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Conjurer la peur / Essai sur la force politique des images

Fiche de lecture : Conjurer la peur / Essai sur la force politique des images. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Mars 2022  •  Fiche de lecture  •  2 528 Mots (11 Pages)  •  410 Vues

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Lara NOUSSAIR        Histoire Géo GéopolitiqueNovembre 2019

Fiche de lecture Conjurer la peur. Essai sur la force politique des images, Sienne, 1338. Patrick BOUCHERON,

Octobre 2013, Editions du Seuil

Introduction

Le livre offre à la fois une vision globale et dans ses détails de l’œuvre peinte en 1338 par Ambrogio Lorenzetti pour décorer la salle de la Paix du Palais communal de Sienne. Le fil conducteur du livre est la réflexion sur la force politique des images principalement à travers  le climat d'urgence suscitée à cette époque et qui donne à l’œuvre toute sa puissance, son sens politique et son actualité.

Patrick BOUCHERON explique son travail d’historien lors d’un entretien avec reconstruire.org :

 « cette pièce est historique, elle est faite d’images, elle a été peinte en 1338 et obsessionnellement on dit « je suis historien donc je dois restituer cet événement de peinture ».  Ce n’est pas une peinture « de 1338 » mais une peinture « depuis 1338 ». Sinon, on ne la verrait plus aujourd’hui. Elle a été reprise, repeinte, d’autres l’ont regardée, on la voit avec toutes les épaisseurs du temps. Je suis donc dans une pièce depuis 1338, mais quand même, je me cogne aux murs et j’essaie de me souvenir qu’un historien c’est quelqu’un qui met toujours à distance les affects. ». En effet, Patrick BOUCHERON essaie de prendre de la distance mais la puissance de l’œuvre impose que son ouvrage à commencer par son titre Conjurer la peur soit une sorte de pratique d’une histoire inquiète. Sa démarche reste celle d’un historien comme il le précise dans un entretien avec  nonfiction.fr :« Ce qui m’arrête devant l’œuvre d’art, c’est qu’on est face à elle comme on est devant le temps. ».

A travers cet ouvrage rédigé sous forme d’enquête sur la fresque d’Ambrogio Lorenzetti, Patrick BOUCHERON s’intéresse également aux mécanismes qui expliquent la place occupée par la peur au cœur de la pensée politique à Sienne à la fin du Moyen Âge. À l’époque, les Siennois craignaient que le régime autoritaire de l’époque, la seigneurie, ne tourne à la tyrannie. Au travers de sa fresque, Lorenzetti restitue cette inquiétude en représentant un gouvernement idéal et son opposé tyrannique, conduisant à la ruine, afin de désigner de façon tangible le danger qui guette la cité.

Biographie

Patrick Boucheron est né en 1965, à Paris. Après des études secondaires au lycée Marcelin-Berthelot (Saint-Maur-des-Fossés) puis au lycée Henri-IV (Paris), il entre à l’École normale supérieure de Saint-Cloud en 1985 et obtient l’agrégation d’histoire en 1988. Il a soutenu en 1994 sa thèse de doctorat d’histoire médiévale à l’université de Paris-I Ponthéon Sorbonne.

Spécialiste en histoire médiévale et de la Renaissance, particulièrement en Italie. Il a occupé plusieurs postes d’enseignement supérieur essentiellement à l’université de Paris-I Ponthéon Sorbonne et y a été élu en 2012 professeur d’histoire du Moyen Âge.

Il est président du conseil scientifique de l’École française de Rome depuis 2015 et a été élu la même année Professeur au Collège de France sur la chaire Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle.

Ses travaux ont porté essentiellement sur l’histoire urbaine de l’Italie médiévale, l’analyse de la sociologie historique de la création artistique notamment sur la peinture politique et l’analyse des systèmes de pouvoirs.

Ses ouvrages les plus importants sont : profession d’historien (Paris, Publications de la Sorbonne, 2010 et 2016), Léonard et Machiavel (Verdier, 2008, rééd. 2013), L’Histoire du monde au XVe siècle (Fayard, 2009, 2013), Histoire mondiale de la France (Le Seuil, 2017), L’entretemps. Conversations sur l’histoire (Verdier, 2012), Conjurer la peur. Sienne 1338. Essai sur la force politique des images (Seuil, 2013, rééd. 2015) et La Trace et l’aura. Vies posthumes d’Ambroise de Milan (IVe-XVIe siècles) (Seuil, 2019).

Patrick BOUCHERON occupe en outre différents postes notamment directeur des Publications de la Sorbonne,  membre du comité de rédaction de la revue L’Histoire depuis 1999, conseiller éditorial aux éditions du Seuil, etc.

Il intervient également très régulièrement sur France Culture et collabore au magazine L’Histoire et au journal Le Monde. Il s’investit à défendre la voix d’un discours engagé et savant au cœur des usages publics de l’histoire à travers des propositions radiophoniques (Un été avec Machiavel, France Inter/Les Équateurs, 2017, ou Matières à penser sur France Culture, émission dont il est producteur) ou télévisuelles (Quand l’histoire fait dates, série de dix documentaires produits par les Films d’Ici pour Arte, 2018).

Contexte

Les nombreuses similitudes entre le contexte post-traumatismes 2012/2013 (terrorisme, crise financière, etc) des sociétés démocratiques occidentales et le contexte de Sienne ont eut être inspiré Patrick BOUCHERON. Son intérêt pour l’œuvre date de 2005 où il y a déjà conscré un article dans la revue Annales, Histoire, Sciences Sociales.

Dans cet article, l’auteur parlait déjà de la force d’actualisation de l’œuvre : « Tout ceci, pourtant, ne doit pas nous faire perdre de vue l’essentiel : l’extraordinaire actualité de la fresque, c’est-à-dire sa capacité continue d’actualisation, le fait qu’au-delà même de son contexte de production, elle demeure captivante, troublante, poignante »

Dès 2005, l’auteur évoquait les sentiments de peur et d’urgence

« Dans les années 1330, à Sienne, le spectre de la tyrannie rôde et menace la république. Lorenzetti en fait une « rumeur de fond » qui embrume sa fresque : elle persiste aujourd’hui ».

Ouvrage

Dans cet ouvrage, Patrick Boucheron explore et repousse les limites de la discipline historique à travers un  mélange habile et subtile de littérature et d’histoire.

Il s’agit d’une interprétation plus qu’une description des peintures, et c’est bien là d’un essai d’un historien qu’il s’agit, et pas une analyse d’un historien d’art. l’ouvrage est écrit dans un style oral et délié avec un effet de discussion rythmé avec le commentaire filé des détails de l’œuvre et ses multiples dimensions .

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