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Dissertation sur le Désir

Dissertation : Dissertation sur le Désir. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Janvier 2019  •  Dissertation  •  1 866 Mots (8 Pages)  •  455 Vues

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Sujet : Le Désir me distingue-t-il des autres ?

        Il n'est pas difficile de faire le constat de l'omniprésence du Désir dans nos vies. Au quotidien, nous sommes portés ou tourmentés par une envie d'obtenir ce vers quoi nous sommes attirés. Cet objet qui brille au loin, nous lui trouvons une beauté toute particulière, et nous avons une envie irrépressible d'essayer de l'atteindre, de le posséder. La souffrance liée à l'absence de cet objet et de sa relative méconnaissance nous pousse parfois à souhaiter l'éradiquer. Dans toute sa complexité, le Désir est présent et permet un lien entre l'individu et le monde qui l'entoure. « Je » désire, au-delà de « j'existe ». Cette notion d'individualité pousse la réflexion à la distinction d'un individu par rapport aux autres par le Désir. Celui-ci est-il une caractéristique propre à une personne, qui la différencie du reste des êtres humains. Quand être Homme semble rimer avec désirer, nous pouvons nous poser la question suivante : le Désir affirme-t-il ma singularité ? Il est intéressant de réfléchir à un problème de recherche d'individualité, en d'autres termes, savoir si la singularité du « Moi » est la conséquence ou non de l'expression du Désir. Nous tenterons, tout d'abord, de voir s'il est possible de dire que nous désirons tous et si la plupart de nos désirs sont de même nature ou non. Ensuite, nous verrons si notre unicité est prouvée par l'expression de nos désirs et les différences à ce propos entre les Hommes. Enfin, nous tâcherons d'exposer un point de vue légèrement plus étoffé, sur les conditions par lesquelles le Désir peut être individualisé, en y ajoutant une notion de Beauté.

        Tout d'abord, l'Homme est un être de Désir. Il est impossible de nier que nous sommes tous attirés par un objet, qui a de la valeur à nos yeux. Souvent associé au mystère, puisque nous ne le possédons pas, l'objectif, le but ultime est l'obtention de celui-ci. Nous pouvons donc considérer, comme Spinoza, que le Désir est « l'essence de l'Homme ». Il n'est pas impossible de confirmer et de prouver cette hypothèse, grâce à Freud, qui va se pencher sur une caractéristique que nous avons tous en commun. En effet, le complexe d’œdipe théorisé et développé par le père de la Psychanalyse, naît à partir du bien connu mythe d’œdipe. Selon lui, tout individu a éprouvé pendant l'enfance un sentiment de désir pour le parent de l'autre sexe et d'hostilité et de jalousie pour le parent du même sexe. Il va de soi que Freud associe donc à l'idée de Désir une forme de déterminisme, dont il trouve des fondements psychiques. A la suite de notre vie, nous sommes déterminés par l'impossibilité d'un tel amour, de l'accomplissement de notre désir premier. Ainsi, nous reporterons notre désir, pour la plupart des personnes, sur une figure masculine pour un individu de genre féminin, et une figure féminine pour un individu de genre masculin. Cette figure est sensée tenter d'égaler celle à laquelle nous vouions une passion aveugle et transcendante, des années auparavant. Il n'est pas absurde de préciser que la notion d'Inconscient est primordial dans cette vision du Désir. Ce discours, honnête par essence, est censuré à la Conscience, et dans l'impossibilité de s'exprimer. D'après le Psychanalyste, à cause du complexe d’œdipe, chaque être humain se construit autour d'un manque originaire. Par conséquent, l'histoire du sujet est l'histoire de sa recherche d'un « objet a » (un fantasme, un idéal plus qu'une réalité) qui va prendre la place de ce manque. Notre existence est donc déterminée par la poursuite de cet objet, faisant de l'Homme la victime d'un déterminisme psychique absolu. Ainsi, nous désirons tous, et la plupart de nos désirs sont de la même nature. Pour donner un exemple plus concret, nous désirons tous l'amour d'Autrui. L'autre, personne extérieure à nous, fait souvent l'objet des désirs les plus passionnels, à travers le sentiment incontrôlable d'Amour. De plus, un autre phénomène ramène ce concept de Désir à une généralité humaine. Celui-ci est créé par une société de consommation toujours plus encline à susciter le Désir chez l'humain fondamentalement influençable. Est désirable ce qui est désiré par les autres, et nous retrouvons attirés par les mêmes choses : ce qui est désiré par quelques uns est considéré comme Beau par la suite, par un plus grand nombre. La projection d'un point de vue subjectif sur un objet se réalise (sur un parfum, par exemple) et adopté par mimétisme, à cause d'un effet de mode et à l'aide de la publicité, par d'autres. La fatalité de la présence du Désir dans l'Esprit humain ainsi que la nature de celui-ci peuvent toutefois être contestées.

