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Une tempête d'Aimé Césaire

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Par   •  2 Octobre 2021  •  Commentaire de texte  •  1 773 Mots (8 Pages)  •  2 015 Vues

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Aimé CÉSAIRE

Une tempête, 1969

Lecture analytique nº3 

Acte II scène 1.

I) Introduction.

Quand en 1969, Aimé Césaire, poète antillais et chantre de la négritude, donne pour la première fois Une tempête, réécriture en trois actes de La tempête de Shakespeare, c'est pour d'une part répondre à une commande du metteur en scène Jean-Marie Serreau, avec lequel il a déjà collaboré pour ses précédentes pièces de théâtre. Mais c'est aussi pour clore la trilogie dramatique commencée sur les révolutions noires.  Après La Tragédie du roi Christophe  créée en 1964  et qui met en scène la vie et le combat du Roi Christophe à Haïti à la suite de l'indépendance du pays, et  après Une saison au Congo créée en 1966 et qui évoque l'histoire et les derniers mois de la vie du président Patrice Lumumba, Aimé Césaire place Une tempête sur le terrain du combat des noirs-américains dans les années 1960 et de leur mouvement pour l'égalité des droits civiques dans une société qui pratique la ségrégation et l'inégalité légale.

Dans la scène 1 de l'acte II de la pièce, alors que cette rencontre n'a jamais lieu chez Shakespeare, Caliban et Ariel sont placés face à face et confrontent leur vision de la lutte pour la liberté.

II) lecture

III) Dégager la problématique et les axes de lecture.

Problématique : Comment dans cette scène originale Aimé Césaire oppose t-il deux conceptions différentes de la lutte des noirs pour l'égalité des droits ?

Axe 1 : Caliban- Malcom X ou la lutte par la violence.

Axe 2 : Ariel- Martin Luther King ou la lutte par le dialogue et la prise de conscience.

IV) Développement.

Axe 1 : Caliban- Malcom X ou la lutte par la violence.

Le personnage de Caliban est clairement identifié par Aimé Césaire à Malcom X (1925-1965), célèbre défenseur de la cause noire-américaine dans les années 50 et 60. Il prêchait contre la discrimination et en appelait à une violence révolutionnaire.

En effet on observant le discours de Caliban,

1) on remarque que c'est bien la lutte par la force, qu'il désire : « Le plus fort ? Qu'en sais-tu ? La faiblesse a toujours mille moyens que seule la couardise nous empêche d'inventorier. »Il remet ainsi en cause par ces questions l'invulnérabilité de Prospéro, et multiplie de façon hyperbolique les forces des opprimés. Plus loin Ariel lui demande : « Alors, que reste-t-il ? La guerre ? »

2) De même  comme Malcom X il refuse tout compromis : «  Mieux vaut la mort que l'humiliation et l'injustice » clame Caliban. Ces propos sont inspirés d'un discours fameux prononcé par Malcom X en 1964 : « Les révolutions se basent sur les effusions de sang, les révolutions ne sont jamais des compromis, ne reposent jamais sur des négociations. »

Ce refus des compromis se retrouve dans d'autres répliques de Caliban adressée à Ariel. Il envisage la mort plutôt qu'un consensus qui lui paraît vain : « le jour où j'aurai le sentiment que tout est perdu, , laisse-moi voler quelques barils de ta poudre infernale, et cette île, mon bien, mon œuvre,[...]tu la verras sauter  dans les airs avec, je l'espère, Prospéro et moi dans ses débris. » Cette pulsion suicidaire et nihiliste rappelle le fameux « Vivre libre ou mourir » de Louis Delgrès qui choisit lors de la guerre de 1802 en Guadeloupe contre l'abolition de l'esclavage, la mort plutôt que la défaite et le retour en servitude. Le 28 mai 1802, se voyant perdus, Louis Delgrès et ses 300 compagnons se suicident à l'explosif dans leur refuge de l'Habitation Danglemont à Matouba, en vertu de la devise révolutionnaire « Vivre libre ou mourir ». 

Caliban, rappelle donc également par son discours l´homme sans compromis qu'était Delgrès.

3) En effet pour Caliban c une question de fierté. Tout synonyme de compromission est frappé par lui de connotations méprisantes comme le montre l'énumération suivante :

« A quoi crois-tu donc ? A la lâcheté ? A la démission ? À la génuflexion ? »

Et quand Malcom X dans son discours du 8 avril 1964 refuse tout pardon et compassion chrétienne : « Des révolutions ne peuvent jamais être obtenues, si l'on tend sa joue à l'autre », Caliban se moque en ricanant de la même parole du Christ dans les Évangiles :  « C'est ça ! On te frappe sur la joue droite, tu tends la joue gauche. On te botte la fesse gauche, tu tends la fesse droite ; comme ça pas de jaloux. » Caliban rejette donc dans ce chiasme ironique le discours pacifique et aux connotations chrétiennes, d'Ariel.

4) Le dernier point commun de Caliban avec Malcom X est qu'il est persuadé que le colon « n'a pas de conscience ». Il s'insurge ainsi à trois reprises contre la proposition d'Ariel : Faire en sorte que Prospéro  « reconnaisse enfin l'existence de sa propre injustice et qu'il y mette un terme ».

Le ton de Caliban est moqueur, mais aussi violent : « Oh là là ! Laisse-moi rigoler ! La conscience de Prospero ! Prospero est un vieux ruffian qui n'a pas de conscience. Puis il poursuit par une comparaison : « Que la conscience naisse à Prospero ? Autant se mettre devant une pierre et attendre qu'il lui pousse des fleurs ! »

En outre pour Caliban le colon est le premier agresseur, à l'origine du conflit. En effet loin d'avoir une conscience c'est « Un écraseur » « un broyeur ». Les images sont violentes et révélatrices.

5) Pour finir, le langage de Caliban illustre également sa conception violente de la lutte :

-Ponctuation forte de ses répliques (Citer) + didascalie « Il crie ».

- langage familier, irrespectueux : « vieux ruffian » ; « On te botte la fesse gauche, tu tends la fesse droite » ; « toute cette lèche » ( lèche-cul) ; « type » ; « mec ».

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