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Lecture analytique Germinal - Emile Zola (premier partie chapitre 4)

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Par   •  27 Juin 2018  •  Commentaire de texte  •  1 171 Mots (5 Pages)  •  6 040 Vues

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[L.A. 3] Emile Zola, Germinal

Texte 3 : Emile Zola, Germinal, 1ere partie du Chapitre IV (1885)[pic 1]

C'était Maheu qui souffrait le plus. En haut, la température montait jusqu'à trente-cinq degrés, l'air ne circulait pas, l'étouffement à la longue devenait mortel. Il avait dû, pour voir clair, fixer sa lampe à un clou, près de sa tête ; et cette lampe, qui chauffait son crâne, achevait de lui brûler le sang. Mais son supplice s'aggravait surtout de l'humidité. La roche, au-dessus de lui, à quelques centimètres de son visage, ruisselait d'eau, de grosses gouttes continues et rapides, tombant sur une sorte de rythme entêté, toujours à la même place. Il avait beau tordre le cou, renverser la nuque : elles battaient sa face, s'écrasaient, claquaient sans relâche. Au bout d'un quart d'heure, il était trempé, couvert de sueur lui-même, fumant d'une chaude buée de lessive. Ce matin-là, une goutte, s'acharnant dans son œil, le faisait jurer. Il ne voulait pas lâcher son havage, il donnait de grands coups, qui le secouaient violemment entre les deux roches, ainsi qu'un puceron pris entre deux feuillets d'un livre, sous la menace d'un aplatissement complet. Pas une parole n'était échangée. Ils tapaient tous, on n'entendait que ces coups irréguliers, voilés et comme lointains. Les bruits prenaient une sonorité rauque, sans un écho dans l'air mort. Et il semblait que les ténèbres fussent d'un noir inconnu, épaissi par les poussières volantes du charbon, alourdi par des gaz qui pesaient sur les yeux. Les mèches des lampes, sous leurs chapeaux de toile métallique, n'y mettaient que des points rougeâtres. On ne distinguait rien, la taille s'ouvrait, montait ainsi qu'une large cheminée, plate et oblique, où la suie de dix hivers aurait amassé une nuit profonde. Des formes spectrales s'y agitaient, les lueurs perdues laissaient entrevoir une rondeur de hanche, un bras noueux, une tête violente, barbouillée comme pour un crime. Parfois, en se détachant, luisaient des blocs de houille, des pans et des arêtes, brusquement allumés d'un reflet de cristal. Puis, tout retombait au noir, les rivelaines tapaient à grands coups sourds, il n'y avait plus que le halètement des poitrines, le grognement de gêne et de fatigue, sous la pesanteur de l'air et la pluie des sources.

Contexte

  • Emile Zola, né le 2 avril 1840 à Paris et mort le 29 septembre 1902 dans la même ville, est un écrivain et journaliste français
  • Ses œuvres principales sont : Thérèse Raquin (1867), les Rougon-Macquart
  • Chef de file du naturalisme, Emile Zola a entrepris, à travers la fresque romanesque des Rougon-Macquart, de dresser un tableau de la société français du Second Empire en étudiant plus particulièrement l'influence du milieu et de l'hérédité sur les personnages.
  • Dans Germinal, il s'intéresse au monde ouvrier qui, exploité, finit par se révolter.
  • L'extrait de la première partie du chapitre IV nous plonge au côté de Maheu et des autres mineurs.
  • « Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le IInd empire »

Genre/registre

  • Roman
  • Polémique, réaliste, pathétique, épique

Plan

  • « C'était Maheu […] comme lointains. » : Concret, description réaliste, présence de vie
  • « Les bruits prenaient – […] la pluie des sources. » : Abstrait, affrontement avec la Terre, aucune présence de vie

Lieu

  • Création d’un environnement (notions indiquant l’orientation « En haut » « près de » « au-dessus de lui, à quelques centimètres de ») : description réaliste de l’espace
  • Esquisse d’un décor (« luisaient des blocs de houille, des pans et des arêtes ») : rendre réel la scène
  • « Irréguliers », « voilés », « lointains » : Atmosphère étrange où plus aucune humanité n’est présente

Le métier de mineur (documentaire) : réaliste et polémique

  • Vocabulaire spécifique (« rivelaines » « chapeaux de toile métallique » « havage ») : description réaliste et scientifique de l’action
  • Comparaison de taille (« ainsi qu'un puceron pris entre deux feuillets d'un livre ») : aide le lecteur à connaitre le métier mais montre aussi l’impuissance du mineur face à son environnement
  • Métaphore (« gouttes continues et rapides, tombant sur une sorte de rythme entêté, toujours à la même place. » : la goutte d’eau remplace les pioches) : travail répétitif réduit à un geste « taper »
  • Inconfort physique des mineurs (« souffrait », précision de la température « 35° », hyperbole « devenait mortel », « humidité » « chauffait » « tordre le cou », personnification des gouttes « battaient sa face », énumération de verbes pénibles « battaient sa face, s'écrasaient, claquaient ») : des conditions de travail désagréables et « mortelles » dénoncés par Zola avec l’aide du réaliste
  • Déshumanisation des mineurs (perte de la parole « halètement » « grognement » « pas une parole n'était échangée » + animalisation « grognement », comparaison Maheu/puceron + énumération et dislocation des corps au singulier « une rondeur de hanche, un bras noueux, une tête violente » + aucun pronom personnel défini + nommés de façon indéfinie « Des formes spectrales s'y agitaient ») : les mineurs perdent leur vie
  • Sujet « la roche » à la place de Maheu : ce dernier subit l’action
  • "violente" et "crime" : une certaine forme de violence.
  • Les mineurs sont seuls (non nommés ; « lueurs perdues » éloignement les uns des autres) : rapport à la société, les mineurs sont exclus.

Abstrait : la portée symbolique d’un affrontement entre la Terre et le mineur

  • Présence de mort (« mortel », « air mort », « étouffement ») + « supplice » (« chauffer son crâne » + la chaleur (métaphore « brûle le sang » + obscurité « les ténèbres fussent d'un noir inconnu » + couleur rouge « rougeâtres » + présence de fantômes) : métaphore des enfers
  • Le poids (« la menace d'un aplatissement complet », « gaz qui pesaient sur les yeux » « alourdi ») : les mineurs sont écrasés
  • 4 éléments qui affrontent le mineur (Feu « chauffait son crâne, achevait de lui brûler le sang » ; Eau « de grosses gouttes […] battaient sa face, s'écrasaient, claquaient sans relâche » « une goutte, s'acharnant dans son œil, le faisait jurer » ; Air « l'air ne circulait pas, l'étouffement à la longue devenait mortel. » ; Terre « les deux roches […] sous la menace d'un aplatissement complet. »
  • Maheu isolé (« souffrait le plus » sacrifice ; « Il ne voulait pas lâcher son havage » : volonté, résistance, courage) : il se bat contre une force qui le dépasse (tragique) mais résiste et se bat : héros comparé à Prométhée
  • Aucun repère de temps : temps figé.
  • Impuissance (« il avait beau »)
  • Oxymore (« goutte » est trop faible pour « s’acharnant ») : Maheu est plus faible que tout

Questions probables

  • Comment Zola dépasse-t-il la description des conditions de travail des mineurs pour faire d’un personnage de roman un symbole ?

I/ Une description réaliste

  1. Représentation d’un environnement
  2. Description du métier
  3. Qui s’exerce dans l’inconfort

II/ Une portée symbolique : affrontement avec la Terre

  1. L’enfer
  2. Déshumanisation des mineurs
  3. Comme dans les mythes

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