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Les manifestations linguistiques de l'argumentation

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Par   •  6 Mars 2019  •  Dissertation  •  5 744 Mots (23 Pages)  •  421 Vues

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Les manifestations linguistiques de l’argumentation dans le texte littéraire



1. D’aprés A. Rey, le mot <> n’est devenu courant qu’au  19ième siècle <> ( 1998: article  << Argument>>)
L’argumentation est au cœur de la conception ancienne de la rhétorique.
On peut utiliser l’argumentation comme presentation d’un point de vue, éclairage,schématisation. Si l’on définit l’argumentation comme une tentative pour modifier les representations de l’interlocuteur, c’est evident que toute  information joue ce rôle et qu’elle peut être dite argumentative en ce sens.
1 Tout énoncé, toute succession cohérente d’énoncés construit un point de vue ou << schématisation>>, dont l’étude constitue l’objet de la logique naturelle. Pour J.-B. Grize, l’argumentation est << une demarche qui vise à  intervener sur l’opinion, l’attitude, voire le comportement de quelqu’un>>, par les moyens du discours. << Telle que je lentends, l’argumentation considère l’interlocuteur,comme un alter ego auquel il s’agira de faire partager  sa vision. Agir sur lui, c’est chercher à modifier les diverses representations qu’on lui prête , en mettant en evidence certains aspects des choses, en en occultant d’autres, en en proposant de nouvelles, et tout cela à l’aide d’une schématisation appropriée>> 2 .

2. Problèmes généraux de l’argumentation
L’étude de l’argumentation nécessite quelques remarques prénables. Fondée en parties sur la logique formelle,elle s’appuie sur des forms de raisonnement qu’on tient à rappeler, sans que ces préliminaires aient nullement la pretention d’être un cours de logique. D’autre part, comme elle est véhiculée par le langage naturel, elle a ses règles propres qui la différancient des raisonnements formels.

2.1 L’argumentation découle de règles logiques

∙Argumentation et inferences

L’argumentation ne se différencie pas des raisonnements formels dans ses objectifs mais seulement dans ses modalités. Il s’agit, dans les deux cas de faire progresser la pensée en partant du onnu pour faire admettre l’inconnu. La logique appellee cette operation une inference. Il faut noter toutefois que toutes les inferences ne procèdent pas nécessairement de raisonnements: par exemple, si on entend la sonnerie du telephone,on infère immédiatement qu’il y a un correspondant au bout du fil. C’est donc souvent notre simple experience du mondequi permet nos inferences.Dès lors qu’elles relèvent de l’évidence,elles échapent au domaine de l’argumentation. D’autres inferences, en revanche, posent problème. Ce sont celles qui nécessitent une veritable operation intellectuelle en plus d’expérience ( domaine très vaste des raisonnements empiriques), ou même hors de l’expérience ( domaine des sciences exactes). On admet alors que ces raisonnements se divisen en deux espèces principales: le deduction et l’induction.


∙ La deduction et la syllogistique
La deduction est le principe de taisonnement qui va du general au particulier. Aristote s’y est largement intéressé et en a défini les principales conditions de validité formelle en étudiant le syllogisme.


ex.
Toute Europe est démocratique.
La France fait partie de l’Europe.
Donc la  France est un État démocratique.


Les deux premières propositions constituent les prémisses du raisonnement. La première  est une loi générale, appellee majeure. La seconde est un fait particulier,appelé mineure. La conclusion qui découle des prémisses est une inference qui doit,pour être valide, obéir à des règles très précises.Ces règles sont dites extensionnelles, c’est-à-dire indépendantes du contenu empirique des termes: tout syllogism,comme tout raisonnement formel,doit  pouvoir être traduit du langage naturel en langage artificiel.
On s’aperçoit que les trois propositions du syllogism contiennent trois termes au total, répartis deux à deux.On distinge le grand terme ( États démocratiques), le moyen terme (Europe) , le petit  terme (France). Selon la place de ces termes dans les prémisses, on trouve quatre figures possibles. L’exemple appartient à la première figure, où le moyen terme est sujet de la majeure et prédicat de la mineure. Mais le moyen terme pourrait aussi être prédicat des deux prémisses (deuxième figure), sujet des deux (troisième figure), ou enfin prédicat de la majeure et sujet de la mineure ( quatrième figure).
L’intérêt de la syllogistique est de montrer la validité des raisonnements déductifs indépendamment du contenu des propositions, pourvu que soit respecté le principe d’extensionalité; encore faut-il se mettre d’accord sur la pertinence des termes. En réalité, la logique formelle ne permet de déjouer que les pièges argumentatifsles plus grossiers, en fait rarissimes dans les discours  et les conversations. Ce sont les incertitudes de la langue qui font la plupart des sophisms, comme le montre ce célèbre exemple:
   
    Tout ce qui est rare est cher.
    Un cheval bon marché est rare.
    Donc un cheval bon marché est cher.

