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Le lecteur face à l'oeuvre littéraire

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Par   •  13 Octobre 2020  •  Dissertation  •  1 901 Mots (8 Pages)  •  2 343 Vues

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Ivan Okhota-Meunier, LS2

Dissertation no.2

Selon Michel Tournier, « tout lecteur est co-auteur du livre qu’il lit. ». Qu’en pensez-vous ?

Il est un fait remarquable qu’il peut ici paraitre intéressant d’étudier : Charles Baudelaire dédie en 1869 Le Spleen de Paris à Arsène Houssaye, un homme influent dans le milieu de la presse. Ce dernier avait le pouvoir de faire décoller ou au contraire de détruire la carrière d’un auteur. Ainsi, on remarque d’emblée que la place primordiale accordée au lecteur dans la rédaction d’une œuvre littéraire. Dans cette optique, le lecteur apparait comme un individu qui a la capacité de conditionner l’écriture d’un auteur. En ce sens, on pourrait qualifier le lecteur de co-auteur du livre qu’il lit, selon les propos de Michel Tournier. Cependant se cantonner à une telle définition ne serait pas satisfaisant. Le lecteur peut aussi être défini comme l’individu doté d’un esprit critique lui permettant de juger de la qualité d’une œuvre et de comparer plusieurs œuvres entre elles. C’est celui dont l’imagination lui permet de se figurer en son esprit le texte qu’il lit. Le lecteur se réapproprie en ce sens l’œuvre littéraire à laquelle il a affaire. L’auteur serait l’individu dont la singularité de l’esprit lui permettrait de prendre la position de créateur d’œuvres. C’est celui qui créé des formes littéraires originales. Il est important pour traiter ce sujet de garder en tête le fait qu’un livre est un texte littéraire incomplet. C’est un texte à trou. Le livre invite le lecteur à finir de l’écrire, dans son esprit. On pourrait alors se demander dans quelle mesure le lecteur possède un rôle d’importance au moins équivalente à celle de l’auteur dans l’élaboration de l’œuvre littéraire.

Nous verrons dans un premier temps que le lecteur exerce une certaine influence sur l’auteur et le contraint à traiter certains sujets plutôt que d’autres. Nous verrons également que le lecteur peut se réapproprier l’œuvre de l’auteur en en faisant une lecture critique. Néanmoins, l’auteur reste celui qui fixe le cadre dans lequel l’esprit critique et l’imagination du lecteur peut se manifester. L’auteur peut en effet avoir recours à certains procédés littéraires pour donner au lecteur l’illusion qu’il est libre de penser ce qu’il veut lors de la lecture. Dans un dernier temps nous verrons que la littérature commerciale actuelle, dont le but est de séduire un lectorat toujours plus large constitue un appauvrissement de la littérature qu’il faut éviter. Nous tenterons également de repenser le lien auteur-lecteur de manière plus apaisée. Le lecteur ne doit pas être exclusivement conçu comme une force s’opposant à l’auteur, et inversement. Il peut s’établir une entente entre ces deux forces.

I/ le lecteur joue un rôle essentiel dans la construction de l’œuvre

  1. L’œuvre construite pour et par le lecteur : Sartre « il n’y a d’art que pour et par autrui »

Sartre « il n’y a d’art que pour et par autrui »

Il n’y a pas d’œuvre sans lecteur car le livre ne vit qu’à travers les yeux du lecteur. L’œuvre littéraire est le lieu où se rencontrent le talent de l’auteur et l’imagination du lecteur. L’œuvre n’est pas le texte de l’auteur seul, c’est avant tout un rapport d’interaction entre le lecteur et le texte. La nature même de l’œuvre est de provoquer en le lecteur des émotions l’auteur construit un texte régit par un système de signes qui appelle à l’interprétation. C’est un texte volontairement incomplet, invitant à l’imagination. Le terme œuvre désigne ainsi un processus évolutif et qui varie selon le lecteur qui la lit. C’est d’autant plus vrai dans le nouveau roman, dont les auteurs ont conscience de l’importance du concours actif du lecteur dans la construction de l’œuvre. Robbe-Grillet écrit, à ce propos, cette phrase superbe :

« L’auteur aujourd’hui proclame l’absolu besoin qu’il a du concours du lecteur... un concours actif, conscient, créateur. Ce qu’il lui demande, ce n’est plus de recevoir tout fait un monde achevé, plein, clos sur lui-même, c’est au contraire de participer à une création, d’inventer à son tour l’oeuvre — et le monde— et d’apprendre ainsi à inventer sa propre vie ».

 Ex : le ravissement de lol. V stein : texte volontairement déroutant, mystérieux : suscite l’intérêt du lecteur ; le pousse à la réflexion : le lecteur doit deviner l’identité du narrateur pendant la première moitié du livre ; le livre est donc construit à moitié par l’auteur et à moitié par le lecteur grâce au travail de compréhension qu’il effectue

Transition : l’auteur écrit un texte doté d’une structure, que le lecteur se réapproprie lors de la lecture : propos de Jauss

  1. Le lecteur comme juge de l’œuvre

Jauss : « l’œuvre englobe à la fois le texte comme structure donnée et sa réception ou perception par le lecteur »

Le lecteur interprète les œuvres en fonction des choses qu’il a déjà lues ; ce n’est pas un esprit vierge ; il compare les œuvres entre elles ; procède à une réécriture de l’histoire en fonction de ses expériences littéraires antérieures. Il est donc doté d’un esprit critique. Il peut aussi effectuer une lecture critique de ces œuvres dans un cadre académique : ex : s’appuyer sur les données biographiques d’un auteur pour améliorer l’appréhension et la compréhension de ces œuvres : ex : prendre de la distance par rapport au propos de Rousseau dans la préface de ses Confessions

🡪lecture comparative, intertextuelle, critique = forme de réécriture/réappropriation de l’œuvre par le lecteur

  1. La pression économique effectuée par le lecteur

le lecteur fait vivre l’auteur économiquement en lisant ses œuvres. L’auteur peut donc se retrouver forcé d’écrire sur des sujets qui plaisent au plus grand nombre. Ex : Dostoïevski vivait mal de ses livres ; il travaillait parallèlement en tant que chroniqueur pour un journal. L’adolescent fut l’objet d’un contrôle de qualité par les superviseurs du journal dans lequel il fut publié. Auteur n’écrit pas de la manière qui lui plait ; mais d’une manière qui lui est imposé par ses supérieurs. Ces supérieurs lui imposent une manière d’écrire qu’ils pensent être celle qui plaira le plus au grand public. L’auteur est donc influencé par les lecteurs dans son choix du sujet et dans sa manière d’écrire. Ex : Les mystères de paris furent initialement écrits pour un lecteur cultivé ; mais furent adaptés pour être lus par tout le peuple lorsque l’auteur vit que le message de l’œuvre ne passa pas auprès du premier groupe ciblé

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