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Montaigne « Des cannibales » (1580)

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Par   •  7 Novembre 2022  •  Cours  •  3 767 Mots (16 Pages)  •  230 Vues

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Texte 2   Montaigne « Des cannibales » (1580) (fin)

Introd :

Montaigne, écrivain humaniste du 16ème siècle fait part librement, dans les Essais, de ses pensées et de son expérience de la vie. Il est particulièrement intéressé dans le livre qui nous occupe, « Des cannibales », par la découverte que font à cette époque les européens des  peuples américains et cherche à comprendre le lien entre humanité, culture et civilisation.

Situation de l'extrait :

 Montaigne a rencontré des hommes du Brésil venus visiter la  France. Il raconte une conversation censée être réelle qu'il a eue avec eux.  

L'histoire prend place à Rouen, à une époque où la ville sortait d'un siège violent mené par les protestants. Une procession solennelle célèbre le retour de Rouen dans le camp catholique, et le  roi catholique, Charles IX (neuf) vient rétablir son pouvoir dans la ville ;  il est censé la montrer à trois Brésiliens qui le suivent .

Mouvement  de l'extrait

une narration en deux temps :

  • 1-  la visite officielle
  • 2- puis la conversation privée (§2) de Montaigne avec le chef brésilien

mais cette narration, en raison de la teneur du dialogue qui s'y tient, a une valeur argumentative à un double niveau : on sait ce que le Brésilien  pense du monde des Français mais on sait aussi  ce que M en pense  même s'il ne donne pas formellement son avis.

  • La dernière phrase est une incise de discours indirect libre mais à valeur argumentative ironique

[Ceci est le texte traduit en français contemporain, la lecture linéaire a été fait sur un texte moins actualisé] Le roi leur parla longtemps ; on leur fit voir nos manières, notre faste, ce que c’est qu’une belle ville. Ils dirent qu’ils trouvaient d’abord très étrange que tant d’hommes portant la barbe, grands, forts et armés (ils parlaient certainement des Suisses de sa garde), et qui entouraient le roi, acceptent d’obéir à un enfant et qu’on ne choisisse pas plutôt l’un d’entre eux pour les commander.

         Deuxièmement (dans leur langage, ils divisent les hommes en deux « moitiés ») ils dirent qu’ils avaient remarqué qu’il y avait parmi nous des hommes repus et nantis de toutes sortes de commodités, alors que ceux de l’autre « moitié » mendiaient à leurs portes, décharnés par la faim et la pauvreté ; ils trouvaient donc étrange que ces « moitiés »-là puissent supporter une telle injustice, sans prendre les autres à la gorge ou mettre le feu à leurs maisons.

        J’ai parlé à l’un d’entre eux fort longtemps ; mais j’avais un interprète qui me suivait si mal, et que sa bêtise empêchait tellement de comprendre mes idées, que je ne pus guère tirer de plaisir de cette conversation. Comme je lui demandais quel bénéfice il tirait de la supériorité qu’il avait parmi les siens (car c’était un capitaine, et nos matelots l’appelaient « Roi »), il me dit que c’était de marcher le premier à la guerre. Pour me dire de combien d’hommes il était suivi, il me montra un certain espace, pour signifier que c’était autant qu’on pourrait en mettre là, et cela pouvait faire quatre ou cinq mille hommes. Quand je lui demandai si en dehors de la guerre, toute son autorité prenait fin, il répondit que ce qui lui en restait, c’était que, quand il visitait les villages qui dépendaient de lui, on lui traçait des sentiers à travers les fourrés de leurs bois, pour qu’il puisse y passer commodément.

        Tout cela n’est pas si mal. Mais quoi ! ils ne portent pas de pantalon. ]        

 Le Roi parla à eux longtemps ; on leur fit voir notre façon, notre pompe[1], la forme d'une belle ville. 

« Entrée en scène » d'un personnage très important qui manifeste son intérêt pour les Brésiliens  puisqu'il prend de son temps pour communiquer avec eux : emploi de l'adverbe « longtemps »

 lexique  valorisant et multiplication d'adj de la 1ère personne  = marque de la fierté nationale. Chacun semble s'attendre à ce que les I soient impressionnés

Après cela, quelqu’un leur demanda ce qu’ils en pensaient, et voulut savoir ce qu’ils avaient trouvé de plus surprenant.

= tournant de l'histoire (force perturbatrice ou événement perturbateur) car celui qui les interroge  s'attend sûrement à ce que les I.  s'extasient sur tout ce qu'ils ont vu mais ce ne sera pas le cas.

On note l'insistance du personnage qui ne doute pas du résultat de sa démarche .

« Surprenant » est à prendre dans un sens positif, proche d'admirable.

 Ils répondirent trois choses ; j’ai oublié la troisième et j’en suis bien mécontent. Mais j’ai encore les deux autres en mémoire :

Entrée en scène de M qui témoigne un grand intérêt pour ce que disent les I puisqu'il regrette d'avoir perdu une de leurs remarques (« bien mécontent» : adjectif + intensif)

Il  restera d'ailleurs le seul, ensuite, à leur parler, comme si tous les autres avaient été déçus par la réponse donnée qui s'avère être fort critique . En bon humaniste, il a pour les I une curiosité sincère quand les autres avaient seulement le désir de se faire valoir et de faire valoir la France (ethnocentrisme).

Son accident de mémoire (« oublié ») donne un effet de réalisme et rend d'autant plus crédibles et précieux les deux autres éléments avancés. C'est une façon aussi de mettre en valeur l'organisation du discours des I (puisque 3 réponses différentes donc 3 parties) et donc de leur donner à eux aussi une crédibilité et de les valoriser (= humanisme), loin de la défiance que certains pouvaient en avoir à l'époque.

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