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Vivre dans la cité, La parole : pouvoirs et dérives

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Par   •  21 Avril 2021  •  Commentaire de texte  •  3 059 Mots (13 Pages)  •  672 Vues

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Vivre dans la cité
La parole : pouvoirs et dérives

La parole a toujours été un outil essentiel dans les sociétés, mais à partir de l’apparition de la démocratie elle acquiert un statut particulier, en permettant à chacun de prendre part à la vie politique. Ainsi on peut mesurer le potentiel de la parole, qui permet de convaincre, de dénoncer d’émouvoir et d’influencer. La confrontation du discours contre Catilina de Cicéron, et du pamphlet « J’accuse » de Zola vont permettre de montrer, non seulement l’influence et les répercutions que peut avoir la parole d’un homme dans un système démocratique, mais aussi à quelles fins elle était utilisée.

Le discours contre Catilina, et le pamphlet « j’accuse » interviennent dans des contextes politiques et sociaux très différents.

[pic 1]D’une part, le discours de Cicéron a lieu en 63 av. JC. Les répercussions de la guerre civile, qui avait opposée Marius et Sylla se font encore sentir, et c’est au milieu des règlements de comptes qui opposent les anciens partisans des deux généraux, que des viri boni (hommes de bon) tentent de défendre la Concordia civilis, tels Cicéron, un novus homus (homme nouveau, c’est-à-dire sans ancêtre consul), riche et cultivé qui gravit toutes les étapes du cursus honorum (course des honneurs) tout en menant une brillante carrière d’avocat. Cicéron est élu consul en -63, et déjoue la conjuration de Catilina, un complot politique visant la prise du pouvoir. En effet le sénateur Lucius Sergius Catilina, déçu par un double échec lors de l’élection au consulat, organise, secrètement une conjuration qui vise à éliminer une partie de l'élite politique romaine et à s'emparer du pouvoir politique suprême. Cicéron dénonce alors Catilina publiquement et avec virulence, dans ses quatre discours politiques ; les catilinaires. Nous étudierons le premier discours contre Catilina, qui s’adresse aux sénateurs, et essaie de les convaincre de la culpabilité de Catilina.

Cicéron (106 - 43 avant J.-C) est un homme d'État romain et un auteur latin. Il est réputé pour être un grand orateur, politicien et philosophe. Venant d'une famille plébéienne aisée et respectée, il étudie dès son plus jeune âge la philosophie grecque et exerce la profession d'avocat dès 80 avant J-C. Il complète plus tard son éducation par des cours de rhétorique, qu'il suit en Grèce.  

[pic 2]D’autre part, le pamphlet de Zola est publié en 1903. La France, à la fin du XIXème siècle a été bouleversée par un scandale majeur, qui a divisé profondément sa société : L’affaire Dreyfus. C’est une affaire d'État devenue par la suite un conflit social et politique majeur autour de l'accusation de trahison faite au capitaine Alfred Dreyfus. Ce dernier était soupçonné  d’avoir livré des documents secrets français à l’empire Allemand. En revanche, l’accusation de Dreyfus était infondée, et reposait sur des « preuves » contradictoires et fausses. Elle est l’exemple parfait de l’antisémitisme de l’époque : c’est la religion juive de Dreyfus qui l’a rendu coupable. C’est dans ce contexte qu’en 1903, Emile Zola, un écrivain et journaliste Français publie un pamphlet : J’accuse. Ce texte polémique, adressé « au président de la république », mais qui vise à convaincre le peuple français, défend l’accusé, et dénonce la discrimination dont il est victime. Publié dans l’Aurore, il vaut à l’auteur une condamnation pour diffamation le poussant à l’exil.

[pic 3]Émile Zola (1840-1908) est un écrivain, journaliste et critique d’art, chef de file du mouvement naturaliste. Contraint d’abandonné ses études après la mort de son père, il travaille d’abord comme commis chez Hachette et y finira sa carrière comme chef de publicité. Il décide de vivre de sa plume en 1886. En 1867 paraît Thérèse Raquin qui fait scandale pour la noirceur de l’histoire et le caractère dépravé de ses personnages. L’Assommoir, septième roman du cycle des Rougon-Macquart, publié en 1877 est son premier grand succès littéraire.

I La confrontation des deux textes met en relief les procédés de l’argumentation.

Malgré la nature différente de ces deux textes, (le discours contre Catilina est un discours, adressé par un orateur prestigieux de la rhétorique romaine et qui tente de convaincre les sénateurs, et « J’accuse » est un pamphlet, diffusé dans la presse, qui s’adresse au peuple,) chacun des auteurs utilisent des procédés d’écritures caractéristiques de l’argumentation et de la persuasion, qui leur permettent de frapper et d’émouvoir l’auditeur ou le lecteur.  

Tout d’abord, les deux textes relèvent du registre polémique : en effet les auteurs prennent une position agressive, qui vise à provoquer la colère du lecteur ou de l’auditeur. Dans les deux textes, les auteurs s’engagent personnellement et prennent directement à partie ceux qu’ils accusent (Catilina pour Cicéron et les différents acteurs de l’affaire Dreyfus pour Zola). Dans le discours de Cicéron, le ton enflammé, le rythme soutenu, les interjections, l’anaphore du « nihil », l’utilisation de questions rhétoriques qui martèlent le discours, et les nombreuses exclamations et interrogations, amplifient l’atrocité de la conjuration de son opposant afin de mieux susciter l’indignation des sénateurs.
Quant au pamphlet de Zola, l’utilisation de la première personne, et de l’anaphore « J’accuse » font de lui un auteur révolté, luttant pour une juste cause. Le vocabulaire agressif et injurieux (« mensonger », « frauduleux », « abominable », « crime juridique » , « violé le droit », « esprits de malfaisance sociale »), l’ironie et les attaques personnelles, ( il affirme que les trois experts en écritures ont menti « à moins qu'un examen médical ne les déclare atteints d'une maladie de la vue ou du jugement »), les nombreuses hyperboles (« moyen révolutionnaire », « explosion de la vérité »), et le ton catégorique du texte (marqué l’emploi de verbes d’actions et de volonté, et l’anaphore de « j’accuse ») permettent à Zola de remporter l’adhésion du lecteur, révolté après avoir lu le pamphlet.

Ensuite, les deux auteurs n’apportent pas de preuves tangibles pour justifier leur accusation, mais malgré cela, leurs attaques sont assurées. Ils cherchent donc plutôt à persuader qu’à convaincre.

Cicéron s’adresse souvent à Catilina en utilisant la troisième personne : ce procédé exclut Catilina, témoigne du mépris de Cicéron, et marque la séparation entre Catilina et les sénateurs : en effet il est seul en face du « nous », présenté comme une unité qui se bat pour le bien.

II La place essentielle de la parole dans les sociétés et son pouvoir

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