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Le théâtre n'est fait que pour être vu

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Par   •  15 Juin 2018  •  Dissertation  •  1 790 Mots (8 Pages)  •  1 818 Vues

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« Le théâtre n’est fait que pour être vu », au XVII ème siècle alors que le classicisme impose aux dramaturges des règles de production, telle que celle des trois unités ou encore de la bienséance, Molière définit ce genre comme ayant pour unique vocation celle de la représentation. Pourtant, depuis l’Antiquité, l’écriture de ces pièces de théâtre est au cœur de la production artistique malgré certaines dérives comme l’improvisation ou encore les canevas de la Comedia Dell’Arte. Ainsi, la représentation a parfois prit le dessus sur le texte théâtral en s’en émancipant librement. Pourtant, il convient de se demander si a contrario, le texte théâtral peut être envisagé indépendamment de sa représentation. Ainsi, nous étudierons dans un premier temps en quoi le texte représente de manière absolue l’essence même du théâtre puis nous analyserons dans quelle mesure la représentation lui est tout de même juxtaposée. Finalement, nous chercherons à comprendre par quels moyens le texte théâtral et la représentation demeurent en constant dialogue et se nourrissent parallèlement.

Tout d’abord, le texte théâtral peut être envisagé indépendamment de sa représentation lorsqu’il est considéré de manière à part entière comme le support de l’œuvre puisque, d’une part, le texte se suffit à lui-même, d’autre part, il est aussi parfois uniquement destiné à être lu et non pas mit en scène ce qui prouve son indépendance vis-à-vis de la représentation. Finalement, le texte théâtral  permet aussi de placer le lecteur au centre de la création artistique en l’inscrivant dans un processus d’imagination contraire à celui d’une représentation.

Pour commencer, le texte théâtral se suffit à lui-même puisqu’il permet une entière compréhension de l’intrigue mais aussi des personnages et de leur manière d’être grâce aux nombreuses didascalies. En effet, lorsque le théâtre est écrit et non lu, le rapport de passivité entre le manuscrit et le lecteur permet à ce dernier de distinguer avec précision l’intrigue car il peut revenir sur certains événements, étudier de manière approfondie l’action. C’est pour cela que le théâtre de l’absurde a notamment accordé une importance grandissante au théâtre lu puisque la compréhension pouvait être entravée par de longs monologues comme celui de Lucky dans En Attendant Godot de Samuel Becket dans lequel le personnage tient au premier abord un discours incohérent et décousu mais dans lequel il fait référence à de nombreux éléments plus facilement identifiables lors de la lecture.  

De plus, certaines pièces peuvent être tout à fait envisagées sans représentation puisqu’elles ne sont pas conçues pour être adaptées à la scène ou qu’elles sont impossibles à mettre en scène. C’est le cas de la fresque théâtrale Cromwell de Victor Hugo dont la démesure entraîne une impossible représentation. Elle est composée de 74 scènes, d’une soixantaine de personnages qui ne peuvent donc pas être joués de manière simultanée. Un second romantiques, Alfred de Musset est lui-aussi l’auteur de pièces dont la vocation n’est pas d’être mises en scène telle que Un Spectacle dans un fauteuil, ces drames ont pour unique but d’être lu puisque l’écrivain les a écrit dans l’optique de se protéger des échecs auxquels peuvent être soumis le dramaturge lors de représentations mais aussi pour préserver sa liberté sans avoir à se confronter à des critiques et des jugements directs.

Par ailleurs, le texte théâtral permet aussi d’offrir au lecteur une place au sein du processus de création artistique puisque son imagination est sollicitée de manière à ce qu’il crée une représentation personnelle de ce qu’il vient de lire. Il peut, en effet, imaginer à sa manière les personnages, les visualiser : le lecteur prend alors le rôle du metteur en scène. C’est dans son imagination que prend vie l’intrigue notamment à l’âge classique où la très forte règlementation empêchait la représentation de la mort par exemple qui se devait donc de trouver écho dans l’imagination du lecteur. Par exemple, dans la pièce Electre de Jean Giraudoux, réécriture du mythe de Sophocle qui conserve la tradition de la bienséance, le meurtre du couple de Clytemnestre et Egisthe est raconté de manière omnisciente et réaliste si bien que le tableau de la scène se peint dans l’esprit de celui qui lit.

Ainsi, le texte théâtral peut être envisagé de manière indépendante cependant la représentation est toutefois complémentaire car elle offre  une représentation corporelle. Les pièces de théâtre sont aussi construites autour de cette volonté de mise en scène pour un grand nombre avec la double situation d’énonciation et finalement par le biais de la notion de spectacle qui habite celle du théâtre.

Pour commencer, la représentation théâtrale permet l’émergence du dramatique de la pièce puisqu’elle fait visualiser au spectateur les relations qui unissent les personnages. En effet, le jeu du corps, sa manière d’évoluer sur scène, de l’habiter, les gestes de l’acteur renvoie au spectateur divers sentiments qui naissent de cette visualisation. C’est pour cela que différents genres sont nés, d’une part la comédie dans laquelle le spectateur rit face à une multitude de coïncidences, de péripéties telles que les aventures des valets dans les pièces de Molière au XVII ème siècle. D’autre part, la tragédie a quant à elle vocation de faire naître les pleurs chez celui qui la regarde. Ces deux sentiments sont tout à fait opposés pourtant ils proviennent tous deux de la représentation.  Ce rôle a justement été identifié depuis les débuts de la dramaturgie puisque durant l’Antiquité, le théâtre avait pour fonction de donner à voir les passions de personnages afin de purger celles du public dans le but qu’il ne les reproduisent pas : c’est la catharsis.  Par exemple, dans la pièce Œdipe Roi de Sophocle, l’inceste ou encore le parricide sont donné à voir pour provoquer la stupéfaction de l’auditoire qui ne les reproduira donc pas.  

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