais pas subi, il s’agit bien de chercher une incertitude dans chaque prétendue connaissance humaine comme le faisaient les sceptiques ;

-« hyperbolique» = exagéré : car le doute trouvé doit nous pousser à un comportement peu naturel : rejeter comme faux ce qui n’est pourtant que douteux ! On ne divorce pas sur un simple soupçon ! ; et qui ne correspond pas à une pratique scientifique moderne : s’il y a doute et hypothèse, il ne faut pas abandonner mais continuer les recherches !

-« méthodique » : il faut douter car c’est un moyen de trouver une vérité indubitable  

→ Descartes se sert du doute sceptique pour sortir du doute !

  • Tout est douteux, tout ce qui nous vient de l’expérience qui est trompeuse et limitée, de la logique qui n’est pas trompeuse mais qu’on peut mal utiliser ; et puis tout ce que croit l’Homme pourrait n’être qu’un rêve

  • Sauf que j’existe comme conscience, comme « âme » dira plus loin Descartes, « cogito ergo sum », « je pense donc je suis » ; pas comme MOI ayant telle personnalité psychologique, telle histoire, etc mais comme pur JE, pure conscience qui se sait la même conscience tout au long de l’existence ; car pour douter que j’existe (Existence) et que je suis au moins une conscience (Essence), il faut encore que j’ai conscience de douter (que je le « pense » qui a ici un sens très large) et que j’existe.
  • Reste que la formule « Je pense donc je suis » avec sa déduction contredit le rejet précédent de la logique ; c’est pourquoi Descartes dans son grand ouvrage Les Méditations Métaphysiques (1641) lui préfère la formule « je suis, j’existe » exprimant mieux que cette évidence se constate et n’a pas besoin d’être prouvée.
  • cette première évidence sert par la suite à reconstruire tout une science du monde complète et certaine  ( après tout « cartésien » a fini par signifier « certain ») ; et en ce qui concerne la conscience de soi, à assurer chacun qu’avec un peu de méthode, de mémoire et d’attention, il peut finir par se connaître parfaitement :

 "Lorsque j'étais enfant, j'aimais une fille de mon âge, qui était un peu louche'; au moyen de quoi, l'impression qui se faisait par la vue en mon cerveau, quand je regardais ses yeux égarés, se joignait tellement à celle qui s'y faisait aussi pour émouvoir la passion de l'amour, que longtemps après, en voyant des personnes louches, je me sentais plus enclin à les aimer qu'à en aimer d'autres, pour cela seul qu'elles avaient ce défaut ; et je ne savais pas néanmoins que ce fût pour cela. Au contraire, depuis que j'y ai fait réflexion, et que j'ai reconnu que c'était un défaut, je n'en ai plus été ému. Ainsi, lorsque nous sommes portés à aimer quelqu'un, sans que nous en sachions la cause, nous pouvons croire que cela vient de ce qu'il y a quelque chose en lui de semblable à ce qui a été dans un autre objet que nous avons aimé auparavant, encore que nous ne sachions pas ce que c'est.  

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