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La rêverie au pavillon des Coulommiers / la Princesse de Clèves

Fiche : La rêverie au pavillon des Coulommiers / la Princesse de Clèves. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Février 2022  •  Fiche  •  3 293 Mots (14 Pages)  •  655 Vues

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OSMANI Nilhab   Commentaire littéraire – La rêverie au pavillon de Coulommiers     1reG-04

        Sujet : Vous ferez le commentaire de cet extrait de la Princesse de Clèves en vous aidant des fiches méthodologiques du cours et des pistes proposées dans le descriptif du sujet

        Au XVIIème siècle, les passions sont au centre de la réflexion morale. La littérature se fait l’écho des débats philosophiques et religieux en peignant les excès auxquels ces passions conduisent les êtres. La Princesse de Clèves publié, anonymement en 1678 sous quatre tomes, par Mme de La Fayette, dame de salon, figure de la noblesse, proche de Mme de Sévigné ou de La Rochefoucault ainsi que du mouvement littéraire du classicisme et de la préciosité auxquels elle tire appui, est considéré à ce jour comme le premier roman psychologique moderne français. De l’esprit janséniste de l’autrice, où la majorité des individus est considérée comme impure comparée à une petite minorité vertueuse et où le salut de Dieu ne peut s’obtenir qu’en s’abstenant d’une vie pécheresse et superficielle, le scénario présente l’histoire d’amour impossible d’une jeune fille pure, élevée à l’écart de la cour d’Henri II, ballottant entre intégrité et légèreté, passion et vertu, galanterie et morale : c’est l’individu face à la société dans toute sa définition.

L’extrait proposé s’inscrit dans la quatrième partie de l’œuvre. Afin d’éviter l’adultère, Mme de Clèves se retire au pavillon de Coulommiers cherchant l’impossible tranquillité. Sans le savoir, le duc de Nemours, son amant bien-aimé, l’espionne dans son intimité en pleine nuit mais est lui même, surveillé par l’espion envoyé par M de Clèves. La scène présente, décrit les échanges sentimentaux amoureux qui, si irrésistibles soient-ils, le sont encore plus sensuels. A cela, nous nous demanderons dans quelles mesures, la scène au pavillon de Coulommiers permet-elle de faire transparaître l’intensité de la passion amoureuse entre les deux protagonistes ? Nous étudierons l’extrait en présentant le pavillon comme un lieu à la fois clos et ouvert pour un amant aventureux, puis nous analyserons le tableau passionné de la princesse et la princesse passionnée par un tableau avant de mettre en évidence le spectacle ainsi que le plaisir d’exception que procurent la scène d’amour.

        Tout d’abord, dans ce début de passage, le pavillon de Coulommiers est représenté comme un lieu clos et ouvert pour un amant aventureux. En effet, il semblerait que le pavillon apparaisse comme une sorte d’île solitaire. Dans sa retraite campagnarde, l’héroïne peut être elle même, loin de la cour et de ses mirages, loin du mensonge du monde. Les « palissades » sont alors décrites par l’autrice comme une barrière protectrice « fort haut[e] »l.1 qui met en scène, le solide et résistant combat mené entre la vertu,déterminé par l’adjectif qualificatif de la vigueur, et la passion mise en évidence par l’adjectif de dimension supérieure. Ainsi, le jardin est digne d’une vraie forteresse qui empile « encore »l.2 les briques une à une, bâtissant alors, un obstacle irréversible « pour empêcher qu’on ne p[uisse] entrer »l.2. Les palissades deviennent alors le symbole de la protection contre le monde et de la pudeur de la princesse qui lui offrent enfin la liberté pour laquelle elle se lie vertueusement à celui-ci : répondre à son devoir pour éviter l’adultère, devenant ainsi femme d’honneur. Le « cabinet »l.8 renforce cette idée de retraite comme un lieu de repos et de travail. Les « fenêtres »l.8 ainsi que la « porte »l.12 renvoient à l’image d’un pavillon clos, de même. Néanmoins, il est important de noter qu’à travers cette image fermée, apparaît discrètement le sentiment de l’auto persuasion ressenti par la princesse par l’usage de l’antithèse. En effet, si le retrait de celle-ci est forcé par son éducation qui l’oblige physiquement et moralement à se retirer, c’est uniquement le savoir paraître qui se montre ici car extérieurement, elle se doit de se soumettre aux ordres, se renfermant à la campagne, mais le cœur la trahit intérieurement puisque les « fenêtres ouvertes »l.8 ouvrent ouvertement son cœur au duc de Nemours, et la « porte »l.12, dans ce sens contraire permet de symboliser la voie qui s’ouvre à la passion. De cette contradiction, se tire les choix d’écriture de Madame de La Fayette qui permettent ainsi de renforcer l’instabilité psychologique des sentiments accentuant le portrait d’une princesse tourmentée puisque l’antithèse fait naître le sentiment de l’auto-conviction  indirecte. Assurément, « le jardin »l.5 qui s’oppose au « cabinet »l.8 est le symbole du paradis et du bonheur divin dans la littérature biblique. C’est pour finalement dire, l’endroit merveilleux que reflète finalement le désir qui ne représente pas moins que les profondeurs de l’âme de la princesse encore souffrante de l’amour qu’elle porte difficilement pour son amant. De cette manière, le symbole de la séparation nous fait comprendre de l’amour impossible entre les deux protagonistes.

        Mais la Princesse de Clèves n’est pas seulement un roman psychologique. C’est aussi un roman d’aventure. Approcher Mme de Clèves est un vrai exploit intensif « les palissades étaient fort hautes »l.1 qui souligne d’emblée l’épreuve infranchissable du jardin. Le registre épique de La Fayette met en évidence l’héroïsme chevaleresque du duc en décrivant une démarche transgressive de sa conquête laissant les traces de la subtilité précieuse. Suit alors, une accumulation de verbes d’actions « glissant »l.9, « approcha »l.10, « se rangea »l.11 qui le met ainsi en épreuve et l’intrusion est en est presque sur le point d’échouer puisqu «il était assez difficile de se faire passage »l.4. De même, la hauteur quasi infranchissable des palissades « fort hautes »l.1 met en valeur la vaillance et les qualités sportives de M.de Nemours. Pour autant, il est comparé tel à un chevalier endurant des épreuves qui bien que résistantes, l’adverbe « néanmoins »l.5 souligne la prouesse du duc qui « vînt à bout néanmoins »l.5, franchissant alors les obstacles qui se présentent à lui. Cette tonalité épique lui permet de s’inscrire dans la tradition de l’amour courtois dans laquelle, la confrontation des épreuves se rattache à une conception traditionnelle de la virilité de l’homme qui lui permet une nouvelle fois d’affirmer son entier dévouement à sa princesse, étant donné qu’il réussit enfin à « se faire passage »l.4. De plus, cette tendresse se confirme par l’adverbe « sitôt »l.5 qui restitue la hâte de l’amant qui grâce à son amour qu’il porte , semble bénéficier d’un guide lui permettant enfin de traverser la forêt, représentative de ses difficultés à surmonter, afin de parvenir à son trésor. En outre, Mme de Clèves est la princesse barricadée que son prince charmant vient délivrer des milles épreuves.

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