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Mélancholia, Victor Hugo

Commentaire de texte : Mélancholia, Victor Hugo. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Janvier 2021  •  Commentaire de texte  •  1 655 Mots (7 Pages)  •  2 793 Vues

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« Mélancholia »

Étude linéaire :  

  • Thèmes : enfance, travail
  • Registres : pathétique, polémique
  • Composition : extrait d'un long poème de 336 vers. Alexandrins.
  • Mouvements du texte : 
  • v. 1 à 12 : description réaliste et pathétique du travail des enfants
  • v. 13 à 34 : réquisitoire contre le travail des enfants

Vers, extrait

Analyses, procédés

Interprétation

1° mouvement :

v. 1 :

Question rhétorique

pluriel + insistance avec le déterminant « tous » sur le nombre trop élevé de ces « enfants »

PSR (subordonnée relative)

« où [aller] » : double sens : physiquement, symboliquement.

Les enfants sont qualifiés dès le premier vers par l'absence d'enfance. L'enfant est synonyme de joie, or ici, « pas un seul ne rit », la négation insiste sur la négation de l'enfance.

v. 2 :

Suite de la question rhétorique du vers précédent

Expansions du nom destinées à décrire les enfants : épithètes « doux », « pensifs » + PSR dans le 2° hémistiche

antithèse entre le 1° et le 2° hémistiche « doux » / « fièvre »

Effet d'insistance sur ces enfants et les conditions dans lesquelles ils sont

But : faire naître le pathos du lecteur qui ne peut accepter voir des enfants « maigrir », privés de leur enfance. La maladie, chez de jeunes enfants, suscite peine et compassion.

v. 3 :

Tjs question rhétorique

Suite des déterminants démonstratifs déictiques pour introduire le vers (forme d'anaphore)

PSR « qu'on voit cheminer seules »

Même procédé de décalage entre le 1° et le 2° hémistiche

Jeu de mot par homophonie « cheminer »

Effet d'accumulation, à chaque vers on en apprend davantage sur ces enfants, et notre peine et notre indignation augmentent.

Ici, les indications sur le sexe et l'âge donnent à voir l'image. Peinture d'un tableau réaliste sur la fragilité des enfants.

Le vers se termine sur la solitude (adj. « seules ») : double sens, physique et symbolique encore (elles se promènent seules et avancent seules sur le chemin de la vie).

Cheminer / cheminées : rappel du travail dans les usines, vie dédiée à la production.

v. 4 :

Pronom générique « ils » = tous les enfants

Phrase simple, dépourvue de stylistique : fait naître le pathos par son seul sens.

Indication temps de travail : 15h /24 = cela paraît aberrant

Préposition « sous » : asservissement, soumission

v. 5 – 6 :

Insistance sur le temps, CC de temps « de l'aube au soir », repris par adverbe « éternellement »

v. 6 : parallélisme de construction entre les deux hémistiches, soutenu par la répétition de l'adjectif « même »

Cela donne l'impression d'un travail ininterrompu, d'une absence de vie, de privation de soleil, un peu à la façon d'un châtiment mythologique par la notion d'éternité. (Sisyphe)

+ même geste, même lieu

Terme de « prison » hyperbolique mais exprime l'idée d'enfermement dans un lieu clos.

v. 7 – 8 :

Registre fantastique : « monstre », « machine », « dents », «hideux», « enfer », ...

Personnification de la machine : « dents », « mâche », « monstre » + allitérations [m], [r], [ch]

Champ lexical de la noirceur (technique et symbolique) : « sombre », « ombre »

Reprise de l'idée d'aliénation via la préposition « sous » et le participe passé en emploi adjectival « accroupis ».

Inversion des rôles : la machine devient humaine, bien que monstrueuse (registre fantastique), par la personnification tandis que les enfants sont déshumanisés. La machine domine, « mange » symboliquement les enfants, le [r] sonne comme une menace.

Les enfants travaillent enfermés dans des lieux mal éclairés, sans voir le jour. Cette noirceur et cette absence de vie jettent une ombre sur leur âme.

v. 9-10 :

« Tout est d'airain, tout est de fer »

Double antithèse permettant un parallélisme de construction entre les 2 hémistiches du vers 9.

Rejet du groupe verbal au vers 10.

Parallélisme fin du vers 10, insistance via la répétition du pronom « tout ».

Met en exergue le manque de logique des enfants condamnés au travail alors qu'ils sont « innocents ». Insistance sur le calvaire par la métaphore hyperbolique de l' « enfer ».

= forme de conclusion qui ramène à la simple réalité : celle du travail des enfants. Le rejet représente ici le rejet de l'humanité qui devient le simple produit d'une usine.

