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Pourquoi l'internationale ?

Dissertation : Pourquoi l'internationale ?. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  23 Juin 2022  •  Dissertation  •  3 645 Mots (15 Pages)  •  235 Vues

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Pourquoi l’Internationale ?

par CB

le 19/045/22

Les loups sont de animaux sociaux qui ont développé une technique de chasse en meute par laquelle chaque individu coordonne son action avec ses congénères avec pour objectif collectif de terrasser leurs proies [1]. De même, à un niveau supérieur chez les humains, une organisation est un groupement formé d’individus en interaction, ayant un but commun. Elle se caractérise par une régulation plus ou moins formelle des rôles de chacun au sein de celle-ci. Le besoin de l’organisation se retrouve dans toutes les actions humaines. L'organisation de quelque chose désigne l'action d'organiser (structurer, délimiter, agencer, coordonner, répartir ou articuler). En ce sens, il s'agit d'un processus social —de nature anthropologique [2] — qui fonde la « vie en commun » de toutes les sociétés.

L’une des premières lois promulguées par la Constitution monarchique de 1791 a été la loi Lechapelier [3] qui sous prétexte de détruire les corporations de l’ancien régime fût d’interdire aux sans-culottes le droit de se regrouper ; en un mot de s’organiser. Ainsi, la bourgeoisie qui prenait le pouvoir marquait sa toute puissance en même temps qu’elle construisait un État qui lui assurait l’organisation de sa domination de classe. Des jacqueries du moyen-âge au révoltes populaires de l’aube du capitalisme le but des classes dominantes est d’entraver les révoltés dans toutes leurs tentatives de regroupement dans l’espace (la jonction avec d’autres groupes d’exploités) et dans le temps (tirer les enseignements et préparer les futurs combats), en un mot de s’organiser. C’est ainsi que la conscience de classe est déterminée par les modes d’organisations ; la conscience de classe de la bourgeoisie procède dans l’organisation étatique de son armée, de sa police, de sa justice et de ses prêtres de l’action psychologique (églises, presse, médias). Le prolétariat privé d’organisations n’a pas de conscience de classe ! Même s’il en ressent le joug, individuellement chaque prolétaire est isolé face à la totalité de la classe bourgeoise, représentée par l’État. Ce n’est que lorsque les prolétaires construisent des organes de résistance contre la violence capitaliste (comités de grève, caisses de solidarité, comités d’action, collectifs, bourses du travail, mutuelles, syndicats, partis…) qu’ils acquièrent la conscience de leur classe —de la classe en-soi (éparpillé dans les fonctionnalités de la production) à la classe pour-soi (défendre collectivement ses conditions d’existence) — se pose alors la question de l’organisation indépendante des prolétaires.

Ce sont les révolutions ouvrières qui déferlent dans toute l’Europe au printemps 1848 [4], en France, en Allemagne, en Italie, en Autriche, en Hongrie, en Roumanie, en Pologne et même en Suisse qui signent la prise de conscience des intérêts communs des prolétaires, et l’impérieuse nécessité de l’organisation des ouvriers par-delà les frontières. Déjà, dès 1846, un Comité de correspondance communiste avait été créé à Bruxelles, notamment par Marx et Engels, afin d'établir un lien entre les différents groupes de militants révolutionnaires. Lors du congrès tenu du 2 au 9 juin 1847, l'ancienne organisation se transforme en « Ligue des communistes » et lors de son deuxième congrès en février 1848 elle adopte le Manifeste du Parti Communiste [5] avec exhortation finale : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » quelques semaines seulement avant l’embrasement révolutionnaire de l’Europe. La défaite des révolutions de 1848 en Europe entraîna la répression de tous les mouvements ouvriers sur le continent et l’Angleterre, jusqu’au moment —16 ans plus tard— où un nouveau soulèvement du mouvement ouvrier donna naissance à l’Association Internationale des Travailleurs [6] en 1864 à Londres.

La 1ère  Internationale

Dès les débuts de la révolution industrielle en Angleterre —vers 1750— se constitue sporadiquement des unions de métiers (Trade Union) qui regroupent des ouvriers pour demander de meilleurs salaires face à la maîtrise. Mais il faut attendre 1826 pour que la Couronne britannique autorise ces « unions ». Dès 1833 est créée la « Great Consolidated Trade Union » regroupant tous les corps de métier, même les ouvriers agricoles, avec déjà 500 000 adhérents. Les trade-unions sont à l’origine des syndicats ouvriers [7]. Par leur nature, les syndicats visent à regrouper tous les travailleurs —de quelques obédiences philosophiques ou politiques— pour la défense de leurs conditions matérielles d’existence face au patron capitaliste dans les entreprises et les branches d’industries, mais ils leurs manquent une perspective politique [8] face à l’État qui représente tous les patrons capitalistes. Cette perspective s’incarne dans la construction de partis politiques de la classe ouvrière (la classe pour soi) dont l’objectif est la conquête du pouvoir.

La création de partis ouvriers est marquéé par l’histoire des premiers projets de sociétés utopistes qui visaient à construire des sociétés idéales [9] et dont la pierre d’achoppement est la non prise en compte de l’État comme outil de domination de la bourgeoisie. Ainsi dès sa création la 1ère Internationale va être marquée fondamentalement par deux courants : les « mutuellistes » chers à Pierre-Joseph Proudhon ainsi que les « collectivistes » de Mikhaïl Bakounine, qui s’en distinguent peu, et les « communistes » autour de Karl Marx [11].

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