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Montaigne / Des Cannibales

Commentaire de texte : Montaigne / Des Cannibales. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Décembre 2021  •  Commentaire de texte  •  2 207 Mots (9 Pages)  •  275 Vues

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   Au XVI ème siècle, l’Europe voit s’épanouir un mouvement culturel et artistique européen de la Renaissance qui se caractérise par la foi en l'homme, par l'intérêt pour toutes les formes de la connaissance et par la redécouverte de la littérature de l’Antiquité. L’humanisme est ainsi accompagné par une littérature d’idées, qui, en prise avec son époque, désigne l’ensemble des textes dans lesquels les ressources littéraires sont mises au service de l’argumentation. Parmis eux, nous pouvons citer « Les Essais » qui est une œuvre de l’humaniste français Montaigne, composée de trois livres écrits entre 1580 et 1595. C’est ainsi, qu’à travers un essai hybride mêlant des caractéristiques autobiographiques et diverses réflexions par la subjectivité, que Montaigne défendra en son nom soit par une argumentation directe, une réflexion sur le nouveau monde qui a une visée philosophique. En effet, par son discours de tolérance, ses références à l’Antiquité et son ouverture d’esprit, cet humaniste laisse entendre une voix singulière : celle d’un moi qui se prend comme matière de ses écrits, celle d’une conscience qui se résout par elle même et celle d’un humaniste qui voit en chacun un représentant de « l’humaine condition ». 

Quelques décennies après les grandes découvertes, le Nouveau Monde, qui est correspond à un monde non civilisé mais marqué par sa proximité avec la nature est un objet d’interrogation et de fascination.

Dans le chapitre 31 intitulé « Des Cannibales » du livre 1, publié en 1595, Montaigne évoque la découverte des « sauvages » du Nouveau Monde, et plus précisément les moeurs des Tupinambas présents au Brésil Brésil suivi de l’étonnement des Européens face à leurs coutumes qui sont différentes des leurs étant donné que ce peuple pratique le cannibalisme. En parlant d’eux, il parle également de l’homme européen, prétendument civilisé, détourne les idées préconçues sur ces cannibales et propose sa vision de la « barbarie ». Cet extrait présente ainsi l’opposition entre européens et « sauvages ».

Nous pouvons donc nous demander comment Montaigne argumente-t-il en faveur de ces derniers ?

Nous étudierons tout d’abord la force argumentative de ce texte permettant de mettre en valeur l’opposition des « sauvages » et des européens, avant de commenter l’éloge Montaignien qui est fait des « sauvages ». Pour terminer nous verrons que cet éloge permet à Montagne de critiquer l’idée de progrès dans la société de son époque.

    Tout d’abord, on peut penser que Montaigne entreprend de relativiser les termes de « barbare » et « sauvage ». En effet, il utilise à la ligne 1 une tournure négative : « il n’y a rien de barbare et de sauvage dans cette nation » afin de montrer dès le début de texte son avis paradoxal allant à l’encontre des idées reçues et des contemporains. De plus, à il définit la barbarie comme ce qui n’est pas dans les coutumes de la personne qui emploie ce mot, comme on peut le voir à la ligne 2 lorsqu’il mentionne le fait que « chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ». A travers cela, il dénonce le fait que chacun juge les autre sociétés selon celle qu’il connaît : sa propre société. Ainsi, il dénonce les préjugés ethnocentriques qui poussent chacun à considérer que sa société est la meilleure et que les autres sont inférieures notamment à travers la répétition du mot « parfait » qui prend une connotation ironique à l’égard des européens. Puis, de la ligne 4 à la ligne 5, Montaigne exploite la polysémie du mot « sauvage » en comparant les hommes du Nouveau Monde aux fruits, je cite,« que la nature a produit d’elle même et dans sa marche ordinaire ». Cette analogie entre lh’omme sauvage et le fruit sauvage structure le texte : c’est à partir du sens positif du mot « sauvage » que Montaigne va construire son argumentation. AInsi, il renverse paradoxalement le sens du terme pour faire apparaître ses connotations mélioratives car un fruit est considéré comme meilleur qu’un fruit issu de l’agriculture. Par la suite, on il oppose donc la société des « sauvages » et celle des européens à travers sur une série d’antithèse comme on peut le voir de la ligne 6 à 7 : les hommes du Nouveau Monde possèdent les « vertus et propriétés » qui sont « les véritables », « les plus utiles », »les naturelles », alors que « nous », les Européens les avons « abâtardies » par « notre goût corrompu ».La répétition du mot « nous » a donc ici une connotation péjorative en prenant un sens accusateur . De même « la beauté et la richesse » de la Nature ont été « étouffées » par les Européens comme il l’est mentionné à la ligne 10. D’autre part, on peut souligner le fait que la nature soit personnifiée et mise en valeur par des hyperboles à la ligne 9 : « grande et puissante mère nature ». Cela permet d’asseoir les antithèses citées précédemment et permet également de mettre en avant un parallèle entre l’homme civilisé et le fruit cultivé que Montaigne considère comme inférieurs à l’homme et aux fruits sauvages comme on peut le voir avec les moralisateurs « étouffée, vaines, frivoles » présents de la ligne 10 à 11 qui attestent de la prise de position de Montaigne qui est bien sur en faveur des Cannibales. Donc la visée argumentative de Montaigne est de combattre les préjugés en amenant ses contemporains européens à repenser la notion de « barbarie «  et comme nous allons le voir, de faire l’éloge des Cannibales en s’opposant aux idées de l’époque.