Rappel des matériaux, froids, dans les usines : les enfants n'y ont pas leur place : incompatibilité entre les enfants et la production industrielle. « de fer » peut rappeler « l'âge de fer », une façon pour Hugo de sous-entendre que sous-couvert de chercher le progrès, l'homme a régressé.

v. 11 : « Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue »

Double négation « jamais »

Parallélisme de construction entre les deux propositions coordonnées par la conjonction de coordination « et »

Pronom impersonnel « on »

Effet d'insistance, retour sur la privation d'enfance : repos, jeu. L'usine se caractérise par le néant, la négation de l'humain.

= déshumanisation

v. 12 :

Forme de conclusion « aussi », phrase exclamative

champ lexical de la mort « pâleur », « cendre »

Indignation du poète devant la figure fantomatique des enfants qu'il présente.

2° mouvement :

v. 13-14 :

Négation + interjection v. 14

Rappel de la fragilité de la santé des enfants « las » dès le début de la journée

marque de subjectivité. Lyrisme

v. 15-16 :

Anaphore en début de vers « ils » (v. 13 à 16)

Discours direct

+ « Notre père »

paronomase à la rime « sommes » / « hommes »

« voyez » : impératif

exclamation, emphase (commencer par « petits comme nous sommes »)

Mise en lumière des enfants

Forme de prière (« Notre père ») : accentue la dimension pathétique. En s'adressant à Dieu, ils sont purs et innocents.

= Enfants vs « hommes »

posent un constat, ne critiquent pas : humilité

permet d'augmenter la dimension pathétique

v. 17-18

Ô laudatif, exclamations

allitération en [f]

Emphase et colère de Victor Hugo, si le « je » est absent, c'est seulement parce que tout le monde fait (ou devrait faire) le même constat : le terme de « servitude » rappelle l'exploitation.

insistance sur le souffle, rappelle le travail harassant des enfants dans des conditions ignobles

v. 18-25

Sujet = « travail » puis proposition subordonnée relative, proposition principale, puis autres propositions subordonnées relatives

Le sujet n'est plus les enfants mais le travail : après l'éveil de la pitié, Victor Hugo nous invite à la révolte

v. 19

« fait ce qu'a fait Dieu »

Chiasme sonore + antithèse « fait » / « défait »

Insistance sur le caractère maléfique du travail

v. 20

« La beauté sur les fronts, dans les cœurs la pensée »

Chiasme syntaxique

Idem : le travail est diabolique, il change l'ordre des choses, ce qui fait l'humanité, « la beauté », « la pensée ».

v. 17 -19

Lexique dépréciatif : « servitude », « infâme », « rachitisme », « étouffant », « tue », « insensée »

Rappel des conditions de travail et condamnation du caractère malsain voire inhumain de ce travail, à plus forte raison pour des enfants

v. 21

Conjonction de coordination « et » pour insister davantage encore sur cette définition du travail.

Incise « c'est là son fruit le plus certain »

Volonté d'insistance

Polysémie du « fruit » : métaphore des conséquences d'une action mais aussi référence à la Bible et au péché originel

v. 22

Raisonnement par l'absurde via les antithèses : « Apollon » : « bossu » + « Voltaire » : « crétin »

Beauté vs difformité

Philosophe des Lumières respecté vs bêtise

= Le travail tel qu'il est renverse l'ordre des choses, il change en profondeur les enfants au point qu'il ne peuvent devenir beaux ou intelligents : ils sont seulement accablés => le travail est destructeur, il métamorphose en profondeur : les conséquences sont dramatiques

v. 23-25

« qui prend l'âge tendre en sa serre »

Anaphore de propositions subordonnées relatives

métaphore d'un oiseau de proie

antithèses « richesse », « misère » ; « enfant », « outil »

exclamation finale

Insistance

Le travail devient rapace, caractère immoral

Le travail inverse les valeurs

indignation

v. 26

Le travail est remplacé par le « Progrès » (ironique ici) puis proposition subordonnée relative pour le décrire

questions rhétoriques

Le travail change en profondeur au cours de la révolution industrielle, au nom du progrès que Victor Hugo remet ici en question.

Marquent l'inquiétude du poète

v. 27-28

Exclamations

personnification « brise », « donne », « retire »

antithèse « donne » / « retire »

Indignation encore

la machine déshumanise l'homme, c'est une inversion des valeurs, elle est supposée aider l'homme, permettre le progrès : c'est inacceptable

v. 29

Anaphore « maudit » (trois fois)

Imprécation lancée par Victor Hugo, condamnation

v. 29 - 31

Vocabulaire dépréciatif « vice », « opprobre », « blasphème », « haï » = champ lexical du vice

Le travail pervertit l'humanité et, par extension, la création divine

v. 32

Interjection + exclamation + subjonctif

Adresse à Dieu, formule une prière, un souhait : que Dieu maudisse le travail dans de telles conditions

v. 33 - 34

Termes mélioratifs : « saint », « fécond », « généreux », « libre », « heureux »

Définition du vrai travail, définition en opposition avec celle donnée dans tout le reste du poème. Le vrai travail donne un sens à la vie humaine, permet un épanouissement : il ne doit pas être perverti par l'homme et changé en une forme de servitude, et doit être réservé aux adultes.

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