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Discours sur l’Origine et les Fondements de l’inégalité parmi les Hommes

Commentaire de texte : Discours sur l’Origine et les Fondements de l’inégalité parmi les Hommes. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Mars 2016  •  Commentaire de texte  •  1 850 Mots (8 Pages)  •  1 993 Vues

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Originaire de la République de Genève, Jean Jacques Rousseau se destinait à une carrière musicale. Loin d’être aussi brillant de Rameau, il est cependant à l’origine de compositions et d’innovations musicales de premier ordre. Mais il restera célèbre dans le domaine littéraire et philosophique, faisant de lui un des philosophes les plus influents du 18ième siècle, siècle des Lumières. Il a contribué à une réflexion dans le domaine de l’éducation, de la politique mais également du fondement de la nature humaine. C’est précisément de ce dernier sujet que traite l’extrait issu de Discours sur l’Origine et les Fondements de l’inégalité parmi les Hommes dont nous sommes en présence.

Rousseau y expose son point de vue quant à la différence entre l’Homme et l’animal : ce qui les différentie sans contestation est la capacité qu’a l’homme de se perfectionner. Une fois cet élément argumenté, Rousseau poussera sa réflexion à l’extrême, quitte à adopter une position singulière dans ce siècle des Lumières tout à la cause du savoir. Il se pose deux questions essentielles : cette perfectibilité est-elle une fonction continuellement croissante, et, cette capacité à se perfectionner est-elle réellement source de progrès ?

Nous évoquerons et discuterons tout d’abord l’argumentaire de Rousseau quant à la caractéristique différentiente de l’Homme : sa capacité à se perfectionner. Ensuite nous aborderons, à la suite des questions de Rousseau, la perfectibilité sous l’angle de ses faiblesses et ses dangers.

Quelle est la nature humaine et qu’est ce qui la distingue de l’animal. Rousseau aborde ce thème de façon innovante. Nous pouvons supposer qu’il avait en tête les caractéristiques de ce qui fait l’homme : intelligence, langage, capacité artistique, religion, etc. et qui le différentient de l’animal.

Rousseau semble rejeter les différentes explications de la nature humaine (capacité à raisonner, aboutissement ultime et perfectionné de l’animal, etc.). D’emblée Rousseau se positionne très clairement sur la différence entre l’homme et l’animal : c’est la capacité à se perfectionner. L’auteur insiste fortement sur cette affirmation : « qualité très spécifique », « il ne peut y avoir de contestation ». Cette caractéristiques est à ce point exclusive qu’elle réside « tant dans l’espèce que dans l’individu ». En outre, Rousseau souligne que la perfectibilité est source de développement de « toutes les autres » caractéristiques (sous entendues, le langage, la musique, l’art, la religion, etc.)

Ainsi la capacité de se perfectionner est non seulement universelle dans le temps et l’espace (individu comme espèce) mais la seule fondatrice (à l’origine de toutes les autres).

La démonstration de Rousseau est rapide. L’animal atteint en très peu de temps la plénitude de ses capacités. Son développement se base surtout sur l’instinct. L’animal naît, programmé par une espèce de code naturel. Il n’a pas besoin d’inventer ou d’apprendre. Il dispose de tout ce qu’il doit savoir pour pouvoir vivre correctement. Il a tous les outils en main et est opérationnel de façon rapide. Le poulain ne se lève-t-il dans l’heure qui suit sa naissance. Ainsi il est « au bout de quelques mois ce qu’il sera toute sa vie ». De plus, l’histoire et le temps n’ont pas d’influence particulière sur l’animal. L’abeille de l’époque des Romains bourdonne et danse exactement de la même façon que celle du XXIème siècle. C’est ce que souligne Rousseau en disant que son espèce est « au bout de 1000 ans ce qu’elle était la première année de ces 1000 ans ».

L’animal, avec son code naturel et son instinct, semble donc être bien avantagé par rapport à l’homme qui, à la naissance dépend de tout et ne sais rien faire. Le nourrisson est démuni et requiert le plus grand soin. Sartres dira plus tard qu’il est « originairement néant ». Par contre, comme Rousseau le souligne, l’avantage de l’animal devient par la suite un inconvénient car il ne progressera jamais (sauf si on le dompte et le domestique) et ne sera jamais libre. L’animal est et ne devient pas.

L’homme au contraire perd son inconvénient de ses débuts pour acquérir un avantage indéniable. L’homme n’est pas, il devient.

En première approche, l’analyse de Rousseau ne semble pas être source « de contestation ». Les animaux sont achevés et parfaits en regard de leur modèle. L’homme est en construction, en devenir. Toutes ses aptitudes, et ce qui le différentie procède de son apprentissage, son éducation. Pour lui le code culturel est plus important que le code naturel. Pourtant la démonstration est particulièrement délicate et forcément sujette à discussion. En effet, il est bien difficile de discerner l’homme naturel, disons « pur » de l’homme tel qu’il est, dans un milieu, une culture, un contexte. Rousseau doit essayer de démêler et séparer les éléments liés à l’histoire de ce qu’il y a d’originaire en nous. C’est ce qu’il appelle « l’état primitif ».

A priori, Rousseau explique que l’homme progresse grâce à sa faculté de se perfectionner. Mais en fait, si par hypothèse, nous laisserions l’enfant séparé de ses parents, de ses éducateurs, de son environnement et son histoire, il ne progresserait pas du tout. L’homme n’est pas le résultat d’un nature (ou d’un code) mais le produit d’une histoire et d’un contexte, d’un héritage culturel. Sans le contexte, le milieu et disons une famille, l’homme ne progresserait pas. Sa faculté de se perfectionner ne serait alors qu’un élément d’accélération de ses progrès et non un élément essentiel au progrès lui-même. Au fond c’est bien ce qu’exposait Platon dans l’Allégorie de la caverne. L’homme, malgré toutes ses facultés de perfectionnement, reste diminué s’il n’y a pas un élément

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