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Un personnage médiocre peut il etre un heros de roman

Dissertation : Un personnage médiocre peut il etre un heros de roman. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  29 Novembre 2015  •  Dissertation  •  2 071 Mots (9 Pages)  •  1 863 Vues

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Sujet : Un personnage médiocre peut-il être un héros de roman ? Le genre romanesque a déterminé à sa création le rôle du héros ainsi que ses caractéristiques essentielles. Mais avant même le roman, dans l'Antiquité, le héros existait. C'est ce héros antique, un sur-homme sinon un demi-Dieu, doté dans tous les cas d'un courage inégalable et d'un destin exceptionnel, qui détermine le premier héros romanesque. Ce héros évoluera avec le roman (héros merveilleux, vertueux, noble, bourgeois...) jusqu'à subir une révolution au XIXe siècle : devenir médiocre (sans éclat, inférieur à la moyenne). Le roman, qui baignait jusqu'alors dans la constante de « l'exceptionnel », met maintenant en scène la médiocrité, le « sans-éclat ». Or la définition même du héros, « personnage mythique ou légendaire ayant accompli (ou accomplissant) des faits extraordinaires », est en contradiction avec la médiocrité : le héros d'un roman n'est pas que le personnage principal de celui-ci, il est aussi le personnage qui se distingue par sa bravoure et ses mérites exceptionnels. Cette définition du héros peut donc être diamétralement opposée à celle d'une personne médiocre. Cependant, certains romanciers ont passé outre cette opposition et ont fait évoluer le roman pour donner une nouvelle définition du personnage principal d'un roman. Une question se pose alors : un personnage peut-il être médiocre et héros romanesque simultanément ? Nous essaierons d'apporter une réponse en trois temps ; tout d'abord nous étudierons les avantages qu'offre l'utilisation de héros emblématiques, puis nous montrerons que le personnage médiocre sied parfaitement à un certain type de roman et nous terminerons sur une étude de la tendance actuelle, qui varie entre les deux. Les héros emblématiques sont considérés depuis longtemps comme utiles par les romanciers qui considèrent que ceux-ci sont le meilleur moyen pour répondre à la demande d'évasion des lecteurs. Les héros exemplaires naissent bien sûr avec la mythologie, qui nous crée des demi-dieux à qui l'on donne des qualités telles que le courage, la force ou l'humanité et un destin extraordinaire. Prenons l'exemple d'Héraclès (Hercule dans la mythologie romaine), fils de Zeus, et de ses douze travaux, ou de Thésée, qui créa Athènes après s'être débarrassé du Minotaure. Ces traits de caractère et ce destin extraordinaire sont repris par l'épopée. Ainsi, Homère, avec l'Odyssée, nous conte le voyage d'Ulysse, qui n'est plus un demidieu mais un homme doté de grandes qualités (détermination, courage, intrépidité, intelligence...) condamné par les Dieux à voguer sur les mers sans jamais retourner chez lui. Ses actions font de lui un héros au moins égal aux demi-dieux. Avec l'épopée, on observe une première évolution du héros : le personnage accède au statut de héros par ses actions, il doit maintenant prouver sa valeur dans un combat épique ou des aventures extraordinaires. La quête du Graal reprendra toutes les caractéristiques du héros de l'épopée et l'adaptera à son temps : Perceval part à la recherche du Saint Graal (la coupe qui a recueilli le sang du Christ lors de la Cène, son dernier repas) et y accédera, sans même s'en rendre compte, grâce à son courage et la pureté de son cœur. On remarque aussi que le héros est toujours placé dans une situation au-dessus de celle du lecteur (Ulysse est le roi d'Ithaque, tous les personnages de la quête du Graal sont des nobles qui entourent le roi Arthur) : cette caractéristique répond d'autant plus au désir d'évasion du lecteur. Ainsi, un personnage à la limite de la perfection, un

véritable héros, dont la richesse et la place dans la société seules font rêver et dont les aventures sont extraordinaires exalte et transcende le Moi du lecteur, le fait s'évader au-delà du réel. L'auteur, à travers la perfection de son héros, peut aussi chercher à transmettre un message. Ainsi, Rabelais dresse le portrait de Gargantua (en 1534) et Pantagruel (en 1532), deux géants qui débordent de qualités et vivent des aventures qui les guident vers la perfection, en insistant sur tout ce qui fait d'eux des hommes parfaits, justement, et en donnant les clés à l'Humanité (toute entière, Rabelais est l'un des premiers à écrire en français et non en latin, pouvant ainsi transmettre son message à la population un minimum instruite) pour qu'elle crée à son tour des hommes parfaits. Dans un autre registre, Madame de La Fayette, avec La Princesse de Clèves (1678), dresse le portrait d'une femme qui résiste dignement à la tentation du duc de Nemours et fait ainsi l'apologie de la vertu, un peu à la manière de la tragédie grecque : la catharsis, la purification par les personnages. Le héros d'un roman, à travers sa perfection, peut transmettre un message à son lecteur qui le prend en modèle. Avec le XXe est né une nouvelle sorte de héros romanesque non médiocre. Alors que le XIXe siècle avait adopté le héros médiocre, Proust, lui, écrit sa nostalgie d'une époque dorée d'avant-guerre dans A la recherche du temps perdu, un roman en plusieurs tomes (parus entre 1913 et 1927 et écrits entre 1908 et 1922). Ses personnages sont des bourgeois et des aristocrates qui évoluent dans les quartiers cossus de Paris, le boulevard Saint-Germain-des-Prés et le quartier de l'Etoile. Leur vie de riches bourgeois et aristocrates entraîne le lecteur dans un un temps perdu plein de frivolités et d'histoires d'amour. Les héros ne sont plus des sur-hommes, mais des êtres d'une classe sociale supérieure dont le récit de la vie répond toujours au désir d'évasion du lecteur lui aussi nostalgique du « temps perdu ». Au delà de cette demande d'évasion et l'éventuel message que peut faire passer le héros « classique », le personnage principal d'un roman peut aussi être médiocre, mais dans un autre genre de roman. En effet, avec la Révolution française, le public, les bourgeois, ne désire plus d'histoires de noble au-dessus d'eux mais plutôt des romans les mettant en scène. Le réalisme répond à cette demande en mettant en scène des héros médiocres qui deviendront tout de même célèbre. Le chef d'œuvre du réalisme, par exemple, Madame Bovary (1857) de Gustave Flaubert, nous résume l'histoire d'une femme médiocre, qui rêve de richesses et reproche à son mari sa

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