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Rhénanes / Milan Kundera

Commentaire de texte : Rhénanes / Milan Kundera. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Avril 2022  •  Commentaire de texte  •  1 514 Mots (7 Pages)  •  378 Vues

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En quoi le dernier quatrain marque-t-il l’apogée du lyrisme ?                  

« Le lyrisme est une ivresse et l’homme s’enivre pour se confondre plus facilement avec le monde . » . Milan Kundera n’aurait pas pu mieux décrire ce courant littéraire qui puise ses racines dans la poésie de la grecque Antique accompagnée de la célèbre lyre et sous le patronage du Dieu des arts et meneur des Muses : le grand Apollon. Malgré son origine , le lyrisme a su s’imposer comme l’un des principaux courants en poésie en se basant l’expressions de sentiments personnels sur des thèmes généraux comme la mort , la nature , l’amour , les sentiments . En quoi le dernier quatrain marque-t-il l’apogée du lyrisme ? C’est cette question qui va guider notre étude de Nuit Rhénane poème écrit par Guillaume Apollinaire en 1911 dans lequel le poète va s’épancher sur la nature de sa relation tumultueuse avec Annie Playden . Nous allons voir dans un premier temp comment Apollinaire revient au source du lyrisme en associant la poésie au chant dans un cadre naturel propice . Puis dans second temps , nous analyserons la manière dont le poète développe l’ivresse des sens . Dans un troisième et dernier temps , nous nous intéresserons au basculement dans un monde surnaturel et onirique .

La situation d’énonciation est propice est à la poésie et au lyrisme par son cadre naturel ainsi de nombreux éléments y sont décrits « Le Rhin » et la « nuit » . La nuit demeure en effet un élément éminemment lyrique depuis l’Antiquité où les aèdes récitaient de longs poèmes le soir après le symposium .  Elle est aussi un espace privilégié pour se libérer des inhibitions , des convention. Tout concourt à faire de cette nuit d’été près du fleuve un cadre propice à une relation amoureuse agréable et légère . C’est l’espace de tous les interdits mais aussi de créatures maléfiques sortis de l’imaginaire collectif et du folklore . Le Rhin reste en effet un élément prisé des légendes germaniques qui s’articulent autour de ses eaux profondes et impénétrables . Le fleuve est associé à la résurrection mais aussi à l’écoulement du temps et à la mort ce qui fait de lui un symbole controversé . Cette ambivalence est aussi marqué par la présence d’un chant qui s’enracine dans la tradition lyrique du poésie orale plutôt qu’écrite . Comme dans chaque quatrain précédent , la strophe est centré autour d’un chant « La voix chante comme à en râle-mourir » ce qui n’est pas sans rappeler le lien entre la poésie et la musique qui date de l’Antiquité grecque . En effet , le mot lyrisme est dérivé de la lyre qui était le symbole du Dieu Apollon dieu de la musique ou mousike en grec et présidait sur les poètes . Ce chant agit comme un double du poète écrit ainsi poésie orale et écrite se confondent et exprime sa douleur « à en râle-mourir » causée par le rejet d’Annie Playden . Il allie tradition orale à tradition écrite . Ainsi , la tradition lyrique est bien ancrée par le cadre et la forme de ce quatrain .

L’ivresse des sens matérialise l’apogée du lyrisme et contribue à créer un univers trouble , illusoire et chimérique composés de reflets et de tâches de couleurs troubles.  Cette ivresse est matérialisé dès le premier vers par la présence du mot »ivre » qui est placé à la césure et annonce dans la perspective du poète comme le reflet de l’eau qu’on trouble . En effet , le mot « ivre » nous fait basculer dans le prisme d’un homme qui n’a pas toutes ses facultés et côtoie un monde tout aussi bien tentateur que dangereux . Elle développe aussi la personnification du Rhin ainsi , l’ivresse ne s’étend pas seulement à Apollinaire mais également à la nature . On peut en effet remarquer qu’il va filer la description de cet état d’ébriété tout au long du quatrain avec la répétition du nom Rhin « Le Rhin le Rhin » à la manière d’un homme qui voit double ou encore d’un miroir . Elle est reprise un peu plus loin dans « le Rhin où les vignes se mirent » , on note la mention des vignes qui fait bien entendu appelle le vin mais aussi l’emploi du verbe « se mirer » qui constitue un choix intéressant . En effet , le verbe « se mirer »  indique qu’un objet ou un être voit son image être reproduite sur une surface , ici l’eau du Rhin . Le verbe renchérit lui-aussi sur le thème des doubles puisqu’il invoque l’image de vignes reflétées sur l’eau ce qui donne un effet de profondeur . Il peut faire aussi allusion au mythe de Narcisse qui s’est noyé pour avoir trop contemplé son reflet et nous instruit sur les dangers de cette ivresse . Un autre procédé syntaxique fait écho à cette notion de double sous la forme du placement des lettres . Les lettres bien que détachées « R », « i » et « v » dans « le Rhin est ivre » sont reprises mais à l’inverse de cette façon « v » , « i » , « r » dans « les vignes se mirent » .  Nos repères sont petits à petit brouillés ou dédoublés . Le poème devient ambigu . L’apparition du verbe « refléter » au deuxième vers ne fait que confirmer notre hypothèse et consacre ce quatrain à l’ivresse des sens qui constitue une véritable inspiration poétique brouillant les limites de l’esprit et du cadre et nous permettant de voir poindre l’orée d’un monde merveilleux .

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