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Aimer et haïr

Fiche de lecture : Aimer et haïr. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  18 Octobre 2022  •  Fiche de lecture  •  1 460 Mots (6 Pages)  •  232 Vues

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Aimer et hair :

PEUT-ON AIMER SANS HAÏR ?                                   

 A.Position du Problème:     

            De prime abord, la question peut sembler étonnante . En effet, lorsque l’on aime, apriori on ne hait pas, puisque l’amour et la haine sont des sentiments opposés . Donc, soit on aime, soit on hait, mais on n’éprouve pas ces deux affects de manière simultanée . Pourtant, on sait également qu’il peut exister une ambivalence des sentiments . De fait, on peut aimer une personne et en même temps la haïr parce que, par exemple, on considère qu’elle ne nous aime pas ou pas assez . C’est ce qui arrive en réalité bien souvent et la situation étonnante est peut-être celle qui connaît un amour sans aucune ombre de détestation .                         

B.La difficulté d'aimer d'un amour pur :

          L’imagination se repaît de représentations idylliques en matière d’amour. La littérature, la poésie, le théâtre, les arts en général nous invitent d’ailleurs à nous y complaire . Ainsi, sommes-nous nombreux à rêver ou à avoir rêvé de cet amour idéal qui coulerait ainsi un long fleuve tranquille, apaisé et harmonieux . Mais nous savons aussi qu’il s’agit justement de doux rêves et que la réalité vient très souvent contredire cette image doucereuse .En effet, même si nous faisons tous les efforts possibles pour vivre des amours sans ombrage, il n’en demeure pas moins que même dans une union très fusionnelle, on a toujours affaire malgré tout à deux subjectivités bien distinctes qui doivent trouver des terrains d’entente, faire des compromis, jouer et tenir compte des attentes de l’autre . L’amour complètement idéal serait celui qui ne souffrirait aucune distorsion, aucune distance, qu’elle soit temporelle ou spatiale, aucun délai, bref ce serait l’amour complètement immédiat, comme l’accès à notre propre conscience l’est . Mais, du fait de deux subjectivités en présence, l’immédiateté n’est pas possible, il y a forcément médiation . Et du même coup, il peut y avoir retard, incompré-hension, décalage et donc en même temps regret, attente, déception .Cette impossible totale fusion va donc, avec le temps, nécessairement éloigner les amants, d’attente en attente, de regret en regret, de déception en déception . Bien sûr, deux êtres qui s’aiment d’un amour fou et sincère vont tout faire pour empêcher cet éloignement progressif, ils vont tout faire pour rester comme « accrochés » l’un à l’autre . Peut-être vont-ils même se maintenir un certain temps dans cette illusion spectrale, où chacun se contemple et ne veut pas perdre l’autre de vue . Mais souvent, le miroir finit par se briser et la rancœur, la rancune, parfois la haine, trouvent alors leur place .

C. Souvent, amour et haine cohabitent

La question qu’il faudrait ici nous poser est la suivante : pourquoi deux êtres s’aiment-ils ? Quel est le sens de l’amour ? À quel besoin ou désir humain répond-il ? Nous sommes attirés par d’autres humains, car nous avons besoin de leur reconnaissance . Plus précisément, nous avons besoin qu’ils reconnaissent, qu’ils attestent notre existence . C’est pourquoi nous les aimons et voulons qu’ils nous aiment . Et pour que cela soit plus certain, nous jetons notre dévolu sur un autre en particulier pour que la relation soit privilégiée, plus intense et dans une réelle et exclusive réciprocité .Pour exister, nous avons donc besoin du regard de l’autre, nous avons besoin  qu’ils  nous  reconnaissent  comme  conscience  et  donc  comme  liberté, et pas comme une chose parmi les choses . Nous voulons éviter l’objectivation de notre être et en assurer la reconnaissance par une autre liberté . Mais la difficulté est que l’autre désire la même chose et que lorsque c’est avec sa liberté qu’il me considère, je deviens objet pour lui et quand c’est moi qui le regarde, il devient à son tour objet pour moi . Pour qu’une reconnaissance simultanée puisse être possible, il faudrait que deux libertés comme telles puissent coexister, mais cela est impossible, car elles se ravissent réciproquement le monde.  «  Ainsi sommes-nous renvoyés indéfiniment de l’autre-objet à l’autre-sujet et réciproquement ; la course ne s’arrête jamais », nous dit Sartre dans L’être et le néant . C’est cette course qui constitue notre relation à l’autre . Nous sommes toujours dans une de ces attitudes et nous sommes toujours insatisfaits, dans un état d’instabilité que nous détestons, car nous ne pouvons jamais nous placer sur le plan où la reconnaissance de la liberté de l’autre entraînerait par l’autre la reconnaissance de notre liberté . Même dans l’amour le plus sincère, l’autre est insaisissable, il me fuit quand je le cherche et me possède quand je le fuis . La haine, non pas pour l’autre finalement, mais la haine pour notre condition peut alors atteindre son paroxysme et se retourner contre l’être aimé qui, jamais, ne peut être à la hauteur de notre attente.

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