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Poème "Cahiers de Douai"

Lettre type : Poème "Cahiers de Douai". Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Juin 2018  •  Lettre type  •  1 646 Mots (7 Pages)  •  1 754 Vues

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Écriture poétique et quête de sens, du Moyen-Âge à nos jours

Poème                         Issue des Cahiers de Douai                                 Page 47

ARTHUR RIMBAUD                 XIXe siècle                         Le Parnasse et le Symbolisme

Cahiers de Douai                Vénus anadyomène                        1870        

  • Arthur Rimbaud (1854-1891)

Rimbaud est un poète du XIXe siècle, révolutionnaire de la poésie. En étant poète, son écriture est qualifiée de parnassienne. L’homme au sommeil de vent (périphrase) passe son enfance dans une province près de la Belgique avec une mère austère et dévote  femme castratrice. Il va alors multiplier les fugues.

C’est un jeune homme brillant dans les études qui l’amène à rencontrer de nombreuses personnes. En effet, on retrouve un professeur de français qui lui fait découvrir son immense bibliothèque et beaucoup d’ouvrages. De plus, il va se lier d’amitié et d’amour avec le poète Paul Verlaine. Il passe une partie de sa vie avec Verlaine à boire, à fumer et à écrire des poèmes. Son premier livre est Le bateau ivre. Il va ensuite écrire les Illuminations avec Verlaine en 1872. Il écrira ensuite Une saison en enfer. Verlaine tire sur Rimbaud ce qui annonce la rupture de la relation de ces deux poètes. Il lâche la plume à 21 ans car il considère qu’il a fini avec l’écriture. On peut dire qu’en 6/7 ans, Arthur Rimbaud a révolutionné la poésie.

  • Vénus anadyomène

C’est un poème de l’extrait des Cahiers de Douai, un sonnet écrit avec des rimes croisées, embrassées, suivies puis croisées.

Un sonnet célèbre l’amour, et ceci est confirmé par un poème écrit en Alexandrin. En effet, ce poème célèbre la naissance de la beauté et de l’amour ; un éloge de la figure mythologique Vénus, l’inspiratrice du lyrisme. C’est-à-dire que Vénus est la déesse de la beauté, de l’amour et de la séduction. Est représenté ici le portrait d’une vieille femme, une ancienne prostituée. Rimbaud s’intéresse à la figure de la prostituée, il est le premier. On peut alors considérer que ce poème est une parodie du blason (court poème qui évoque une ou plusieurs parties du corps de la femme aimée).

Vénus anadyomène est alors un contre-blason inspiré sous l’influence d’un célèbre tableau de Botticelli.

Lecture de l’extrait à haute voix

Pour étudier cet extrait, j’ai choisi la méthode thématique.

PROBLEMATIQUE + PLAN

Champs Lexicaux :

  • Champ lexical du corps avec « tête » « cheveux » « col » « dos » « rein » « l’échine » « omoplate » « croupe » « anus »  associé à des adjectifs péjoratifs
  • Champ lexical de la graisse avec « fortement » « gras » « large » « large croupe »  animalisation de la femme « croupe » = jument + « bête » + « l’échine »
  • Champ lexical des couleurs avec « vert » « blanc » « bruns » « gris » « rouge »  rapproche le poème au tableau de Cabanel qui rappellent la vague et l’écume de la mer
  • Champ lexical de la laideur avec « pommadés » « mal ravaudés » « saillent » « horrible » « hideusement » « ulcère » omniprésent
  • Champ lexical de la vieillesse avec « pommadés » « vieille » « déficits mal ravaudés » « ulcère » omniprésent
  • Champ lexical de l’écriture avec « feuilles plates » « singularités » « loupe » « mots » « gravés »  poésie véritable sujet = poésie parnassienne

Figures de Style :