     Pour commencer, il est tout d’abord mentionné de la ligne 13 à 14 que les efforts des hommes européens sont « vains » et qu’ils n’égalent pas la nature. De plus, on trouve sans peine dans ce texte le registre épidictique de la ligne 13 à 20. En effet, Montaigne fait l’éloge des Cannibales en renversant les préjugés négatifs et en employant de nombreux termes mélioratifs qui prônent la supériorité de la nature comme : « état originel », « une telle pureté » « vertus », « véritables », « saveur », « finesse », « grande et puissante Mère Nature », « beauté », « richesse » ou encore « utiles ». Les Cannibales apparaissent ainsi supérieurs parce qu’ils ont su rester simples comme il l’est mentionné à la ligne 21 « une naïveté si pure et simple » qui d’ailleurs ne doit surtout pas être corrigé par l’Homme. Ils sont également sans artifices comme il l’est mentionné à la ligne 22 « si peu d’artifice », mais surtout purs comme on peut le voir à la ligne 17 « une telle pureté », et proches de « l’état originel ». Le sauvage est donc l’homme dans son état « originel », tel qu’il était lorsqu’il n’était pas civilisé, c’est à dire selon Montaigne « abâtardi » et « corrompu » comme je l’ai mentionné au début de mon analyse au niveau de la ligne 7 à 8. De plus, il est évoqué que les hommes sont incapables de « reproduire » par leurs « inventions » et « vaines frivoles entreprises » les oeuvres de la nature mentionnées de la ligne 13 à 14 comme « le nid du moindre oiselet » ou « la tissure de la chétive araignée ». Au contraire, « l’art » de l’homme ne produit que des choses « imparfaites » comme il l’est dit à la ligne 15. Les sauvages sont donc supérieurs aux Européens car ils sont proches de la nature, que Montaigne juge supérieure à la culture. Enfin, cet humaniste oppose les « lois naturelles » des sauvages « aux procédés artificiels » des « lois humaines » à la ligne 17. Il montre ainsi que dans la société dite civilisée, les rapports entre les hommes sont régis par cupidité, la domination et le mensonge et qu’en superposant les lois humaines aux lois naturelles, l’homme a crée des rapports « artificiels ». Il est important de souligner que cette idée est renforcée par Montaigne à travers un argument d’autorité en faisant à référence à un érudit, Platon grâce à une citation qui s’étend de la ligne 14 à 15. La nature ici personnifiée est donc perçue comme source de perfection. Mais en louant le mode de vie des « cannibales » Montaigne ne se contente que pas de les défendre : c’est pour lui un prétexte pour critiquer la prétendue supériorité de l’Europe civilisée et de pointer du doigt la notion de progrès.

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