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Etre conscient de soi est-ce être maître de soi?

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Par   •  27 Décembre 2016  •  Dissertation  •  2 569 Mots (11 Pages)  •  13 392 Vues

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Être conscient de soi est-ce être maître de soi ?

Faisant suite à la remise en cause du géocentrisme au profit de l'héliocentrisme au XVIIe siècle, René Descartes, scientifique et philosophe français, expose son « cogito ergo sum ». En effet, suite à la blessure narcissique de l'homme, Descartes souhaite remettre en cause l'intégralité de ce qu'il connaît, montrant que l'homme peut se fourvoyer d emultiples façons. Il veut repartir sur des bases saines pour étudier les sciences. Il discute par ce doute hyperbolique à la fois les sens, le corps, l'esprit et les sciences. Cependant, le seul fait qu'il lui soit possible de douter, donc de penser, justifie qu'il existe. C'est donc d'ici que vient son fameux « je pense donc je suis » ; pour penser, je dois être, au moment où je pense, où j'en ai conscience, il est forcé que je sois en tant qu'être qui pense. Son doute même sur des choses qui peuvent paraître évidentes (notre corps, notre existence) nous permet de jauger l’ambiguïté de la conscience.

Ainsi, selon Descartes, cette conscience seule peut nous définir, car elle est la preuve majeure de notre existence, si elle nous définit, est-ce pour autant qu'être conscient de soi signifie être maître de soi ?

On peut penser au premier abord que nous sommes tels que notre conscience nous fait, agissant selon celle-ci nous serions « maîtres de nous-mêmes ».

Cependant, ne pouvons-nous observer dans notre vie de tous les jours une influence supérieure à notre perception consciente ? Nous ne contrôlons pas nos rêves, actes manqués et chocs émotionnels. Notre conscience, nos réactions sont souvent conditionnées par notre éducation, notre milieu. De même, nous ne choisissons pas nos goûts que nous exprimons pourtant avec notre conscience. Alors sommes-nous réellement responsables de nous-mêmes, de ce que nous faisons ? Est-ce notre inconscient, notre « part obscure » qui nous contrôle, sans même que nous le sachions ? Nous ne serions alors pas maîtres de nous-mêmes.

Toutefois, n'est-ce pas un peu facile de fuir la responsabilité avec cet argument alors même qu'une responsabilité rejetée (un acte répréhensible) entraîne un rejet moral de la part de notre conscience ? Ne pouvons-nous pas exercer un contrôle, brider la part obscure, se présenter comme sujet responsable, maître de ses actes et de soi ? Cette maîtrise repose-t-elle sur un équilibre de forces ?

I. La conscience nous permet d'être maître de nous-même

A un premier niveau d'analyse, nous pouvons penser que la conscience de nous nous permet de nous maîtriser.

En effet, la conscience de soi nous permet de nous connaître davantage. Prenons l'exemple du prologue d'Enfance, de Nathalie Sarraute : l'auteure instaure ici un dialogue entre sa conscience immédiate, qui veut écrire un roman autobiographique différent des autres, et sa conscience réfléchie, qui montre les difficultés d'une telle entreprise. A travers ce dialogue, Nathalie Sarraute se découvre, apprend à se connaître : elle se rend compte qu'elle est audacieuse et déterminée, et qu'elle veut innover. Sa conscience de soi lui permet donc de se maîtriser : elle sait qu'elle veut écrire un roman, elle sait qu'elle doit se mettre à écrire, chercher l'inspiration... Si elle n'avait pas pris conscience de cela, elle aurait peut-être quand même chercher l'inspiration, mais n'aurait pas compris pourquoi tel événement était si important pour elle, elle ne se serait pas maîtrisée. Il se passe la même chose pour quelqu'un qui cherche l'amour par exemple : si cette personne a conscience qu'elle cherche quelqu'un, elle va analyser toutes les personnes qu'elle rencontre, remarquer leurs défauts et leurs qualités. Si elle n'a pas conscience de chercher l'amour, elle remarquerait quand même les défauts des gens mais ne comprendrait pas pourquoi ce serait si important pour elle de les remarquer, elle ne pourrait pas s'empêcher de le faire, elle ne se maîtriserait pas. Ainsi, la conscience nous permet bien d'être maître de nous même.

Par ailleurs, la conscience nous permet de nous maîtriser puisque c'est grâce à la conscience que nous pouvons faire des choix. C'est ce qu'annonce Bergson dans Energie spirituelle, à travers « si conscience signifie mémoire et anticipation, c'est que conscience est synonyme de choix ». En effet, c'est grâce à notre conscience que nous nous rappelons de notre passé, de nos erreurs, de ce qui a fait que nous sommes devenus qui nous sommes aujourd'hui. C'est parce que nous nous rappelons de notre passé que nous pouvons également anticiper le futur. Si quelqu'un a toujours détesté les mathématiques par exemple, au moment de choisir sa filière, il pourra se projeter dans le futur et se rendra compte qu'il ne peut pas aller en filière S à cause des 8h de maths par semaine. Ainsi, la conscience nous permet de faire des choix, d'être donc responsable, de nous maîtriser nous même : ces choix viennent de nous, dépendent de nous, ce sont les nôtre, c'est nous qui choisissons de faire cela, ou d'être comme ça. Nous avons donc une maîtrise de nous même.

Enfin, nous pouvons penser que la conscience de soi entraîne une maîtrise de soi puisque la conscience nous amène à réfléchir sur nous-même. Comme l'explique Kant dans son Anthropologie du point de vue pragmatique, le je, le moi, est acquis après un retour réflexif sur nous. Au début, quand nous sommes petits, nous nous définissons de la façon qu'ont les autres de nous nommer, le plus souvent il s'agit du prénom (Alex veut manger, Coralie doit sortir...). Mais grâce à la conscience transcendantale, en grandissant, nous voyons comment les autres parlent d'eux et nous faisons pareil : il y a ici un retour réflexif, parce que d'autres le font, nous intériorisons cette démarche et nous faisons pareil, nous disons maintenant « je », « moi ». Or, nous pouvons ici parler de maîtrise, puisqu'à partir du moment où on dit « je », nous devenons le sujet de l'action : c'est moi qui agis, qui fais, qui pense, qui bois, qui mange... Nous maîtrisons donc notre corps, notre nous.

Ainsi, la conscience semble être une composante évidente de la maîtrise de soi. Elle nous permet de nous connaître et ainsi d'agir en fonction de qui nous sommes. Mais la conscience est avant tout un acte de synthèse, qui rassemble en un être

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