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Lecture Analytique - La Peste, la soirée à l'Opéra

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Par   •  21 Janvier 2017  •  Commentaire de texte  •  1 923 Mots (8 Pages)  •  4 351 Vues

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Lecture Analytique n°6

La Peste, la soirée à l'Opéra

Introduction :

Dans la quatrième partie de La Peste, le narrateur s'attache à décrire l'apogée de l'épidémie & la fatigue des personnages principaux après des mois de lutte contre la maladie. Il évoque particulièrement une scène qu'il a lue dans les carnets de Tarrou. Celui-ci relate une soirée qu'il a passé à l'opéra avec Cottard : depuis des mois, l’œuvre de Gluck, Orphée & Eurydice, résonne dans la salle municipale, mais ce soir-la, la représentation va s'interrompre de manière inattendue. Les 3 paragraphes de l'extrait traduisent une dramatisation qui éclate avec la mort du chanteur sur scène, & offrent différents niveaux de lecture. Après avoir montré que cette soirée à l'opéra constitue un moment d'oubli pour les Oranais, nous verrons comment la peste fait irruption sur scène en envahissant l’espace théâtral, puis que le récit de cette mort constitue une mise en abyme, à laquelle le lecteur peut donner plusieurs sens symboliques.

  1. Une soirée à l'opéra

                A. L'Opéra, un loisir privilégié

  • Énonciations : « faisant toujours de grosses recettes, aux places les plus chères » succès incontesté de la pièce. Dépenser de l'argent pour assister à un spectacle permet à la population de trouver un lieu d'oubli de la maladie.
  • CL des vêtements + du comportement : « un parterre gonflé à craquer par les plus élégants de nos concitoyens, avec précision, avec grâce, une conversation de bon ton, luxe, éventails, dentelle » Plus de comportement policé, tant  dans les tenues vestimentaires que dans le comportement. 
  • Phrase : « les hommes reprenaient l'assurance qui leur manquait quelques heures auparavant, parmi les rues noires de la peste » dimension protectrice du lieu.
  • Formule frappée : « l'habit chassait la peste » → volonté d'échapper à ce qui règne ailleurs.

                B. Le regard ironique de Tarrou sur les Oranais et sur leur comportement théâtral

  • Dimension visuelle : « ceux qui arrivaient s'appliquaient visiblement à ne pas manquer leur entrée, sous la lumière éblouissante de l'avant rideau […], les silhouettes se détachaient avec précision » → le spectacle semble être autant dans la salle que sur scène.
  • Gestuelle, soulignée par la succession de verbes : « passaient d'un rang à l'autre, s'inclinaient avec grâce, pendant que les musiciens accordaient discrètement leurs instruments » → forme de répétitions avant le spectacle, les Oranais deviennent des pantins.
  • Regard distancié de Tarrou : « certains gestes saccadés […] apparurent aux plus avisés comme un effet de stylisation qui ajoutait encore à l'interprétation du chanteur », « c'est à peine si on remarqua qu'Orphée introduisait […] des tremblements qui n'y figuraient pas » → évoque les réactions du public face à un spectacle qui devrait être perçu comme inhabituel.

                C. Un passage autonome                

  • Autonomie particulière du passage dans le roman : - 1er paragraphe → introduction (éléments spatio-temporels) .                             - 2ème paragraphe → premiers signes (légers) de la maladie + anormale interprétation du chanteur.

                                                                          - 3ème paragraphe → élément perturbateur , récit du 3ème acte.

  • Emploi du passé simple : « il fallut, une certaine surprise, comme si, il choisi ce moment » → la mort de l'interprète intervient subitement.
  • Emploi du passé simple : « l'orchestre se tut, lentement, en silence, les hommes guidant leurs compagnes par le coude & leur évitant le heurt des strapontins » entraîne un silence + une maîtrise.
  • CL du mouvement : « le mouvement se précipita, le chuchotement devint exclamation, pour finir par s'y bousculer en criant » mouvement de panique, la dramatisation va crescendo.
  •  On voit donc : - une soirée banale à l'Opéra → emploi de l'imparfait dans le 1er paragraphe.

                                    - prend des accents précipité → introduction du passé simple (2ème paragraphe).

                                    - description de la prestation du chanteur / mouvement de la foule (3èmeparagraphe).

  1. La mort sur scène

                A. Le jeu d'acteur représentatifs des différents symptômes de la peste

  • Interprétation lyrique : «  Orphée se plaignit, des tremblements, un léger excès de pathétique, gestes saccadés » premiers signes du déchaînement de la maladie, le public est loin de se douter qu'il assiste à l'agonie du chanteur et non à la déclamation d'Orphée.
  • Description de l'agonie : « avancer vers la rampe de façon grotesque, bras  & jambes écartés, pour s'écrouler, de terrible façon » Assaut final de la peste, le corps de l'acteur a cédé sous la violence de la maladie, en une progression suivant celle de l'interprétation, avant de briser toutefois l'illusion théâtrale.

                B. La mort du chanteur, une irruption de la Peste sur scène

  • « quatrième mur, comme si le chanteur n'avait attendu que ce mouvement du public, comme si la rumeur venue du parterre l'avait confirmé dans ce qu'il ressentait » forme de rupture, ou l'influence des acteurs vers le public (émotion), paraît inversée.
  • Lexique des costumes + décors : « avancer vers la rampe d'une façon grotesque, bras et jambes écartés sans son costume de l'antique, les bergeries du décor » le chanteur semble sortir de l'espace scénique au sens propre comme au figuré.
  • Convention théâtrale : « les gens du parterre se levèrent & commencèrent lentement à évacuer la salle » le public quitte la salle, l'acceptation théâtrale est brisée + la salle de théâtre se révèle être touché par la peste.

                C. Le retour à la réalité de l'épidémie

La mort du chanteur sur scène entraîne 2 temps dans la réaction du public : la maîtrise puis la panique :

  • Préoccupations quotidiennes / banalité ambiante : « commencèrent lentement à évacuer la salle, en silence, les hommes guidant leurs compagnes par le coude & leur évitant le heurt des strapontins »  Réaction maîtrisée du public.
  • Comparaisons : « comme on sort d'une église, le service fini, ou d'une chambre mortuaire après une visite » → pointe l'habitude qu'on les Oranais de côtoyer la mort.
  • Mouvement / bruit + état de la salle : «  se précipita, la foule afflua, s'y pressa, s'y bouscula, le chuchotement devient exclamation, en criant », « éventails oubliés, dentelles traînant sur le rouge des fauteuils » la panique, la salle est transformée en sorte de champ de bataille abandonné.
  • La surprise (= cohue précipitée) est constituée par le fait que la Peste les débusque jusque dans cet endroit dans lequel ils se croyaient protégés.

 

  1. Une mise en abyme symbolique

                A. L'Opéra représenté évoque l'histoire  d'Orphée et d'Eurydice

L'Opéra de Gluck reprend le thème de la séparation des amants, que vivent les Oranais depuis la fermeture des portes de la ville.

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