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Sujet d'invention La Bétique

Discours : Sujet d'invention La Bétique. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Décembre 2018  •  Discours  •  1 595 Mots (7 Pages)  •  364 Vues

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Sujet d’invention – La Bétique[pic 1]

        

Béticiens ! Béticiennes ! Voici venu l’heure des adieux ! Je pars, je vous quitte ! Ah ! Pensiez-vous que votre île, aussi magnifique qu’elle puisse être, m’inciterait à ne plus en partir ? Croyiez-vous que ce temps si favorable me pousserait à rester ? Que cette frugalité si caractéristique à votre vie me dissuaderait de repartir ? Pourtant, je ne puis demeurer ici plus longtemps. Mais alors pourquoi voudrais-je quitter cette île, si proche de la perfection, et retourner dans un monde qui ne jure que par la guerre et la fortune ?

Ce lieu, si isolé de tout, protégé par une mer déchaînée et situé à la limite du monde, me semble béni par les Dieux tant la terre est fertile, le ciel doux et toujours serein. Ainsi, ce havre de paix me fait penser à celui de l’âge d’or. Le climat est toujours favorable, comme si la terre œuvrait en harmonie avec le ciel pour vous prodiguer une atmosphère toujours agréable à vivre et à travailler. Il y a toujours un zéphyr rafraîchissant qui vient adoucir l’air estival quand il se met à faire trop chaud. L’hiver n’est jamais froid outre-mesure puisque les aquilons, toujours si impétueux, ne soufflent jamais sur ce petit bout de pays. Et le temps ! Ah ! Le temps semble s’être figé quand je suis arrivé sur votre île, comme si cette notion était étrangère à cette petite partie du monde. De même, tout ici est harmonie et équilibre, la nature et l’homme s’accordent parfaitement dans un concert de fleurs, de verdure et d’abondance. Cette île respire la simplicité, la prospérité, la serénité qui devraient caractériser chaque lieu de notre monde. Vous refusez le luxe et choisissez le rustique et aux loisirs si futiles que sont la sculpture ou la musique vous leurs préférez le travail. Vous méprisez les métaux riches qui sont si chers dans mon monde et vous les abaissez au même titre que les matériaux plus communs, sans vous souciez du commerce que vous pourriez en faire. Mon séjour à vos côtés m’a appris ce que signifiait vivre simplement. De même, j’ai pu voir comment cette simplicité vous rend heureux. Votre bonté est sans limite, vous m’avez accueilli si chaleureusement, moi, un inconnu, qui venait seulement faire commerce. Vous m’avez offert amitié, nourriture et logement. Vous m’avez traité de la façon la plus digne qu’il soit tout en restant simple. Et vous m’avez fait découvrir une vie où seuls les travaux les plus rudimentaires et la frugalité suffisent pour vivre heureux. Ainsi, de cette manière, vous vous suffisez à vous-même, vous ne désirez jamais plus que ce que vous n’avez déjà. Vous n’avez besoin de personne d’autre que Dame Nature pour exister et j’ai pu constater de mes propres yeux les bienfaits de cette indépendance. C’est pourquoi, vous incarnez l'humilité, la modestie, vous trouvez la paix et la sérénité dans le travail et dans les plaisirs élémentaires de la vie quotidienne. J’ai été émerveillé de voir que ces valeurs peuvent vous conduire au bonheur le plus simple qui soit, et pourtant inaccessible à tant de monde. Ainsi, mon séjour parmi vous m’a apporté sagesse et maturité, à moi qui suis si jeune. Arrivé ici frêle et innocent jeune homme à la découverte du monde, je suis maintenant une toute autre personne, je suis devenu un jeune adulte, qui s’apprête à quitter le Paradis pour retourner en Enfer.

Ô Béticiens, croyez-moi, ce ne fut pas une décision simple et je vous entends déjà me poser mille et une questions. Pourquoi, me demanderez-vous, voudrais-je quitter un endroit aussi magnifique, aussi harmonieux ? Pourquoi vouloir retourner dans un monde où les hommes sont corrompus de vices et de passions ? Pourquoi délaisser une vie si simple à la faveur d’une plus superficielle ? Tant d’autres questions vous viennent sûrement à l’esprit. Vous allez me demandez ce qu’il peut exister de mieux qu’un pays et un peuple heureux de se satisfaire. Ce pays, me répéterez-vous, représente pourtant tout ce qui est de meilleur chez l’homme, car vous ne comprenez sans doute pas les raisons d’un tel choix. A-t-on déjà vu un homme, à la porte menant aux Champs-Elysées et à la gloire éternelle, se retourner et aller dans les Champs d’Asphodèle se faire oublier ? Peut-on seulement croire que quelqu’un serait assez stupide pour vouloir faire ce choix ? Et pourtant, après maintes hésitations, telle est ma décision.

