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Concentration de Mauthausen

Commentaire de texte : Concentration de Mauthausen. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Février 2016  •  Commentaire de texte  •  1 747 Mots (7 Pages)  •  635 Vues

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Le document que nous devons analyser est constitué de deux courts extraits. Le premier provient de l’avant-propos de

l’ouvrage de Michel Fabréguet consacré au camp de concentration de Mauthausen. Il a été écrit par Jean Gavard, déporté à

Mauthausen (Gusen) pour fait de résistance. Nous aurons donc le point de vue d’un héros de la Résistance devenu victime de

la déportation, soucieux néanmoins de vérité historique. La seconde partie du document est un extrait de l’article de Denis

Salas publié par les éditions Autrement dans "Barbie, Touvier, Papon. Denis Salas est magistrat ; il nous donnera le point de

vue des juges à partir du moment où les déportés raciaux ont pu faire entendre leur voix par le biais des procès.

Ces deux extraits évoquent les différentes formes revêtues par la mémoire ou les mémoires de la déportation en France depuis

la Libération. En effet, cette mémoire est plurielle : déportation de répression contre les résistants et déportation de persécution

contre les Juifs et les Tziganes. Par ailleurs, ils évoquent le rôle des historiens, des témoins et de la justice sinon des juges.

Nous analyserons ce texte en rappelant tout d’abord les différentes étapes de la reconnaissance des mémoires de la

déportation en France telles qu’elles sont évoquées, puis nous étudierons le rôle des historiens, des témoins et des juges dans

la perpétuation des mémoires de la déportation. Nous évoquerons en conclusion la compétition des mémoires.

Dans un premier temps, à leur retour, la voix des témoins n’est pas audible comme nous pouvons le voir dans le premier extrait.

C’est le temps de "la mémoire souffrante" évoquée par Jean Gavard qui parle aussi de "la difficulté de témoigner de

l’inimaginable". Comme le dit aussi Denis Salas, "l’expérience du mal est impartageable". Ce qu’ils avaient à dire à leur retour

dépassait en effet l’entendement humain dans un pays à peu près civilisé. C’est pourquoi l’historienne Annette Wieviorka parle

du « grand silence » dans la communauté juive. Ceci était vrai aussi pour les résistants déportés. À la Libération, la société

n’était pas prête à entendre ces témoignages. La déshumanisation dont ils avaient été victimes avait été si forte que les

survivants avaient aussi à réapprendre à vivre, pour certains à oublier ce qu’ils avaient vécu, ce qui a conduit beaucoup d’entre

eux "à un progressif enfermement dans le mutisme" du fait de l’impossibilité de communiquer leur expérience dans une société

en grande partie traumatisée par cinq années de l’Occupation et soucieuse elle aussi d’oublier. D’autre part, dès la Libération,

le gouvernement provisoire contribue à construire le mythe résistancialiste aussi bien gaullien que communiste qui visait à faire

de tous les Français des résistants et à n’accorder de place qu’à la déportation de répression, c’est-à-dire pour fait de

résistance. Jusqu’en 1973, l’apogée de ce mythe n’a laissé que peu de place à d’autres mémoires oubliées, celle évoquée par

Denis Salas dans l’expression "la mémoire blessée et silencieuse des déportés raciaux", c’est-à-dire la mémoire des Juifs et

des Tziganes. Comme le dit Denis Salas, en ce temps-là, "la paix civile doit prévaloir sur le besoin de justice". Il fallait surtout

éviter d’avoir à Reconnaître la responsabilité du gouvernement de Vichy. Ainsi la mémoire de la déportation de persécution et

l’extermination des Juifs et des Tziganes est absente du paysage mémoriel jusqu’en 1961. Après les cinq années qui ont

suivies le retour des déportés, le temps est venu de la mémoire militante", c’est-à-dire la volonté de la conservation de la

mémoire" dont parle Jean Gavard. C’est le temps de "la mémoire motrice" de la Résistance. C’est ainsi qu’une Journée du

Souvenir de la Déportation (le dernier dimanche d’avril) est créée en 1954 mais il s’agit là encore d’honorer les "héros" et pas

encore les victimes. De même, des actions pédagogiques sont entreprises à destination de la jeunesse avec la création en

1961 du Concours National de la Résistance et de la Déportation. Mais le fait de « minorer le souvenir de l’extermination »

renvoie à la mauvaise conscience générée par la politique antisémite du gouvernement de Vichy. Il a fallu attendre le procès

Eichmann qui s’est tenu à Jérusalem en 1961 pour que "la mémoire blessée et silencieuse des déportés raciaux retrouve droit

de cité". On peut alors parler de l’émergence de la mémoire juive. Denis Salas évoque "un Nuremberg du peuple Juif". Le

procès de Nuremberg en 1945 et 1946 a marqué la volonté des Alliés de juger les criminels nazis. Il s’agissait d’instaurer pour

la première fois une justice internationale qui a créé une notion nouvelle dans le droit, la notion de crime contre l’humanité

assortie de l’imprescriptibilité de ces crimes. Le procès Eichmann met en avant la notion de génocide, laisse une place

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importante à la parole au témoin. En France, ce n’est qu’à partir du procès Barbie en 1987 et en général des années 1990 que

l’on parle de la déportation de persécution et de l’extermination des Juifs

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