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Le sens des fêtes agricoles dans l'ancien testament

Dissertation : Le sens des fêtes agricoles dans l'ancien testament. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Mai 2019  •  Dissertation  •  2 308 Mots (10 Pages)  •  413 Vues

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La fête de Soukot occupe une place à part dans l'ensemble des manifestations de l'année juive. En effet, elle fait à la fois partie des trois fêtes de pèlerinage, dont elle constitue la dernière étape, mais elle prend aussi place dans les rendez-vous du 7e mois, le mois de Tishri.

Cette double détermination demande à être expliquée.

Le Maharal de Prague propose une typologie féconde qui offre une vision et une compréhension eschatologique des fêtes de pèlerinage.

Pessah serait l'élément fondateur, le moment de la naissance du peuple juif et en même temps celui de la mise en place d'une relation entre le créateur et son peuple. Ce dernier est investi d'un rôle, il accepte d'être chargé d'une mission. C'est à l'occasion de la fête de Chavouot et du don de la Torah que le contenu de la mission lui sera signifié. La fête des semaines symbolisant dès lors le temps historique de l'accomplissement de cette mission.

Dans cette perspective, la fête de Soukot serait le moment de la fin de la mission, le moment où le mandataire vient rendre compte à son mandant, l'assurer du bon accomplissement de son mandat. Mais une question demeure. Hormis cette métaphore, les fêtes correspondent aussi à des événements historiques de notre passé : Pessah le moment de la sortie d'Égypte, Chavouot le don de la Torah, Soukot le rappel de la protection des nuées dans le désert.

Mais dès lors on peut se demander pourquoi nous ne célébrons pas cette fête en même temps que Pessah, puisque c'est dès la sortie d'Égypte que notre voyage dans le désert a été l'occasion de cette protection.

Le Gaon de Vilna répond à cette question. Au moment du veau d'or, les nuées de protection ont disparu. Ce n'est qu'après le pardon de cette trahison, définitivement acquis le jour du Kippour, lorsque Moshé est redescendu avec les secondes tables de la loi, que ce pardon s'est doublé d'un renouvellement de l'alliance. Non seulement le Créateur nous a pardonné mais il est aussi prêt à reprendre le projet initial, avec cependant quelques modifications.

La présence divine au sein du peuple sera désormais encadrée selon de nouvelles règles. Il s'agira de construire une résidence, qui incarnera et centralisera, les manifestations de la présence divine sur terre.

Or dès le lendemain du Kippour ont commencé les offrandes de matériaux destinés à la construction de cette résidence. En trois jours les quantités nécessaires furent récoltées et la construction put commencer. Nous sommes à ce moment-là le 15e jour du 7e mois et les nuées sont alors réapparues, comme un signe clair non seulement du pardon mais aussi du renouvellement de l'alliance.

Pour poursuivre cette réflexion autour du concept de la Souka, un éclairage complémentaire. À l'époque de la reconstruction du deuxième temple sous l'impulsion de la direction d'Ezra, on trouve une description étrange dans le livre de Néhémia.

"Ils ont fait la fête de Soukot comme on ne l'avait jamais encore célébrée. ..."

La Guémara de Erehin, (32 b), s'étonne : est-il possible que David n'ait pas accompli la Mitzva de la fête Soukot ?

La réponse de la Guémara est que ces versets sont à prendre dans un sens plus métaphorique.

En fait, Ezra a intercédé pour que le Yétser Hara, (la tentation), de l'idolâtrie soit éliminée, (on peut rappeler ici que les rois et le peuple juif ont pratiqué une idolâtrie débridée pendant toute la durée du premier temple).

Cette prière d'Ezra a été exaucée, et cet événement extraordinaire, a été possible grâce au mérite d'Ezra qui a joué le rôle d'une protection à l'instar d'une Souka. Cette réponse de la Guémara explique donc que c'est cela que décrivait le livre de Néhémia lorsqu'il affirmait que l'on avait célébré la fête de Soukot à cette époque comme on ne l'avait jamais fait encore. Car cette nouvelle « réalité », ce nouvel environnement, (à savoir l'élimination totale d'un Yétser), n'avait effectivement jamais existé.

On retrouve ici la dimension eschatologique évoquée par le Maharal, dans sa façon de décrire les trois fêtes. En effet, pour lui Soukot renvoie à une fin, à un temps où la mission est terminée et où on vient en rendre compte.

Or cette élimination d'un Yétser Hara, d'une tentation, est de l'ordre de la fin des temps, lors de la révélation ultime de la toute-puissance du Créateur, un temps où sa présence, sa toute-puissance ne permettront plus aucune révolte ni aucune transgression. C'est une annonce qui parcourt les paroles prophétiques.

Donc la Souka est le concept parfait, (et la démarche Maharal en trouve ici une confirmation), pour évoquer ce moment exceptionnel d'un événement qui anticipe sur le plan de l'idolâtrie ce qui sera la norme pour l'ensemble de toutes les tentations à la fin des temps.

Car le troisième temps, celui où le mandataire viendra rendre compte de sa mission n'est plus celui de l'action, celui où il doit déployer ses efforts, ses moyens, pour résister aux épreuves, aux difficultés, aux tentations qui pourraient se dresser devant lui et l'empêcher d'accomplir sa tâche.

Le temps de la mission et le temps du rapport sur son exécution sont dans ce sens antinomiques et exclusifs l'un de l'autre.

Dans le cadre de cet article nous ne traiterons pas de la raison pour laquelle Ezra a fait cette demande, qui signifie sur le plan de l'idolâtrie que la mission est en quelque sorte terminée, alors que la fin des temps n'était, loin s'en faut, pas d'actualité.

Un autre passage de la Guémara, confirme cette démarche et permet d'approfondir et de mieux comprendre le contenu et la charge de la Souka.

Il s'agit du traité de Avoda Zara 2b et 3a. Dans un long développement, la Guémara met en scène toutes les nations du monde devant le Créateur à la fin des temps.

Les arguments et les débats sont trop nombreux pour être abordés ici, mais à un moment les nations qui reconnaissent n'avoir pas droit à une récompense quelconque faute de s'être acquittées d'une mission le long de l'histoire humaine, argumentent et demandent : pourquoi le Créateur ne les a pas contraints à recevoir la Torah, comme il l'a fait pour le peuple juif. (Cet argument fait référence à un autre texte qui relate une sorte de chantage exercé par Hachem sur le peuple juif au moment du nom de la Torah).

La réponse du Créateur est imparable, il a contraint le peuple juif car il avait déjà montré sa bonne disposition en accomplissant les 7 lois noachides qui concernaient toute l'humanité jusque-là.

Un peu plus tard dans la discussion les nations intercèdent pour recevoir à leur tour une mission, un commandement qui pourrait leur procurer un mérite.

Dans un premier temps le Créateur leur rétorque que ce n'est plus possible en usant d'une métaphore : celui qui a travaillé pendant la semaine pourra jouir de ses efforts le Shabbat mais pas celui qui n'a rien fait. Ce qui signifie, que la fin des temps est comme le Shabbat, ce n'est plus le temps de l'action, il est donc trop tard, car l'action, le mérite personnel que l'on peut en tirer est liée aux efforts, aux difficultés et surtout au fait d'avoir eu le choix, le libre arbitre. Ce n'est plus le cas au temps de la révélation ultime de la toute-puissance divine.

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