        Tout Homme désire, certes, mais chaque Désir est propre à une personne unique. « Je » désire donc mon Désir est singulier, et se distingue de celui d'Autrui. Nous désirons des choses parfois radicalement différentes selon notre expérience, notre personnalité, notre éducation, notre milieu social... Si ma Conscience désire obtenir l'Amour d'une personne X, il est rare que la personne vers laquelle notre attirance est tournée soit la même que quiconque. Et même si cela est le cas, nous pouvons penser à un homme toujours amoureux de son ex-femme qui elle, a refait sa vie avec un autre homme, les deux hommes n'ont pas la même façon d'appréhender le Désir de partager l'Amour de cette femme. L'unicité du Désir ne se fait pas forcément par la particularité de l'objet désiré, de l'astre contemplé, mais parfois par l'expérience personnelle qui nous a poussée à nous tourner vers celui-ci. Un objet communément désiré par plusieurs personnes ne rend pas les passionnés semblables pour autant. A cette réflexion, nous pouvons ajouter la notion de Bonheur : par le Désir, on peut se demander si le Bonheur peut-être atteint. Le Bonheur, un état durable et équilibré de satisfaction, semble s'opposer à la joie que procure celle d'un Désir. Le rapprochement entre ces deux concepts est pourtant souvent fait par de nombreux philosophes. Selon Platon, les Désirs ne peuvent même pas être satisfaits « ici », dans le monde des « phénomènes », sur Terre. Seul le monde parfait, idéal des « idées », peut être le théâtre d'une telle opération. Ainsi, il exclut toute notion de Désir inconscient, présente plus tard dans la Psychanalyse. Pour les Stoïciens, dont Épictète est un des piliers, le Désir doit être éradiqué car il crée un manque, un espoir de changement et va contre la volonté d'accepter le sort qu'est le nôtre. Le Désir est une souffrance, en tous points, et le détachement, pourtant douloureux, est la meilleure façon d'accéder au Bonheur. Pour vivre heureux, donc, il suffit de ne vouloir que ce qui doit arriver. Le Destin, auquel croit l'école stoïcienne, doit être accueilli, accepté, aimé (Amor Fati). Ainsi, une autonomie totale face au Désir amène le Bonheur. Les choses qui ne dépendent pas entièrement de nous sont inévitables, et nous devons renoncer au Désir d'aller contre la Nature pour être heureux. Par exemple, si pour un individu, le Bonheur consiste à avoir un beau corps, en bonne santé, qui ne vieillit pas il ne sera jamais heureux. Il faut se passer d'un Désir de changer son Destin pour être sûr de l'être. Au contraire, les visions épicurienne et spinoziste considèrent le concept tout à fait autrement, de manière plus positive. Pour Épicure, le Désir rend heureux mais il faut les sélectionner et savoir trouver du Bonheur dans les petites satisfactions quotidiennes, dans un idéal d'ataraxie, c'est-à-dire de tranquillité et d'équilibre du corps et de l'esprit. Spinoza, quant à lui, voit le Désir comme la conscience que l'on a de son Appétit, de l'effort de l'âme et du corps pour vivre, maintenir sa condition. Il est donc matériel, rationnel et positif, véritable élan vital qui nous pousse en avant, est moteur de l'action humaine et créateur de valeur. Ainsi chacun est libre de se faire sa propre idée du Désir, d'y voir quelque chose d'épanouissant ou de destructeur, ou probablement des deux...

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