  • Comparaison « Comme d’un cercueil vert » avec la baignoire qui ouvre le poème. Le cercueil est lié à la mort, image mortifère alors que le poème parle de la naissance de Vénus  Paradoxe. L’idée est appuyée avec l’utilisation de l’adjectif « vert » qui connote la jeunesse, la vitalité.
  • Métaphore « en feuilles plates »  C’est une manière péjorative de décrire le corps de la femme, en effet, on perd les rondeurs de la jeunesse et apparition des rides et des capitons.
  • Paradoxe entre « omoplate qui saillent » et « les rondeurs des reins »  un corps qui vieillit devient déséquilibré alors que la beauté de Vénus c’est l’équilibre.
  • Paradoxe entre le coquillage de Botticelli et la « vieille baignoire » de Rimbaud.
  • Oxymore « belle hideusement » et « horrible étrangement »  inversion de la structure ; deux éléments qui participent de la laideur ; deux groupes adjectivaux placé à l’enjambement.
  • Hyperbole « tout ce corps » + « remue »  animalité
  • Parallélisme « qui rentre et qui ressort »  caractère mécanique

Énonciation :

  • « Vieille baignoire » adjectif épithète  qualifie le contenant ; jeux entre le contenu et le contenant (baignoire née en même temps que la femme).
  • Adjectif « gris » lié à l’adjectif « gras » connote la vieillesse ou l’ivresse  l’alcool fait prendre du poids.
  • « Anus » rime avec « vénus » ainsi que « bête » rime avec « tête »  jeux de rime qui contribuent à désacraliser l’image de la femme.
  • Le « je » lyrique est remplacé par le pronom impersonnel « on »  plus neutre et impersonnel
  • Adjectifs et expansions du nom  décrire le plus objectivement possible la réalité

Sensations : Ils constituent une parodie de synesthésie baudelairienne car les sens sont unis mais ne connotent que la laideur ou l’horreur :

  • La vue « remarque » « voir » « loupe »
  • L’odorat « sent » « goût » « horrible »

Musicalité :

  • Allitération en [G]  effet sec, qui est direct
  • Allitérations en [R] et en [S]  caractère itératif et répétitif d’une poésie qui est parvenue à ses limites

Intertextualité :

  • Contre-blason qui rappelle « blason du laid tétin » de Clément Marot
  • Femme en éléphant imprégné du souvenir de Baudelaire « Serpent qui danse »
  • Parodie du tableau de Botticelli « La naissance de Vénus » et celui de Cabanel « La naissance de Vénus d’Alexandre Cabanel »
  • Ouverture du poème par « Comme … » qui rappelle « comme un chevreuil » de Ronsard  représentation du lyrisme de la Pléiade
  • Sonnet V de Louis Labé avec « Clara Vénus »  « Clere Venus qui erres par les cieux »

Narration :

  • « Cheveux bruns » or Vénus à une chevelure blonde
  • « Fortement pommadés »  cacher la laideur (maquillé)
  • Rimbaud propose un art précis et rigoureux avec « loupe » ou encore les mots sont « gravés »  l’art à la sculpture ou à l’orfèvrerie avec un culte du détail et de la précision

Syntaxe :

  • Apparition de la Vénus progressive, on part de la tête pour arriver à l’anus (provocant/vulgaire).
  • Description de la maladresse du mouvement avec 6 verbes d’action « émerge » « prendre l’essor » « rentre et ressort » « remue et tend »  femme qui sort de son bain.
  • 2 phrases : la 1ère dure 2 quatrains + 1 tercet avec des connecteurs logiques « puis »  suggère un poème dont le lyrisme s’épuise + nombreuses propositions subordonnées relatives qui débute par « qui » / La 2ème est une rupture avec 1 tercet
  • Le dernier vers doit être un effet de surprise  effet de retardement
  • Rejets et contre-rejets « et le tout sent un goût/Horrible » et « une tête/De la femme à cheveux bruns fortement pommadés »  mime la disharmonie du mouvement de la femme

  • Conclusion

La Vénus de Rimbaud symbolise ainsi le choc entre la beauté et la laideur, une synthèse surprenante, dérangeante mais fascinante. Loin du blason idéalisant qui divinise la femme aimée, l’auteur dévalorise la femme et met en valeur les parties de son corps qui en montre la laideur. La Vénus anadyomène est donc un texte qui réécrit le mythe de la déesse de l’amour inspiratrice du lyrisme traditionnel vers la provocation et la surprise.

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