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La ville d'Emile Verhaeren, 1983

Fiche de lecture : La ville d'Emile Verhaeren, 1983. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Février 2021  •  Fiche de lecture  •  1 143 Mots (5 Pages)  •  938 Vues

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Lecture linéaire 1

Les Campagnes hallucinées, 1893, « La Ville » (vers 1 à 24)

Émile Verhaeren (1855-1916)

Introduction :

Considéré comme le « premier poète de la vie moderne », Émile Verhaeren prouve dans ses

œuvres que le monde moderne , peut devenir matière poétique. Le recueil Les Campagnes hallucinées

(1893) propose une évocation de la mort des campagnes au moment de l’urbanisation et de

l’industrialisation. Placé en tête du recueil , le poème « La Ville » annonce l’appel tout puissant des

Villes tentaculaires .Si le début du XIX avait rouvert au lyrisme « la grande nature fermée »

(jugement de Théophile Gautier sur Chateaubriand), il est significatif qu’aux approches de 1900 la

poésie se voue plutôt au décor urbain, déjà imposé par le roman (les Goncourt, Zola) et par la peinture

impressionniste (Manet). Baudelaire, théoricien de la modernité avait déjà cherché la poésie dans

« les plis sinueux des vieilles capitales » (Les petites vieilles, Les Fleurs du mal)). Mais Verhaeren

est surtout hanté par le travail des hommes, et créé un fantastique moderne à partir de notations très

réalistes. Les nombreux effets de sa versification libérée sont avant tout au service d’un ample

mouvement qui ne peut se soumettre à la rigidité des strophes traditionnelles.

Comment s’exprime alors la modernité dans le poème « La Ville » ?

1) Vers 1 à 5 : la ville dévoilée : un espace fantastique dominé par des forces verticales

A) Vers 1 : la dynamique de la description, l’entrée dans la ville et dans le poème

-Octosyllabe (4/4), vers qui donne à entendre le mouvement grâce à l’allitération en [v] (« vont »,

vers », « ville »), et qui donne à voir le cadre de l’évocation.

-Octosyllabe dont l’énonciation exclut la présence humaine. Pas de « je », le sujet de la phrase est

« Tous les chemins » : impression de multitude renforcée par les déterminants pluriel « Tous les », qui

déterminent « chemins » dont l’aboutissement est « la ville ». Esquisse de l’idée de « ville

tentaculaire », (vers 14) dont le poète file déjà la métaphore dans ce vers mis en valeur par la

disposition de la strophe.

B) Vers 2 à 4 : un espace fantastique et vertical : nouvel espace poétique

-une naissance fantastique : la naissance de la ville est mise en scène par l’effet de retard du verbe

rejeté à la fin de la strophe vers 5 « ...elle s’exhume ». Cette naissance est fantastique : le poète

s’emploie à installer une atmosphère de mystère comme le suggère le nom « des brumes », et la

comparaison « comme d’un rêve ». Cette atmosphère mystérieuse est renforcée par l’emploi original

(néologisme) du verbe « s’exhume » à la voix pronominale. Comme dans les Métamorphoses, (œuvre

du poète latin Ovide) la ville semble sortir elle-même de la terre (exhumer=sortir de la terre)

-une naissance dynamique : les vers 3 et 4 sont amorcés par des prépositions « Avec », « Jusque »,

« vers », qui dessinent un mouvement vertical, comme le suggère le champ lexical « étages », « ciel »,

« plus hauts étages » . La répétition du terme « étages » illustre le mouvement vertical du quatrain,

qui est dessiné d’ailleurs grâce à l’hétérométrie.

2) Vers 6 à 16 : la ville : un espace monstrueux et inquiétant

A) Un espace infini, sans repères ni bornes :

-Vers 6 : « Là-bas » : idée de lointain et d’infini, reprise à la fin de la strophe par « Au bout des

plaines et des domaines ». Ces deux marqueurs spatiaux offrent un espace sans limites (dimension

horizontale), une représentation angoissante de

...

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