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Tu m'as donné ta boue j'en ai fait de l'or

Commentaire de texte : Tu m'as donné ta boue j'en ai fait de l'or. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Avril 2021  •  Commentaire de texte  •  756 Mots (4 Pages)  •  1 245 Vues

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“Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or”, cette phrase écrite par Baudelaire dans les Fleurs du Mal, montre l’oxymore du titre. Nous verrons comment cette formule permet de mieux comprendre Baudelaire. Nous commencerons par étudier le mal dans ce recueil, puis nous nous demanderons ce qui fait la beauté du mal et provoque à la fois fascination et dégoût, enfin nous verrons que cette transmutation presque alchimique que suppose la formule baudelairienne est le propre de toute poésie.

Le titre d’une des six sections du recueil, devient le titre de l’ensemble et caractérise donc tous les poèmes aussi bien ceux du Spleen que ceux de l’Idéal. Le titre Les Fleurs du mal dépasse l’expérience personnelle du poète pour extraire les fleurs hors du mal (sens local de la préposition « du ») : le mal devient apte à créer la beauté. La relation entre les fleurs et le mal peut aussi être une relation de possession : les fleurs appartiennent au mal dont le poète deviendrait le porte-parole.

Le mal est présent sous différents aspects dans le recueil. Sous la forme du spleen, ce mal qui ronge le poète et qui empêche toute action. Le mal trouve sa personnification dans les appels à la figure de Satan : le Diable est associé à l’Ennui (« Au lecteur »), et de nombreux poèmes décrivent à plaisir des lieux infernaux et les supplices qui s’y pratiquent. Le mal présente la double figure de la Débauche et de la Mort offrant « de terribles plaisirs et d’affreuses douceurs » (« Les deux bonnes sœurs »). Comment cette omniprésence de la mort, de la débauche, de figures infernales peut-elle être, paradoxalement, source de beauté ?

Comment dire la beauté du mal ? Quelles seraient les caractéristiques de cette beauté du mal ? Certains de ses poèmes glorifient le sinistre : « Et le ciel regardait cette carcasse superbe / Comme une fleur s’épanouir. » (« La Charogne »).

Quels moyens peut-on établir entre l’or et la boue ? L’or de la boue. Dans « Allégorie », une prostituée « femme belle et de riche encolure / Qui laisse dans son vin traîner sa chevelure », par sa beauté et sa fierté l’emporte sur la Débauche et la Mort : elle est présence (et victoire) de la beauté dans le monde du vice. Ces transmutations qu’opère Baudelaire entre les deux matériaux que sont l’or et la boue, ne sont-elles pas le propre de toute poésie dont le rôle serait de transformer une matière informe en une forme porteuse de sens ?

La poésie transforme la langue en un poème grâce au rythme, la versification... La poésie permet de sortir le plus pur de quelque chose pour le mettre en mots, en vers. Si le poète est à l’écart des hommes et malheureux dans un monde qui ne le comprend pas, c’est à lui qu’il revient de donner du sens à ce qui ne semble pas en avoir. « Le Poète est semblable au prince des nuées / Qui hante la tempête et se rit de l’archer ; / Exilé sur le sol au milieu des huées, / Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. » Ce dernier quatrain de « L’albatros » explicite la conception de Baudelaire. Tout le travail du poète, et l’ambition de Baudelaire, est bien de donner du sens à ce qui n’en a pas.

Nous pouvons conclure que la formule Baudelairienne

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