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Pauca Meae Victor Hugo

Dissertation : Pauca Meae Victor Hugo. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Février 2022  •  Dissertation  •  3 351 Mots (14 Pages)  •  698 Vues

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Contexte du poème :

- Évocation de la douleur d’Hugo face à la noyade de sa fille Léopoldine (et de l’époux de celle-ci Charles Vaquerie), dans la Seine, le 4 septembre 1843, suite au renversement du canot sur lequel ils se trouvaient. Le vent est à l’origine de ce renversement. Hugo se trouve alors sur le chemin du retour d’un voyage effectué en Espagne et apprend ce décès en lisant un article du journal Le Siècle le 9 septembre.

- Le poème appartient à la deuxième partie du recueil des Contemplations intitulée « Aujourd’hui », la rupture entre les deux parties étant constituée par la mort de la fille de l’auteur, qui a été une rupture dans la vie d’Hugo. Le Livre IV est sous-titré « Pauca meæ », qui se traduit par : Quelques vers pour ma fille tant aimée. Donc le livre a pour projet d’évoquer Léopoldine et la disparition de celle-ci.

Structure globale :

I- Vers 1 à 11 : premières réactions du poète face à la disparition de sa fille

II- Vers 12 à 20 : rêve ou folie du poète qui croit encore entendre sa fille

Structure proposée discutable : Après l’évocation de la douleur, qui est celle de tous les parents qui perdent leur enfant, le poète se révolte, et finit par nier parfois la disparition de sa fille. A partir du vers 7, on glisse vers cette sorte d’hallucination où le poète dit croire qu’elle n’est pas morte. Donc les vers 7 à 11 font la transition vers ce qui est annoncé ci-dessus comme la deuxième partie du poème.

Aspects majeurs du poème :

- Un poème en partie narratif, qui rappelle les réactions successives et répétées du poète face à cet événement douloureux

- Un poème lyrique : expression de la douleur de la disparition et donc de l’absence de l’être aimé, avec la difficulté de parler directement de sa fille et de ce qui lui est arrivé

- Volonté d’exprimer à la fois des sentiments intimes et de rejoindre l’universel, d’exprimer ce que ressent tout parent confronté à la même situation

- Expression de la douleur allant jusqu’à une forme de folie, par la négation de la réalité

- Caractère très vivant du poème, où la parole du poète père de famille au moment des faits se fait entendre

Analyse linéaire :

Vers 1 et 2 :

- Forme exclamative (deux interjections) : dès le début, le poète exprime sa douleur, renforcée par l’emploi de l’adjectif « fou » et du verbe « pleurai ». Les deux interjections résonnent en tête de vers, et cassent la régularité de l’alexandrin : expression du désarroi du poète.

- Annonce de l’un des aspects majeurs de ce poème : la folie du poète suite à la mort de sa fille. Ici elle est mise à distance par l’emploi de la comparaison (adverbe « comme »). Il a l’apparence d’un fou mais ne l’est pas. Dans la suite du poème, cette folie va s’accentuer.

- Aspect narratif, par l’emploi de verbes au passé simple = actions de premier plan : retour sur le passé, sur ce qui a suivi immédiatement l’annonce de la mort de sa fille.

- Noter que dans ces deux vers, rien n’indique explicitement l’origine de la douleur. En effet, « dans le premier moment », complément circonstanciel de temps placé en 2ème hémistiche du vers 1, donc en évidence, rappelle un instant du temps passé, mais sans indiquer de quoi il s’agit. Pourquoi ?

1ère réponse possible : Hugo conçoit son recueil comme une suite de poèmes qui sont à lire dans la continuité : le lecteur sait, par ce qu’il a lu précédemment, avant ce poème, que le poète évoque la mort de sa fille. Ainsi, la préface la suggère, en parlant de deuil familial ; le titre latin du Livre IV peut se traduire par : quelques vers pour ma fille tant aimée ; les titres des poèmes 2 et 3 de ce Livre IV sont des dates liées à sa fille ; le poème 4 évoque le deuil et Hugo était déjà célèbre au moment de la publication des Contemplations pour que les lecteurs comprennent qu’il évoque notamment le décès de sa fille, et que « trois ans après » suggère le temps passé depuis la disparition de celle-ci.

2ème réponse possible : comme dans la suite du poème, la douleur est telle qu’il est impossible pour le poète de mettre des mots sur la mort de sa fille, de dire de manière directe ce décès. Il suggère donc, reste dans une forme d’implicite. C’est aussi une façon de montrer combien cet événement l’a anéanti : lui, le poète, le spécialiste des mots, ne peut en trouver pour parler ouvertement de cette disparition. La poésie ne peut dire ici complètement, donc la solution est de suggérer au lecteur, que l’indicible se lise entre les mots, entre les vers.

- « amèrement » : au sens figuré, renvoie à la douleur et à la souffrance. Les « trois jours » symbolisent encore le temps de douleur juste après l’annonce de la mort de sa fille : toujours cet aspect narratif aussi.

Vers 3 à 5 :

- Longue phrase interrogative qui s’étale sur trois vers complets. Interpellation directe et appuyée des parents qui ont vécu la mort de l’un de leur enfant : emploi de la 2ème personne du pluriel dès le début du vers 3, et donc de la phrase, complété par l’apostrophe plus précise au vers 4 des « Pères, mères », et repris par le pronom « vous » en fin de question au vers 5. À noter aussi les pluriels globalisants, que « tous » renforce.

Volonté, ainsi, d’impliquer certains lecteurs dans les sentiments de douleur exprimés, d’échanger autour du sentiment de deuil : comme un dialogue voulu par Hugo, père de famille, avec ceux qui lui ressemblent. Car la réponse à la question est évidente : tout parent ressent cette douleur vive.

De plus, cela rejoint la volonté indiquée par Hugo dans sa préface de lier l’intime et l’universel : « Est-ce donc la vie d’un homme ? Oui, et la vie des autres hommes aussi. […] Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis ; la destinée est une. Prenez donc ce miroir et regardez-vous-y. ». Le poète est celui qui peut mettre des mots sur ce que ressentent de nombreux lecteurs.

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