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Le bonheur est-il dans le désir et non dans sa réalisation ?

Analyse sectorielle : Le bonheur est-il dans le désir et non dans sa réalisation ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Mars 2021  •  Analyse sectorielle  •  2 064 Mots (9 Pages)  •  397 Vues

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Julie ou la Nouvelle Héloïse est un roman épistolaire de Jean-Jacques Rousseau paru en 1761. Il relate la passion mouvementée entre un jeune précepteur roturier Saint-Preux et son élève, une jeune noble Julie d’Etanges. A travers cet extrait, l’auteur aborde les thèmes du désir, du bonheur et de l'imagination. Il soutient ici la thèse selon laquelle grâce à l’imagination, on est finalement plus heureux à désirer qu’à obtenir ce qu’on désire. Ainsi, on peut se demander plus généralement, pouvons-nous être heureux en satisfaisant nos désirs ? On pourrait y répondre brièvement en se disant que d’une part oui car la satisfaction du désir mène au bonheur, cependant, une fois satisfait la lassitude prend le dessus. D’ailleurs, cela nous permettra de remettre en question le fait d’être sans cesse à la quête de l’assouvissement de nos désirs et par la suite se demander à quel moment nous sommes vraiment heureux lorsque l’on désire quelque chose. Dans un premier temps, nous verrons que le bonheur est dans le désir et non dans sa réalisation, puis, que l’imagination est stimulée par le désir, et pour finir, le fait que la satisfaction d’un désir mène à une déception.

 Le bonheur est-il dans le désir et non dans sa réalisation ?

L’extrait débute avec une phrase exclamative de mise en garde, une sorte de conseil de la part de l’auteur. Elle est introduite par le mot « Malheur », qui a une forte symbolique, autrement dit, il veut attirer l’attention du lecteur sur un point essentiel. En effet, ici Rousseau explique qu’une personne qui ne désire pas se trouvera immédiatement dans une situation pénible qui l’affectera douloureusement. Ainsi, on peut comprendre que d’après lui c’est naturel de désirer et que tout être ne désirant pas, n’obéirait donc pas à son destin : cela le mènerait donc vers un sort funeste, le malheur. Et il n’a pas tout à fait tort car vivre c’est désirer, le désir permet d’éviter l’ennui, le désespoir, donne un but dans la vie et parfois même offre le divertissement. Or on peut constater dans cette phrase un paradoxe, car désirer c’est viser la possession de quelque chose qu’on ne possède pas tant qu’on le désire ; ainsi nous sommes dans le manque d’une chose que l’on juge bonne et le manque renvoie à quelque chose de négatif… Donc comment ne pas avoir de manque peut nous faire souffrir ? Faudrait-il, comme Epicure nous le propose dans Lettre à Ménécée, vivre de notre ataraxie c’est-à-dire l’absence de trouble de l’âme ? Ainsi, Rousseau nous formule une réponse et l’explique implicitement dans la deuxième phrase de cet extrait.

Effectivement, après nous avoir prévenu des risques encourus lorsque nous ne désirons pas, désormais l’auteur nous donne la réponse à notre question précédemment formulée mais de manière sous entendue. Ici, il renverse l’opinion commune en constituant la phrase avec l’expression « pour ainsi dire » ce qui démontre que l’explication qu’il va donner n’est donc pas évidente et naturelle. On remarque donc qu’il définit le malheur par une perte, un vide, un manque. Alors que certains philosophes verraient cela comme un événement positif : le vide renvoie au calme, à la sérénité ; en l’occurrence Rousseau constate qu’une perte conduit au malheur car nos désirs ne sont donc plus considérés et comblés. Or, l’absence du désir mène systématiquement à une perte d’après lui. Finalement, d’après ce raisonnement on rejoint bien la première phrase : on ne désire pas, donc nous sommes malheureux. Cependant, si on essaye de comprendre ce qui est dit implicitement, on remarque que l’homme ou les êtres éprouvants plus généralement du désir sont si souvent privés de ce bonheur (celui intervenant juste après la satisfaction d’un désir) que ce qu’ils ont vraiment en leur possession ne serait que leurs désirs inassouvis ? C’est pourquoi, être constamment à la quête du désir revient à n’avoir finalement que le désir... Dans la suite du texte, Rousseau va annoncer un nouveau paradoxe pour compléter le premier, tout cela venant bouleverser notre vision du désir…

Après avoir analyser les conséquences de l’absence de désir, nous avons vu que cela engendre quasiment systématiquement un mal-être et la création d’un cercle vicieux chez la personne concernée. De plus, dans cette troisième phrase on constate à nouveau un paradoxe « on jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère et l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux » : tout d’abord, on se dit que ce n’est pas conforme à la Doxa puisque à priori le bonheur intervient lorsque le désir est assouvi. En temps normal nous sommes moins heureux lorsqu’on espère quelque chose plutôt que lorsqu’on le possède et ça parait logique ! Habituellement, on souhaite aux personnes qui nous sont chères qu’elles réalisent ce qu’elles désirent dans leur vie ; l’assouvissement d’un désir a une connotation positive dans l’opinion commune. Nonobstant, Rousseau indique le contraire, il a une autre vision des choses, annonçant donc que le bonheur ne réside pas dans la satisfaction du désir mais seulement dans le fait de désirer. Ainsi, on remarque bien dans un premier temps que le bonheur est dans le désir et non dans sa réalisation, comme nous l’avions dit lors de l’introduction de nos propos. Donc on peut bien affirmer d’après ce que dit l’auteur qu’on est heureux avant d’avoir ce qui est censé nous rendre heureux. La suite de l’extrait nous apportera donc des explications et des justifications face à ce paradoxe, alors, nous verrons que l’imagination, dont nous n’avions pas encore parlé, occupe une place très importante dans le fait de désirer quelque chose.

 Est-ce le désir qui stimule l’imagination ?

Précédemment nous avons pu constater que d’après Rousseau le bonheur ne réside pas dans la satisfaction d’un désir mais plutôt dans le désir lui-même ; il faisait donc face à la Doxa, mais grâce à cette quatrième phrase nous allons donc pouvoir découvrir en partie son raisonnement. D’ailleurs, celle-ci débute par un connecteur logique « En effet » cela montre que l’auteur va prouver ses propos et argumenter. Par la suite, il va décrire de façon pessimiste l'Homme, qu’il qualifie d’« avide et borné », donc qui éprouve des désirs démesurés mais qui ne possède pas les capacités nécessaires pour les satisfaire. Vu comme un Être très

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