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Charles Baudelaire écrit dans l’épilogue des Fleurs du Mal : « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or ». Dans quelle mesure ce vers s’applique-t-il à ce recueil poétique ?

Dissertation : Charles Baudelaire écrit dans l’épilogue des Fleurs du Mal : « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or ». Dans quelle mesure ce vers s’applique-t-il à ce recueil poétique ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Décembre 2022  •  Dissertation  •  2 212 Mots (9 Pages)  •  380 Vues

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DISSERTATION – L’EPILOGUE DES FLEURS DU MAL

Sujet : Charles Baudelaire écrit dans l’épilogue des Fleurs du Mal : « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or ». Dans quelle mesure ce vers s’applique-t-il à ce recueil poétique ?

    « La vie a une fin, le chagrin n’en a pas ». Charles Baudelaire, célèbre poète du XIXème siècle, écrivait ces mots au sujet de la vie. Ruiné et dandy, il passera sa vie à écrire contre le conformisme des classes aisées. Il est défini comme étant un « poète maudit » car il se dit incompris. Il rejette les valeurs de la société et n’échappera pas aux excès comme l’alcool et la drogue. Ce poète publie un recueil de poèmes intitulé : Les Fleurs du Mal en 1857 qui raisonnera comme le témoin de sa souffrance et de son incapacité à s’épanouir dans la vie. Il y écrit dans l’épilogue de celui-ci : « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or ». La « boue » donnée par la Ville de Paris : « tu » correspond au mal et à la douleur. Ce terme est péjoratif. L’or désigne un idéal qui se rapproche du sublime et du divin. L’or s’oppose à la boue comme le métal précieux s’oppose à la vulgarité et au trivial. Nous verrons dans quelle mesure ce vers s’applique à ce recueil poétique. Ce recueil se veut être un ouvrage qui métamorphose la laideur en beauté. Dans une première partie, nous verrons que le poète est à contre-courant des autres poètes français du XIXème siècle. Puis, l’analyse portera sur la ville de Paris qui est le lieu et l’élément déclencheur de cette « transmutation poétique » qui est à l’origine de sa création.

    Charles Baudelaire est fasciné par les choses considérées viles par la société de l’époque. Il s’efforce alors de peindre à travers son œuvre les choses les plus répugnantes qui soient pour les sublimer. En effet, la haute bourgeoisie de l’époque est très croyante et vigilante quant au respect des mœurs établies. Il fait alors, dans son poème : Allégorie, l’éloge d’une femme particulièrement frivole et libre. Il reprend le concept de l’éloge paradoxal qui consiste à mettre en valeur une personne ou un objet habituellement blâmé par la société. Les filles de joie sont souvent reléguées au rang de sous-citoyenne. Considérées alors comme le mal par la société, le poète propose une vision positive des prostituées.  Il dresse le portrait de femmes énigmatiques qui en deviennent presque obsédantes. Il continue par le biais de ces poèmes de faire l’éloge des éléments les plus craints et hais de la société bourgeoise du XIXème siècle. Il poursuit avec le poème : « Les litanies de Satan ». Ce poème qui raisonne dans un premier temps comme l’abjuration religieuse du poète, est aussi une glorification de Satan. Il reprend un hymne chrétien pour y glorifier Satan et ce que cette créature représente. Il écrit : « Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ». Il fait de l’ennemi de la chrétienté, un symbole d’espoir et d’apaisement quand il personnifie la Mort en une « folle charmante ». L’issue la plus redoutée des communs des mortels est appréhendée de manière positive par le poète. Après avoir témoigner de son admiration pour les femmes libertines et le diable, il réussit à créer à partir d’une « Charogne » une métaphore de la femme belle et désirée. Il utilise encore l’éloge paradoxal pour vanter cette femme et aussi son propre talent. La bête en putréfaction qu’il décrit possède une « carcasse superbe » ce qui fait trivialement allusion au corps de la femme. Ce tableau de l’horreur recrée la beauté. Nous avons vu que pour Charles Baudelaire, le beau naît au plus profond du laid. Ce caractère laid de sa création est incarné tant tôt par des femmes libertines tant tôt par des « charognes » qui représentent la boue. La dimension poétique de ces derniers leur donne une vision presque extraordinaire car il transforme cette « boue » en « or » par le biais d’éloges paradoxaux. Désormais, nous allons nous intéresser à la subversion dont certains des poèmes des Fleurs du Mal font preuve.

   

Le poète cherche à renverser l’ordre social établi dans la mesure où il haie la société dans laquelle il évolue. Il n’hésite alors pas à choquer les esprits en écrivant des vers sur les gens en rupture avec les codes bourgeois et aristocrates. Dans le poème : « A une mendiante rousse », il évoque la pauvreté ainsi que la prostitution comme il avait fait dans le poème : « Allégorie ». Encore une fois, il évoque le diable en choisissant la couleur de cheveux roux pour illustrer cette mendiante. La rousseur fut connotée négativement dés lors qu’elle a été associée à la sorcellerie. Il s’assimile alors à cette exclue.  Son originalité lui permet de mettre en avant le pouvoir de sa poésie. Il se revendique unique et attaque le poète lyrique Pierre de Ronsard. Il voit dans la mendicité une force et en fait l’éloge. Ensuite, Charles Baudelaire s’intéresse aux personnes méprisées à cause de leurs différences physiques. En effet, le poète se sent différent. Cette singularité qui l’habite lui donne le sentiment d’être seul. Cette solitude est revendiquée dans son poème : « Les Aveugles ». Pourtant, il fait une description péjorative des personnes aveugles ce qui contredit le message initial de son recueil : « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or ». Il n’éprouve aucune compassion. Mais l’objectif de l’auteur n’est pas de se moquer des « aveugles » mais d’en faire un symbole dans sa lutte de la recherche d’un idéal. En effet, les personnes aveugles, plongées dans l’infiniment noir, sont, pour le poète, dans une quête. Charles Baudelaire nous explique que les « aveugles » sont animés par un espoir. Le poète illustre ceci en représentant des aveugles incarnant les hommes « cherchant une réponse à un mystère ». Il métamorphose les personnes aveugles en des êtres merveilleux et admirables. Afin de véritablement renverser l’ordre établi et les diktats de la société, il écrit : « Les petites vieilles ». La vieillesse est un sujet rarement abordé dans la poésie. Il voit dans celui-ci une opportunité de se placer en tant que protecteur des oubliés de tous. Ces « petites vieilles » auxquelles il se compare sont maigres et chétives. Elles sont, comme le poète, victimes de la société dans laquelle ils vivent. Charles Baudelaire jette alors un regard attendri sur ces exclues. Il transforme de sa plume, le mal en beau. Il métamorphose une humanité qu’il déteste.

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