Certes, ces peuples ne sont pas tout le temps juste envers la nature et envers eux-mêmes, certes ils ne vivent pas dans une harmonie telle que la vôtre et, certes, ils ne savent pas exister simplement, mais les défauts que vous trouvez à cette société en font parfois leurs avantages. Ulysse n’a-t-il pas refusé l’immortalité offerte par Calypso pour rester auprès d’elle à la faveur de sa femme et de son pays ? C’est pourquoi, il ne fera peut-être pas le même temps qu’ici, il y aura sûrement de la pluie et de la neige en abondance, des hivers rudes et parfois meurtriers ainsi que des étés ardents et dévorants mais ce sont ces aléas qui rythment notre quotidien et font de la vie un perpétuel renouvellement. C’est une existence moins tranquille mais plus passionnée qui m’attend. Ici, à force de perfection, je commençais à me languir tant la vie me paraissait monotone à cultiver un champ, à promener un troupeau ou à filer la laine tous les jours sous un ciel toujours radieux, sans véritable but autre que le travail et l’équilibre. De ce fait, j’aime ma vie, rythmée par mes aventures et mes péripéties, diversifiée par l’imprévisible et je me plais à être surpris par l’inattendu. Je ne puis rester plus longtemps dans une société ne possédant pas d’envies, puisque heureuse de sa situation et dépourvue d’objectifs, car satisfaite de sa vie. Néanmoins, les désirs ainsi que les buts sont pourtant nécessaires, ils rythment notre vie, lui donnent un sens et renforcent notre propre identité. Sans objectifs, nous errons, comme ces gens dans les champs d’Asphodèle, à ne rien faire d’autre qu’attendre le lendemain, que le jour passe, nous sommes spectateurs de notre propre vie. Ces besoins nous font nous sentir parfois heureux, parfois tristes ou même en colère mais ce sont ces sentiments qui nous font exister et qui nous rendent humains, qui nous permettent de créer notre vie sans en être spectateur mais plutôt le moteur. Ainsi, les individus que je m’apprête à rejoindre dans l’autre partie du monde seront peut-être moins rationnels que vous et ne se contenteront pas de la simplicité d’une vie frugale mais c’est ce qui permet de nous différencier des uns des autres car personne n’est parfait. Par la suite, vous me dites que les hommes se corrompent eux-mêmes par tout ce « superflu » dont ils font dépendre leur bonheur et à ces mots je réponds que c’est ce qui caractérise l’être humain, sa nature si luxueuse, si raffinée, ce qui permet de le distinguer d’une autre espèce comme celles des animaux. Ces mets si délicieux que l’on cuisine nous procurent du plaisir, à savourer des plats plus recherchés les uns que les autres et qui ravissent nos papilles. Cet art culinaire nous amène à ressentir des émotions, ce qui est tout sauf superficiel. Vous délaissez les instruments de musique, pourtant si bénéfiques, car vus comme futiles, alors qu’au contraire, la musique est pourtant indispensable à la société. Elle permet l’expression de ses émotions, elle nous charme par son harmonie et nous réunit. Tous ces plaisirs font vivre notre monde et permettent de nous divertir et de nous rendre heureux. Car, au fond, être heureux est-ce le fait de vivre en autarcie, sans aspirations ni envies particulières, se réjouir de ce que nous apporte la nature et ne jamais demander plus, étant simple et ravi dans cette simplicité ? Ne peut-on pas être heureux tout en étant dans un de ces superbes bâtiments entourés de luxe et vivant de musique et de divertissements ? Ces hommes ne sont peut-être pas plus robustes ou plus sains que vous mais ils ne le sont pas moins non plus. Ils mènent une vie, certes différentes de la vôtre sans pour autant être malheureux de leur situation, ils ont parfois trouvé le bonheur en ne vivant pas de la même manière que vous. Certains mêmes ne cherchent pas le bonheur, croquant la vie à pleines dents, sans se soucier de savoir s’ils sont heureux ou non car peu leur importe.

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