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Désirer est ce nécessairement souffrir?

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Par   •  5 Janvier 2018  •  Dissertation  •  1 715 Mots (7 Pages)  •  1 120 Vues

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      Admettre que désirer engendre nécessairement de la souffrance, c'est d'emblée considérer que le désir est un concept unique. D’après Epicure il existe trois catégories de désirs : les désirs naturels et nécessaires comme manger, boire …, les désirs naturels et non nécessaires comme manger raffiné, être bien habillé … et les désirs ni naturels et ni nécessaires comme la gloire, le pouvoir et la richesse.

      Les premiers sont en eux-mêmes bons, parce qu'ils sont faciles à satisfaire et engendrent un plaisir sans cesse renouvelé. L’inaccomplissement de celle-ci, où le désir est nécessaire et naturel, provoque une souffrance d’avantage physique que mentale. Par exemple je désire manger, j’ai donc faim et ne pas réaliser ce désir va provoquer des douleurs à l’estomac, je vais donc tout mettre en œuvre pour manger.

      Les seconds sont potentiellement dangereux, parce qu'ils nous donnent des habitudes faisant dépendre notre bonheur du hasard et de la fortune. La non réalisation de ceux-ci amène à une certaine souffrance mentale. Prenons un autre exemple, je dispose de pâtes mais je désire plutôt manger un hamburger. La non satisfaction de ce désir provoquera en moi un manque et donc une souffrance mentale mais si la souffrance physique se fait ressentir alors je mangerais des pâtes.

Les troisièmes enfin sont à éliminer, parce qu'ils sont en fait corrompus par l'opinion, comme la peur de la mort et la crainte des dieux. La non réalisation de ceux-ci ne provoquera pas forcement de souffrance physique ou mental car ils correspondent juste à une envie globale que l’on souhaiterait bien réaliser mais pour laquelle on ne mettra pas tout en œuvre car leur irréalisation ne pose pas de problème majeur et n’est donc pas source de souffrance. Par exemple, j’ai toujours décidé d’être célèbre, le fait de ne pas l’être n’est pas source de souffrance car ma vie actuelle me convient très bien.

      On remarque dès lors que la souffrance est différente selon le type de désirs. Cela ne signifie cependant justement pas que les désirs ne nous promettent en général que la souffrance : une vie sans désirs, c'est aussi une vie sans possibilité de plaisir, et partant de bonheur. Il faut simplement prendre garde à ne pas désirer n'importe quoi, c'est-à-dire à privilégier les désirs faciles à accomplir : ceux-là nous font endurer un manque douloureux, mais transitoire, alors que leur satisfaction nous procure un plaisir réel et durable. Le fou qui souffre de désirer d'une façon illimitée accuse le désir, alors qu'il n'a en fait à s'en prendre qu'à lui-même : ce n'est pas le désir qui est mauvais, c'est lui qui est faible, ou stupide.

      Désirer, c’est être dans l’attente de quelque chose et donc dans le manque de cette chose. Ce manque peut se traduire par une souffrance. Mais peut-on considérer que l’on désir vraiment si l’on ne souffre pas ? En effet, la quête d’un désir peut provoquer la souffrance ; par exemple je désire avoir le métier dont je rêve, je vais donc travailler d’arrache-pied ce qui va me faire souffrir. Si je réussi alors la souffrance se transformera en plaisir. De plus, plus la souffrance aura été intense et plus le plaisir sera grand. Cependant si l’on ne réussit pas alors la souffrance endurée aura était impossible et grandira encore à la vue de l’échec. On peut comparer ça à un sceau percé, il se videra plus vite qu’on le remplira. L'homme qui se met en tête de le satisfaire est comparable à celui qui, piqué par un moustique, cède à la tentation de se gratter. Plus je gratte la piqûre, plus elle me gratte, et plus j'ai envie de la gratter : celui qui prend la mauvaise habitude de céder à ses désirs devient de plus en plus faible à leur égard, et partant de moins en moins capable de leur résister.

     On remarque que le désir se rapporte souvent à la souffrance mais ne peut-il pas exister sans ?

      En effet désirer peut exister sans forcément sous-entendre « souffrir ». Et heureusement car l’homme a de nombreux désirs insatisfaits et sa vie ne serait alors que souffrance. Pour l’épicurisme, la maîtrise des désirs peut consister dans la connaissance et la sélection des bons et mauvais désirs. La nature du désir dépend de l’objet convoité. Par exemple, je désire manger un hamburger mais je ne le ferais pas car je désire encore plus rester mince, je prendrais alors des légumes. Autre exemple, lorsque je fais un régime je désire alors ne pas manger trop gras dans le but de répondre aux attentes du régime. Ainsi restreindre certains désirs va indirectement me donner une autre sensation de plaisir car j’aurais accompli un autre désir. Seuls les désirs naturels et nécessaires, donc les besoins, doivent être satisfaits si l’on veut éviter les souffrances. En effet, les désirs non naturels et non nécessaires tels que la gloire, les richesses ou le pouvoir, sont bien souvent des désirs superflus qui ne peuvent qu’encourager la corruption. Épicure essaye d’encourager la pratique de la tempérance et de la vertu en lui donnant la figure d’une promesse de bonheur. Ainsi on pourrait avoir certains désirs sans souffrir parce qu’on choisirait les bons objets à désirer. Or le désir n’est pas une faculté de la raison comme la volonté, qui implique un choix délibéré. Le désir trouve sa source dans la sensibilité humaine et ne se commande pas. Mais l’on peut renoncer à la satisfaction du désir plutôt qu’au désir lui-même.

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