L'EPS

AMP

Dans cette première partie, nous verrons que l’EPS relève d’un enseignement de techniques corporelles.

En tant que discipline d’enseignement régie par les programmes, l’EPS répond aux finalités du système scolaire et participe, par conséquent, à la construction d’une culture commune. Ainsi, il est de sa mission de transmettre aux élèves des techniques sportives constitutives de la culture physique. En effet, « les techniques du corps ne sont pas n’importe quel enchaînement de mouvements relevant du flux d’activité d’un individu, mais des actes finalisés et ayant une signification partagée entre membres d’une communauté » (Mauss, 1934). Elles sont donc socialement et culturellement située.

Par ailleurs, le système scolaire vise la réussite de tous les élèves, il est donc primordial que les élèves s’engagent dans l’activité. D’après Meirieu, « Rien ne s’enseigne que l’élève ne désire apprendre, rien ne s’apprend qui ne requiert son engagement » (Le plaisir d’apprendre, 2014). Ainsi, l’enseignant a pour principale mission de susciter et d’entretenir la motivation chez chacun de ses élèves. Pour cela, il doit mettre en œuvre des procédures d’enseignement suscitant l’envie d’agir notamment en donnant du sens à leurs apprentissages. L’enseignement des techniques sportives semble donc pertinent car elles ont une représentativité culturelle et sociale porteuse de sens pour les élèves.

Enfin, l’EPS a pour finalité de former des citoyens autonomes, physiquement et socialement éduqués (BO spécial n°11, 2015). L’une des spécificités de l’EPS est donc d’induire le progrès moteur de l’élève. Or, d’après G. Vigarello et J. Vives (1983), « la technique est l’ensemble des moyens transmissibles à mettre en œuvre pour effectuer le plus efficacement une tâche donnée ». De ce fait, la technique est un savoir-faire productif nécessaire pour progresser et atteindre de façon efficace et économe des résultats préalablement fixés dans une situation donnée.

Néanmoins, l’enseignement des techniques sportives en EPS fait débat.

De nos jours, les programmes sont définis sous forme de compétences transversales visant le réinvestissement des apprentissages dans la vie en société. La compétence est définie comme un système complexe de ressources permettant d’être efficient dans une situation complexe (Delignières, 2014).  Or, d’après A. Fabre « La technique est l’expérience individuelle dépersonnalisée, transmise et capitalisée, une manière de faire séparer de ses raisons de faire. La technique, par sa rigidité, s’oppose ainsi directement au caractère novateur de l’activité individuelle d’adaptation » (1972). De ce fait, la technique normative est constitutive de la compétence mais n’est pas suffisante pour maitriser, à elle seule, un projet complexe et s’adapter à des situations nouvelles.

Par ailleurs, « L’éducation physique et sportive ne se confond pas avec les activités physiques qu’elle propose et organise » (IO, 1985). De ce fait, les APSA et les techniques normatives qui lui sont associées ne sont pas une finalité constitutive de la discipline mais un moyen visant essentiellement le progrès moteur des élèves. « L’EPS ne s’appuie pas sur une matière préexistante et constituée hors d’elle-même ; elle repose, au contraire, sur des activités et des gestes dont elle légitime l’emploi ». De ce fait, bien que le sport et ses vertus jouent un rôle reconnu dans la formation de la personne, il demeure un outil, parmi tant d’autres, pour servir des objectifs qui ne lui appartiennent pas (Delignières, 2016).

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