La notion de rareté peut se comprendre dans un sens naturel ou dans un senc économique, d’où l’ambiguïté.
Puisque la richesse des raisonnements déductifs dépasse le cadre du formel, les traités de rhétorique, depuis Aristote, étudient les syllogisms <>, c’est-à-dire ceux qui ne sont pas présentés sous la forme canonique des trois propositions. Ce sont la sorite,l’épichérème et l’enthymème.
La sorite est l’argument du <> (sôros) , dénommé ainsi parce qu’on pouvait se demander jusqu’à quell point, en ôtant un à un les grains d’un tas de blé,c’était encore un tas.
Avec l’épichérème,on apporte des arguments aux prémisses jugées peu convaincantes.
Quant à l’enthymème , il est complexe parce que simplificateur,pourrait-on dire. Au contraire du sorite et de l’épichérème, il réduit l’expression du syllogism.
Aristote donne deux definitions de la notion. La première est celle du syllogism fondé sur des prémisses seulement vraisemblables.  Le second sens du mot,retenu majoritairement par les rhétoriciens ultérieurs, est celui d’un syllogisme incomplet dans sa formulation, car il y manque l’une des prémisses. De deux choses l’une: ou bien on considère que la prémisse manquante est  évidente
pour qu’on s’autorise à en faire l’économie(version honnête) , ou bien on préfère l’escamoter parce qu’elle est contestable, voire fausse (version sophistique)

∙ L’induction et la généralisation

L’induction part de faits particuliers et about it en principe à une généralisation. Cette activité de l’esprit est necessaire à la demarche scientifique, puisqu’elle permet de dégager des lois à partir de faits observes,mais aussi à nombre de raisonnement de la vie quotidienne. Les logiciens distinguent généralement l’induction complète, qui permet des inferences à partir de la totalité des phénomènes concernés, et l’induction amplifiante, qui n’utilise qu’un échantillon de phénomènes. La première forme est peu intéressante  pour la connaissane scientifique puisqu’il s’agit de confirmer une loi qui se degage de l’examen des cas.  Mais elle est indispensable lorsqu’on a besoin d’une observation exhaustive de la réalité.
L’induction amplifiante est plus hardie, donc à la fois plus productive d’un point de vue heuristique et plus susceptibled’erreurs.
Le raisonnement inductif n’about it pas toujours à une généralisation , mais parfois à des conclusions pourtant sur des faits particuliers. C’est la demarche de l’enquêteur de police qui , à partir d’indices factuels concordants, va induire la culpabilité d’un suspect. Le raisonnement est bien l’inverse du syllogism judiciaire, celui qui juge qui dira, lorsque la culpabilité sera établie : << tout voleur tombe sous le coup de la loi; or Untel est convaincu de vol; donc il sera puni d’emprisonnement>>.




3  L’argumentation relève de critères spécifiques

∙ Le problème de l’auditoire

Pour fonder philosophiquement l’argumentation selon une théorie des valeurs , une raison patique en quelque sorte , Perelman pose la nécessité d’un << auditoire universel>> . Le discours rhétorique est censé s’adresser aux non-spécialistes, et même  aux gens sans instruction, par opposition au discours scientifique. L’auditoire universel serait alors l’auditoire moyen. Dans le cas de l’auditoire idéal, l’argumentation deviendraiten principe aussi rigoureuse qu’une démonstration scientifique, puisque tout le monde serait disposé à être convaincu de la même monière, c’est-à-dire objectivement. L’auditoire ideal existe certainement si l’on s’en tient à des arguments rationnels, excluant l’éthos et le pathos. Dans les autres cas,nettement plus nombreux,l’orateur est force de tenir compte des caractères subjectifs de son auditoire, afin de la convaincre.

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