Phèdre commentaire de texte Acte 2, Scène 5

Phèdre est un des nombreux mythes antique revisité par Racine, à l’image de Bérénice ou Andromaque. Le grand dramaturge s’est illustré en attribuant à ses personnages éponymes des caractéristiques forts tel que la noblesse ou une lutte effrénée contre la fatalité.Ainsi le leitmotiv retrouvé dans chacune ses pièces permettent de donner une définition approfondie du personnage racinien.

Le personnage de Phèdre,qui concentre nombre de ces caractéristiques, est très attaché à l’idée de dualité. Dans cette pièce en cinq actes, on retrouve une reine déchirée par son amour incestueux pour son beau-fils Hippolyte,qu’elle tente de fuir au même titre que le destin tragique qui la guette en l’éloignant le plus longtemps possible d’elle, sans succès. Pourtant après avoir appris la mort de son maris Thésée le roi et père d’Hippolyte, elle se met à espérer un possible avenir avec ce dernier et va donc lui avouer ses sentiments coupables.Dans la scène 5 de l’acte 2, face à la réaction ébahie d’Hippolyte, Phèdre confesse toutes ses fautes et, sous la forme d’une tirade pathétique, elle s’accuse tout en cherchant à se disculper, ultime preuve de son combat intérieur. Nous étudierons ainsi en quoi la tirade ou Phèdre expose son propre procès rend- elle compte du combat intérieur qui la divise ? En conséquence, nous analyserons un procès original vécu par une Phèdre divisée à plusieurs échelles mais qui tente tout de même de changer son destin.

La tirade que l’on retrouve dans cette scène insiste sur la volonté qu’a Phèdre d’expier ses fautes à travers un procès étonnant.

Ainsi on observe une relation accusé-accusateur flou. A travers l’utilisation de point de suspension qui marque la fin du temps de parole d’Hippolyte( l.4 « Et je vais ... ») et un temps de parole largement inégal ( pour Phèdre et vers pour Hippolyte ), le personnage accusé, en l’occurrence Phèdre, est plus affirmé et également plus virulent en reproche. Ce n’est donc pas Hippolyte qui dénonce les crimes commis à son encontre mais Phèdre elle-même.

Effectivement, le « crime » de Phèdre la touche plus la reine qu’Hippolyte étant donné qu’il est pour elle létal. Sa faute est décrite comme « un feu fatal »l. 16 où elle y applique « d’inutiles soins »l.23. Il est ainsi doublement fatal, d’une part décrit comme un feu intérieur qui la détruit tout entière et de l’autre, comme une maladie dévorante qu’elle veut soigner.

Enfin l’originalité de ce procès s’exprime de nouveau dans le cadre insolite qui le structure. On peut remarquer l’absence de quelconque témoins, ou même autres personnages dans le discours de Phèdre, que l’on voit dès le début faire ses aveux avec l’exclamatif « J’aime ! » l.8 et la répétition du groupe nominal « cet aveu » l.29,30. Cette dernière appuie sur sa révélation notamment avec un déterminant démonstratif ( ce) qui renvoie à l’aveu initial ( en l’occurrence « J’aime »). De plu la parataxe (« Innocente à mes yeux, je m’approuve moi même ») l.8 insiste sur la culpabilité de Phèdre. Dès le début du procès, l’accusée est donc instantanément reconnue coupable.

Pourtant malgré les aveux que s’obstine à faire la femme de Thésée, Phèdre est touchée par une envie d’agir presque de se justifier pour se disculper.

Cette tirade est ainsi un moyen de lutter contre la fatalité qui la suis.

Premièrement les dieux sont fréquemment mis en cause. Phèdre montre l’emprise que ces derniers ont sur son destin avec la répétition du groupe nominal « ces dieux » l.15 plaçant un déterminant démonstratif permettant de donner une idée visuelle à son argument. La métaphore« objet infortuné » l.13 renforce l’hypotypose, nous donnant à voir une Phèdre manipulée semblable à une poupée de chiffon; la malchance est également évoquée avec l’adjectif « infortuné »l.13

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