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La représentation de la mort au théâtre doit-elle nécessairement avoir une dimension pathétique?

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Par   •  3 Mai 2016  •  Dissertation  •  3 020 Mots (13 Pages)  •  4 261 Vues

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La représentation de la mort au théâtre doit-elle nécessairement avoir une dimension pathétique?

Le théâtre est un des seuls genres qui a traversé les siècles sans jamais rien perdre de sa valeur. Il s’est aussi approprié des genres multiples comme la baroque, le classicisme ou encore l’absurde afin de mieux dépeindre les mœurs de la société. Un des thèmes les plus récurrents est la mort.

La mort d’un ou de plusieurs héros est, en principe, le ressort et la finalité de la Tragédie. Si la mort est une « obligation » dans ce genre dramatique, le « pathétique » n’est pas forcement utilisé par les dramaturges. On a tendance à associer la mort au tragique (le terrible) et au pathétique (le spectateur ressent de la compassion, de la pitié pour le personnage qui meurt). C’est souvent par l’utilisation du pathétique que les dramaturges arrivent dans leurs pièces, à susciter l’émotion du spectateur. Plus le personnage exprime sa souffrance, plus le destinataire le comprendra et redoutera sa mort. On peut donc se demander si le théâtre doit nécessairement avoir une dimension pathétique dans la représentation de la mort ?

Afin de tenter de répondre à cette problématique, nous verrons en premier lieu que la représentation de la mort a souvent une dimension pathétique du fait de sa dimension tragique intrinsèque. Dans un deuxième temps, nous observerons que le pathétique n’est pas nécessaire à la représentation de la mort ; le comique peut être un moyen détourné de la mettre en scène dans le théâtre contemporain. Notre dernière partie montrera qu’en fait tout est une question de mise en scène, de choix des dramaturges.

I- La représentation de la mort au théâtre a souvent une dimension pathétique.

II- Pourtant cette dimension pathétique dans la représentation de la mort n'est pas toujours nécessaire.

III- En fait tout est affaire de mise en scène.

5* La mort est fondamentale dans la tragédie vu qu'elle lui donne tout son sens. En effet, une tragédie développe une action mettant en scène des héros ou des personnages de rang social élevé, en vue de d’émouvoir et d’instruire le spectateur.

La tragédie suscite, selon Aristote, «la pitié et la crainte», la crainte pour soi-même, la pitié pour autrui. La tragédie a aussi une fonction morale. 1*S'identifiant aux héros, le spectateur éprouve, en même temps qu'il les rejette, des passions humaines en lutte entre elles contre le destin implacable. Ces passions sont génératrices de souffrance : c'est ce qu'on appelle la catharsis (ou purgation des passions). La catharsis, indispensable à la tragédie antique, s’effectue parce que le héros, incarné par un acteur, devient un espace de projection pour le spectateur. Devient alors tragique ce qui est déterminé à l’avance, donc inévitable.

1* Les personnages tragiques prouvent leur héroïsme dans un combat contre la fatalité. Placés devant des choix difficiles (le dilemme tragique), ces héros ne peuvent éviter un dénouement malheureux. Ainsi, au XVIIe siècle, les registres privilégiés sont le tragique et le pathétique.

3* Mettre en scène la mort engendre un sentiment de compassion éprouvé par le spectateur vis-à-vis d'une victime, considérée comme innocente. Le registre pathétique suscite chez le spectateur des émotions violentes, voire douloureuses.

3* Qu’ils se soient suicidés, qu’ils soient assassinés ou qu’ils soient décédés de mort naturelle, beaucoup d’auteurs font disparaitre leurs personnages de façon pathétique. Cette dimension souvent présente, peut être une forme de délivrance, une façon de montrer la force du personnage.

1* Le suicide est souvent synonyme de désespoir, il n’existe plus d’autre moyen de s’échapper, d’être délivré.

Ainsi, Phèdre héros éponyme de la pièce de Racine se suicide lorsque son beau fils Hyppolite meurt par sa faute et celle de sa suivante.Durant toute la pièce, le destin guide les personnages et la mort est tout le temps présente, Phèdre veut dès le début faire « de la mort ses funestes apprêts ». Le public est d’ ailleurs conscient que les personnages sont obligés de suivre ce destin tragique. Le pathétique amène le lecteur à réagir. Le récit du dernier combat d’Hippolyte par Théramène dans Phèdre élève le personnage au rang d’héros ce qui rend sa mort d’autant plus horrible et amène le spectateur à se demander pourquoi est-il mort. Les morts successifs dans Médée de Corneille interpellent le spectateur ; d’autant plus que la fautive est la seule qui reste en vie à la fin. Cela semble injuste. Le pathétique permet alors au spectateur de s’identifier au personnage.

(ligne)Au XIXème siècle, les règles classiques de la bienséance et de la vraisemblance sont remises en question. Le mouvement romantique, auquel appartient Victor Hugo utilise largement, le ressort de la mort « pathétique » où le héros meurt sur scène. Le suicide peut être nécessaire afin de restaurer l’honneur perdu et ainsi montrer des valeurs qui peuvent émouvoir l’auditoire et faire apprécier davantage le personnage. Victor Hugo, dont les pièces appartiennent au mouvement romantique, innove: il n’hésite pas à mettre en scène la mort du héros, à en montrer les craintes, les hésitations, ainsi que les sentiments, la mort de Ruy Blas est, en ce sens pathétique: passions contrariées. La mort de Ruy Blas, suscite chez le spectateur: émotions, pitié et sympathie. Dans ce cas, on peut vraiment parler d’une dimension pathétique de la mort.

Victor Hugo montre aux spectateurs dans Ruy Blas, la lente agonie de son personnage sur scène. La scène est dramatisée : les répliques sont de plus en plus courtes, la ponctuation est plus forte (emploi des points d’exclamation). La mort de Ruy Blas est injuste aux yeux du spectateur. Ce drame romantique mélange les genres, passant du grotesque au sublime, du comique au tragique. On retrouve les champs lexicaux des sentiments, de l’amour et de la souffrance ; ce qui accentue le pathétique du dénouement. D’autant que les héros après avoir confronté leurs opinions, ils renoncent à lutter et s’abandonnent à leur destin.

1* Pour l’assassinat, le mort peut lui-même venir demander vengeance comme dans Hamlet de Shakespeare. Les regrets peuvent être matérialisés et symboliser le péché commis. La mort peut être sous entendue : le spectateur peut voir un objet en sang ; l’attitude d’un personnage, les gestes, les phrases dites peuvent sous entendre la mort sans

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